Pas envie d'allaiter au sein ? Le retour du chou vert, c'est maintenant ! Pourquoi le médicament anti-allaitement pose-t-il problème ?
Comme tout médicament, la bromocriptine a des effets indésirables notifiés et connus des médecins depuis sa commercialisation en 1978, ainsi que nous le confirme le Dr Thierry Harvey, Chef de la maternité des Diaconesses à Paris. " Pendant plusieurs années, on a donné du Parlodel sans se poser de questions et en respectant simplement les contre-indications, à savoir : l'hypertension artérielle (qui touche 10 % des femmes enceintes) et les troubles psychiatriques sévères. Lorsque des contre-indications étaient relevées lors de l'interrogatoire médical, on ne le prescrivait pas."
En France, les autorités de santé commencent à surveiller de près le médicament en 1993, après que des signalements d'effets indésirables aient conduit les Etats-Unis à retirer la molécule du marché. La bromocriptine fait à partir de cette date l'objet d'une surveillance renforcée par l'Agence du médicament. Peu après, une enquête de pharmacovigilance du CRPV de Toulouse signale 115 cas d'effets indésirables dont 53 cas d'effets indésirables cardiovasculaires et 36 cas d'effets indésirables neuropsychiatriques. Deux décès sont également rapportés : l'un lié à une thrombose de l'artère carotide et l'autre à un suicide. A la suite de cette enquête, la France renforce dès 1994 les précautions d'emploi et les mises en garde, notamment vis-à-vis des facteurs de risque cardiovasculaire et des posologies. "Le tabagisme, l'excès de poids, une hypertension artérielle (notamment pendant la grossesse), la présence d'antécédents de troubles psychiatriques sont des facteurs pouvant augmenter le risque de complications."
En 2013, une nouvelle enquête diligentée par le CRPV de Lyon confirme des cas d'"effets indésirables graves" (228 au total, dont 92 cardiovasculaires et 66 neuropsychiatriques) et 2 décès (1 AVC et 1 infarctus). L'ANSM précise toutefois que ces derniers sont "souvent" associés à une utilisation non conforme de ce médicament, c'est à dire à des erreurs de posologie ou au non respect des contre-indications. Au total, les utilisations non conformes (erreur de dosage et non prise en compte d'un facteur de risque) représente plus de 70 % des cas d'effets cardiovasculaires, 40 % des effets neurologiques et près de 80 % des effets psychiatriques. Malgré tout, l'ANSM considère en juillet 2013 que le rapport bénéfice / risque du médicament n'est plus favorable et demande une réévaluation européenne.
Fallait-il pousser le principe de précaution aussi loin ? Selon le Dr Harvey, c'est à partir du moment où les Etats-Unis ont observé des accidents chez des femmes traitées par le Parlodel, que la peur du médicament est apparue. Cela a déclenché la mise en place d'un principe de précaution, non justifié selon lui au vu des biais des études sur les effets secondaires. "Ce qu'il faut bien comprendre c'est que le pourcentage de femmes américaines hypertendues et obèses est sans comparaison avec la France... Rien à voir avec le profil des femmes françaises", souligne-t-il.