Le sport : un nouveau médicament ? Cancers : "Le taux de rechute de cancer du sein et du côlon est diminué de 50 %"
En 2011, 365 500 nouveaux cas de cancers ont été détectés en France, 207 000 hommes et 158 500 femmes. Parmi eux, les cancers de la prostate, du sein et du côlon sont les plus fréquents. Près de 150 000 personnes sont mortes d'un cancer en France l'année dernière. Une étude publiée en mai 2012 dans la revue The Lancet Oncology a calculé une hausse de 75 % du nombre de cas de cancers dans le monde entre 2008 et 2030, si rien ne vient inverser la tendance actuelle. Il est désormais acquis que l'activité physique peut aider à prévenir certains cancers et diminue le risque de rechute.
Êtes-vous étonnée par les résultats ?
Dr Laure Copel, médecin oncologue, département de Soins de support, à l'Institut Curie (Paris) : Lorsqu'on compare le nombre de personnes qui répondent ?arrêter de fumer? et ?activité physique?, il n'y a que 15 % de différence. Je pensais que l'écart aurait été plus grand ! Ca signifie également que les messages de santé publique faisant la promotion de l'activité physique sont bien passés. C'est d'autant plus étonnant que ce sont des messages récents. J'aimerais qu'il y ait également 58 % des médecins qui sachent l'importance de l'activité physique, ce n'est malheureusement pas le cas...
Lorsque les patients apprennent que l'activité physique n'est pas contre-indiquée, ils sont en général très satisfaits ! Pendant longtemps, on leur expliquait qu'il fallait prendre des médicaments et ?attendre?, passivement. Souvent, ils nous demandaient ce qu'eux pouvaient faire pour guérir, voulant être des ?acteurs actifs? de leur guérison. La plupart du temps, les patients sont contents de pouvoir ?bouger?, pour mieux guérir.
Le cancer n'est donc pas une contre-indication à l'activité physique ?
L. C. : Absolument pas ! Il n'y a aucune contre-indication mais il est indispensable de pratiquer une activité physique adaptée. Pas question de faire du sport en ignorant la maladie. Il faut être à l'écoute de son corps et s'adapter.
Il faut savoir que 80 % des patients sous chimiothérapie se plaignent de fatigue. Le seul moyen de prévention et de traitement prouvé contre la fatigue induite par les traitements est l'activité physique ! Elle permet de lutter contre le déconditionnement physique dû à la maladie. Mais il doit s'agir d'une activité physique raisonnable et sous les conseils d'un professionnel formé à l'accompagnement des personnes malades.
Les études ont montré que le taux de rechute de cancer du sein et du côlon est diminué de 50 % chez les personnes qui ont une activité physique régulière. C'est donc prouvé et très efficace !
Bien sûr, selon les traitements, le stade de la maladie, l'âge, les antécédents, etc. l'activité physique ne sera pas la même pour tous les patients. Mais elle reste recommandée pour tous les malades à partir du moment où elle est pratiquée avec des professionnels comme les professeurs d'activité physique adaptée (APA) ou les éducateurs sportifs ayant fait le DU Sport et cancer. Il existe partout en France des associations (comme Siel Bleu) qui accompagnent les personnes malades dans le maintien ou la reprise d'une activité
physique. Il ne faut pas hésiter à se renseigner dans les établissements de santé.
Et en prévention des cancers ?
L. C. : En fait, l'action du sport sur la prévention des cancers a été prouvée avant l'intérêt dans le cadre des traitements. C'est connu depuis longtemps. L'activité physique permet en quelque sorte de limiter le début du processus cancéreux et de ?freiner? les cellules tumorales. Il n'y a donc aucune raison de ne pas faire d'activité physique.