Avec la pompe à insuline, les diabétiques gagnent en autonomie et en confort
Vivre avec un diabète insulino-dépendant bouleverse le quotidien des patients qui doivent jongler entre leurs activités quotidiennes et la surveillance glycémique. Mais, bonne nouvelle, les traitements s’adaptent.
Quand on pense au diabète, on associe aussitôt les piqûres d'insuline, les seringues… En réalité, sur les 3 millions de diabétiques que compte la France, une minorité (700 000 patients) est traitée par insulinothérapie. Il s'agit d'abord des diabétiques de type 1 (6% des diabétiques). Ces patients souvent jeunes ne produisant pas du tout d'insuline - cette hormone vitale qui permet au sucre d'entrer dans les cellules - ils sont contraints de recourir à des injections quotidiennes. Quant aux diabétiques de type 2 (92% des diabétiques), dont le déficit en insuline est partiel, ils doivent avant tout modifier leur alimentation et leur mode de vie, puis dans un second temps prendre des antidiabétiques oraux. Seuls 20% des d'entre eux auront besoin d'une insulinothérapie.
Ces patients peuvent bénéficier des pompes à insuline qui, outre leurs avantages métaboliques reconnus, constituent une option thérapeutique de choix pour retrouver liberté des horaires et souplesse des rythmes. Même si la France accuse un certain retard –la première pompe ambulatoire date des années 80 et son remboursement de 2001 – ce traitement est de plus en plus proposé, en alternative aux seringues et stylos à insuline. Ainsi, selon la Fédération française des diabétiques (FFD), 255 patients étaient traités par pompe en 1984, 6500 en 2002, et désormais en 2015, ils sont 42 000.
Comment ça marche ? Plutôt que de se piquer la cuisse ou le ventre avec une seringue ou un stylo, le patient diabétique porte une pompe à insuline - fixée par exemple à la ceinture - et reliée à un cathéter (contenant l'insuline) généralement placé au niveau de l'abdomen. Ce dispositif médical permet d'injecter de l'insuline en continu en programmant un débit de base avec le médecin. Mais aussi de personnaliser les injections : le patient peut lui-même faire son injection d'insuline (bolus) en fonction de ses besoins. En quelque sorte, la pompe mime la physiologie du pancréas, donc la sécrétion naturelle d'insuline. Au moment des repas, lorsque la glycémie augmente, le patient peut actionner sa pompe pour qu'elle injecte de l'insuline afin de faciliter le passage du glucose, du sang vers les cellules. Et ainsi éviter l'apparition d'une hyperglycémie, de sorte que le patient est toujours à l'équilibre.
Des patients formés et autonomes. Marianne, jeune diabétique de 30 ans est équipée d'une pompe Accu-Chek Insight, associant une pompe à insuline et une télécommande. "J'apprécie de pouvoir programmer l'injection du bolus en avance, explique-t-elle. Moi qui suis étourdie, cela ma facilite la vie !" Et pour cela, inutile d'être doué en calcul mental. La pompe utilisée par Marianne intègre un algorithme qui propose un bolus à injecter en fonction de sa glycémie, de la composition de ses repas ou encore de son activité physique. Une technologie qui nécessite toutefois implication et autonomie. "Le patient a un rôle de pilote indispensable dans la gestion de son traitement, alors quand on décide de passer à la pompe, on s'engage à maîtriser l'auto-surveillance glycémique." La jeune femme a en effet suivi une formation afin d'être capable de traduire ce qu'elle mange en équivalent glucose. Une fois que le patient est éduqué, la pompe s'occupe du reste. "C'est très facile à utiliser et intuitif. J'entre le nombre de glucides que je vais consommer et ensuite la télécommande calcule la quantité d'insuline à injecter. Après, je reste libre d'accepter ou pas", précise-t-elle. Autre avantage pour cette maman de jeunes enfants, c'est que sa télécommande est connectée en bluetooth à la pompe à peine visible sous son t-shirt, ce qui lui évite de la sortir pour l'utiliser. "Quand je suis au travail, je peux programmer mes injections d'insuline avec la télécommande en toute discrétion, comme si j'envoyais un sms. D'ailleurs plaisante-t-elle, je la charge avec le chargeur de mon portable !"
Encore des réticences. "Certains patients n'acceptent pas leur maladie donc ils n'envisagent pas de porter une pompe, souligne le Dr Anne Vambergue, diabétologue au CHRU de Lille. Ils craignent le regard des autres et ne veulent pas que l'entourage professionnel notamment soit au courant. En plus, ils n'acceptent pas toujours la présence de cette pompe qui leur rappelle en permanence qu'ils ont une maladie chronique. Enfin, ils ont peur de ne pas savoir l'utiliser, même si les patients sont de plus en plus technophiles !"
Selon la diabétologue, la pompe à insuline est particulièrement adaptée pour les enfants, surtout les plus jeunes, du fait que la variation de leur glycémie peut être imprévisible. Et particulièrement indiquée pour certains diabétiques : ceux qui ont besoin de nombreuses injections (insulinothérapie intensive), ceux qui font des hypoglycémies à répétition, ou encore dont l'activité professionnelle impose des horaires variables et/ou de nuit.
Source : conférence de presse Simplicité et confort, est-ce possible avec un diabète ?, 5 avril 2016.