La maladie vue par le cinéma Psychose, le chef d'oeuvre du maître du suspense
Le film
C'est LE thriller du XXe siècle, souvent également considéré comme LE chef d'oeuvre d'Alfred Hitchcock. Même sans être fan de cinéma, vous ne pouvez pas avoir manqué la fameuse scène de la douche et du couteau, avec en bruit de fond cette musique "dents de scie" lancinante.
Peu après le dîner, Marion décide de prendre une douche. Alors qu'elle se délasse enfin sous le jet de l'eau chaude, la musique s'emballe, l'ombre d'un couteau surgit, qui vient s'abattre sur la jeune femme, plusieurs fois, avant qu'elle tombe inanimée dans la baignoire. On devine l'ombre de la vieille mère, qui s'enfuit vers la maison.
Quelques jours plus tard, inquiets, la sœur de Marion, Lila, et l'amant de la jeune femme, Sam, décident de partir à sa recherche. Ils finissent par faire la connaissance du détective envoyé par le patron pour la retrouver et allient leurs forces. Avec succès puisque le détective trouve la piste du motel. Mais il se fait lui aussi trucider par la vieille dame lorsqu'il tente de visiter la maison. Heureusement, il a eu le temps de prévenir ses acolytes, qui rappliquent et jouent au couple qui souhaite louer une chambre. Tout s'accélère. Lila part enquêter dans la maison pendant que Sam retient l'attention de Norman Bates. Qui finit par se douter de quelque chose et se précipite vers la maison pour rattraper Lila. Trop tard. Celle-ci a déjà découvert le sordide de l'histoire : la mère de Norman, morte depuis dix ans, git momifiée sur un fauteuil à la cave. Et c'est Norman, déguisé en femme, qui s'approche avec un couteau à la main. Heureusement Sam est là, qui se précipite pour le neutraliser.
On ne découvre donc la maladie de Norman que dans les toutes dernières minutes du film. Lors du procès, l'expert psychiatre explique qu'il souffre de schizophrénie. La voix de sa mère qu'il entend en permanence et avec qui il dialogue lui a fait perdre la tête.
Les autres films impliquant des maladies psychiatriques
Psychose est probablement le plus haletant et le plus spectaculaire, mais beaucoup d'autres films se sont intéressés, de près ou de loin, aux maladies psychiatriques. Tel fut le cas de "Vol au-dessus d'un nid de coucou", avec Jack Nicholson, qui se déroule au beau milieu d'un hôpital psychiatrique. En France, c'est Audrey Tautou qui s'y est collée dans "A la folie, pas du tout". Elle y joue une jeune femme qui croit vivre une histoire d'amour avec un beau cardiologue, marié et bientôt père de famille. On finit par découvrir qu'elle a tout inventé, y croyant pourtant elle-même réellement. Sa maladie : l'érotomanie.
La maladie
Rassurez-vous : tous les schizophrènes ne deviennent pas d'affreux tueurs sanguinaires, loin, très loin de là. Non, le cas de Norman Bates est vraiment particulier, même s'il est vrai que la schizophrénie peut se manifester de multiples façons.
Cette maladie mentale serait à 50% génétique et à 50 % liée à des facteurs environnementaux tels que le stress ou des substances toxiques comme le cannabis. Elle se déclenche le plus souvent autour de 18 ans chez les hommes et de 25 ans pour les femmes. En France, on estime qu'elle touche environ 200 000 personnes, sans compter toutes les personnes non diagnostiquées.
Le dédoublement de personnalité dont semble souffrir Norman Bates n'est pas typique de la maladie. En revanche, environ 80% des patients disent effectivement entendre des voix, méchantes le plus souvent. Elles peuvent les rabaisser, les disputer, leur intimer des ordres. C'est plus ou moins ce qui semble se produire chez Norman qui "dialogue" avec sa mère pourtant morte depuis 10 ans. Il n'est pas rare que le malade éprouve également la sensation d'être épié, persécuté.
Dans la vraie vie, la personne schizophrène est surtout dangereuse pour elle-même plutôt que pour les autres. La violence n'est toutefois pas à exclure : le malade peut par exemple "entendre" l'ordre de porter tel ou tel coup ou, tout simplement, vouloir se défendre s'il se sent attaqué. Mais la plupart du temps, c'est surtout lui qui se retrouve en danger étant donné sa perception erronée de ce qui l'entoure.
Les traitements en la matière ont beaucoup progressé depuis le film d'Alfred Hitchcock. Les neuroleptiques diminuent les symptômes, malgré leurs effets secondaires importants (prise de poids, diabète...). Dans les cas graves, il n'y a pourtant aucune hésitation à avoir : il faut les prendre. Dans le même temps, une psychothérapie est souvent entreprise. Grâce à ces soins, certains malades peuvent reprendre une vie "normale", avec un travail, des proches et des activités, comme tout le monde.