Le sport : un nouveau médicament ? Diabète : "L'activité physique est aussi efficace que les médicaments"
Le diabète est une maladie chronique qui se traduit par un dérèglement de la glycémie, et qui peut endommager le cœur, les vaisseaux, les reins... Le diabète ne cesse de progresser en France. Il touche aujourd'hui environ 3,5 millions de Français. L'activité physique permet à la fois de le prévenir et de le traiter.
Que vous inspirent ces résultats ?
Dr Boris Hansel, endocrinologue et diabétologue, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) : Je remarque que seule la moitié des répondants considèrent l'activité physique comme un moyen prioritaire pour traiter cette maladie ! Ils sont en revanche une large majorité à considérer l'adaptation de l'alimentation comme une mesure essentielle. Cela reflète certainement l'idée reçue que le sucre alimentaire est le principal responsable du diabète. Nous avons donc un grand travail de communication à accomplir pour expliquer combien l'activité physique est importante pour la prévention et le traitement du diabète.
Quels sont les bénéfices reconnus de l'activité physique sur le diabète ?
B. H. : Dans le traitement du diabète, l'activité physique a une efficacité semblable à celle des médicaments. Lorsqu'on est prédiabétique, elle fait baisser d'environ 50 % les risques de devenir diabétique à moyen terme (3 ans). Cela est lié à son effet bénéfique sur le muscle et à la réduction de graisse abdominale dont elle est responsable. Mais pour que l'activité physique soit véritablement efficace et sans danger, elle doit être pratiquée correctement. Et cela s'apprend !
Comment inciter les patients à faire de l'activité physique malgré leur maladie ?
B. H. : Même en cas de maladie chronique, il est rare qu'on ne puisse pas reprendre une activité physique. Y compris dans les cas difficiles, il existe des solutions. Mais il faut en être conscient : faire de l'activité physique pour la santé, cela s'apprend. Les spécialistes de l'éducation thérapeutique le savent bien. Ils utilisent les connaissances et le vécu du patient pour l'aider à modifier ses habitudes. Ils l'emmènent du stade d'inertie à celui de l'action, en levant tous les obstacles qui se posent à lui et en lui faisant acquérir de nouvelles compétences. En clair, si on n'arrive pas à bouger plus par manque de temps, par paresse, ou parce que cela nous essouffle ou nous fait mal, c'est avant tout parce que nous ne savons pas faire ! Dans la majorité des cas, quelques séances avec un actiphysicien suffisent pour s'en convaincre. C'est plutôt encourageant, non ?
1 Français sur 2 ne sait pas que l'activité physique peut permettre de prévenir et de traiter de nombreuses maladies...
B. H. : La moitié des adultes semble méconnaître l'intérêt de l'activité physique pour la santé ! On peut s'en étonner au regard de l'importance de la promotion de l'exercice physique à travers les médias ces dernières années. Toutefois, je ne pense pas que les Français en ignorent les bienfaits. Ces résultats indiquent plutôt le niveau de hiérarchie auquel ils la placent au sein des moyens pour préserver son capital santé. Pour la majorité, "manger mieux'' est plus important que "bouger plus''. Cette idée est probablement liée au décalage entre l'information riche fournie au grand public autour de la nutrition et le peu de communication précise dans le champ de l'activité physique. Ainsi "bouger pour sa santé'' n'évoque pas grand chose de concret pour le public. Cela renvoie à la pratique sportive ou à "la marche 30 minutes/jour'', ce qui est très réducteur et assez décourageant... Par ailleurs dans votre enquête, les participants ont du mal à établir un lien entre l'activité physique et la protection contre certaines pathologies précises.
En clair, la population connaît le slogan "Pour votre santé, bougez plus'', mais de nombreuses personnes ont du mal à se l'approprier par manque de représentation concrète de ce que l'activité physique peut leur apporter.