Ménopause et fatigue : extrême, pourquoi, quel traitement ?
Baisse d'énergie, fatigue musculaire, vertiges…À la ménopause, il n'est pas rare de ressentir une fatigue intense qui entrave le quotidien. D'où vient-elle et comment en venir à bout ? Réponses et conseils du Dr Odile Bagot, gynécologue.
La ménopause est un phénomène physiologique qui survient chez la femme entre 45 et 55 ans. Il est dû au vieillissement des follicules ovariens, qui entraînent l'arrêt de l'ovulation et par conséquent, des cycles menstruels. La ménopause est confirmée après 12 mois consécutifs d'absence de règles. Le bouleversement hormonal et les symptômes qui l'accompagnent peuvent causer de la fatigue.
La fatigue est-elle un vrai symptôme de la ménopause ?
"La fatigue ne fait pas partie des signes dits climatériques (signes directs) de la ménopause. Elle peut être une conséquence ou une concomitance, mais pas un signe en tant que tel", déclare d'emblée le Dr Odile Bagot, gynécologue. Lorsque les symptômes de la ménopause ou de la préménopause se manifestent (bouffées de chaleur, maux de tête, tension mammaire, troubles du sommeil), la fatigue ressentie peut effectivement être attribuée à la ménopause.
D'où vient cette fatigue intense à la ménopause ?
Souvent, la fatigue qui survient à la ménopause résulte de différents facteurs :
- Le vieillissement : lorsque l'on prend de l'âge, on se fatigue plus vite pour des efforts moindres.
- Des troubles du sommeil : les bouffées de chaleur peuvent perturber le sommeil et par conséquent, entraîner de la fatigue.
- Des troubles de l'humeur : la frontière entre dépression et fatigue est mince.
- Certaines pathologies, même des suites lointaines de chimiothérapie, peuvent entraîner une fatigue pendant longtemps.
Fatigue musculaire et ménopause : normal, que faire ?
"La fatigue musculaire ressentie à la ménopause est liée à l'âge : plus on vieillit, plus la perte de masse musculaire est importante, c'est un phénomène physiologique" explique la gynécologue. En effet, deux composantes sont nécessaires pour fabriquer du muscle : un apport en protéines et en acides aminés, et la pratique d'une activité physique régulière. Or, l'activité physique est souvent moindre à cette période de la vie. De plus, la capture splanchnique des acides aminés, va aggraver ce processus. "Concrètement, cela signifie qu'avec l'âge, les protéines, au lieu d'aller vers les muscles, vont être orientées vers les organes vitaux : le cerveau, les poumons, le foie, la rate, le cœur et les reins. Résultat, on va être en déficit de protéines et le catabolisme (perte de muscles) va être supérieur à l'anabolisme (fabrication de muscles)" continue-t-elle. Autrement dit, dans la mesure où il y a moins de muscles, la fatigue musculaire se fait sentir plus vite.
Fatigue et vertiges : normal, que faire ?
"Les vertiges ne constituent pas un symptôme spécifique de la ménopause. En revanche, avec la ménopause et l'âge, il est possible d'avoir de l'hypertension qui peut se manifester par des vertiges, et des pathologies vasculaires. La ménopause augmente le risque vasculaire, les vaisseaux sont plus rigides, plus étroits, ce qui peut favoriser l'apparition de vertiges", indique la spécialiste.
Quels traitements ?
Pour lutter contre la fatigue liée à la ménopause, il convient de soulager les symptômes à l'origine de cette fatigue. Autrement dit, d'adopter une bonne hygiène de vie et de tout mettre en œuvre pour retrouver un sommeil de qualité, condition sine qua non pour avoir un regain d'énergie. Pour y parvenir, voici quelques recommandations :
- limiter sa consommation de boissons excitantes (thé, café, coca),
- manger au moins deux heures avant d'aller se coucher,
- éteindre les écrans trois heures avant,
- se relaxer,
- ne pas lutter au moindre signe de sommeil.
Si malgré tout, les symptômes et la fatigue ne cessent pas, une consultation s'impose. Le traitement hormonal de la ménopause (THM) pourra être prescrit.
Quels traitements naturels ?
Pour lutter contre la fatigue, il est primordial d'adapter son mode de vie à ses capacités physiques et vitales. "Il ne faut pas vouloir en faire plus que ce dont on est capable. En revanche, il faut continuer à pratiquer une activité physique pour conserver ses capacités respiratoires et musculaires. En définitive, il convient de faire à la fois un travail musculaire dynamique et statique, et un travail respiratoire. Ce qui est certain, c'est que moins on en fait, moins on en fera, plus on sera fatiguée" conseille notre interlocutrice.
Merci au Dr Odile Bagot, gynécologue, auteure de "Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée !" aux éditions Mango. Elle enrichit chaque semaine sa page Facebook de Mam Gynéco d'un nouvel article ou d'une vidéo.