Priapisme : définition, causes, schéma, une maladie ?
Le priapisme est un dysfonctionnement érectile qui se traduit par une érection anormalement longue (elle peut durer plusieurs heures) et parfois douloureuse. Et surtout qui n'aboutit jamais à une éjaculation.
Le priapisme est le terme employé pour désigner une érection qui se prolonge anormalement chez l'homme et qui en devient douloureuse. Ce trouble assez fréquent chez les hommes de 40 ans peut avoir des conséquences graves sur la vie sexuelle, s'il n'est pas traité à temps. Un caillot, la prise d'un médicament ou une maladie peuvent être responsables de priapisme.
Quelle est la définition du priapisme ?
Le priapisme est une pathologie qui se traduit par une érection intense et prolongée pendant plusieurs heures et se révèle extrêmement inconfortable, voire douloureuse. Elle survient sans désir ou excitation sexuelle, et n'est pas atténuée par l'éjaculation. On distingue trois formes de priapisme : le priapisme veineux, le priapisme artériel et le priapisme chronique intermittent.
Quelles sont les causes du priapisme ?
"Le priapisme peut survenir sans explication évidente, ou être dû à d'autres causes, notamment médicamenteuses dans le cas de médicaments utilisés pour favoriser l'érection, due à des substances toxiques, un traumatisme, ou des maladies du sang", explique le Dr Ludovic Ferretti, membre du comité d'andrologie et médecine sexuelle de l'Association Française d'Urologie. Parmi les troubles liés à la circulation du sang pouvant causer un priapisme :
- la formation d'un caillot dans les artères ;
- la drépanocytose : cette affection génétique va toucher les globules rouges ;
- certains cas de leucémie, de cancers, mais aussi de troubles de la coagulation ;
- les troubles du drainage sanguin par les veines du corps caverneux de le sexe ;
- le syndrome myéloprolifératif.
La prise d'un traitement médical comme par exemple, les traitements contre l'hypertension (comme les beta-bloquants) ; les antidépresseurs (comme le trazodone) et anxiolytiques ; certains traitements contre les troubles de l'érection (et notamment le Viagra) peuvent aussi causer un priapisme. Mais aussi les injections de papavérine qui sont le plus souvent utilisées pour soigner un cas d'impuissance masculine. les neuroleptiques ; un anneau pénien trop serré. Enfin, une blessure (notamment si le patient chevauche une barre ou se heurte à une selle de vélo) peut causer un priapisme.
Qu'est-ce que le priapisme veineux ?
Le priapisme veineux (on parle de débit bas) est la forme la plus fréquente de priapisme. Il est dangereux et douloureux. S'il n'est pas pris à temps dans les 3 heures, une nécrose des cellules des corps caverneux par manque d'oxygène peut se produire et entraîner des troubles permanents de l'érection. Il peut survenir à la suite d'un traitement par injection intra-caverneuse (traitement après cancer de la prostate, de la vessie ou du rectum). Il peut également être causé par certaines leucémies, une anomalie de la coagulation, la prise de certains médicaments (psychotropes, testostérone à haute dose chez les sportifs, alpha-bloquants) ou de drogues (cannabis…). Parfois, c'est le mélange de traitements pharmacologiques avec des substances toxiques ou de l'alcool qui provoque l'épisode de priapisme.
Qu'est-ce que le priapisme artériel ?
Le priapisme artériel (on parle de haut débit) a la particularité d'être peu ou pas douloureux et de s'installer en quelques jours. Il est souvent causé par un choc reçu au niveau du périnée ou à la base de la verge.
Qu'est-ce que le priapisme chronique intermittent ?
Le priapisme chronique intermittent, quant à lui, est lié à la drépanocytose, une maladie des globules rouges assez fréquente chez les populations africaine et antillaise. Elle provoque une érection plutôt nocturne, récurrente qui peut, à la longue, entrainer une fibrose du corps caverneux
Comment est l'érection en cas de priapisme ?
Le priapisme est assez simple à diagnostiquer car il se caractérise par la concomitance de trois symptômes principaux.
- Une érection sera anormalement longue (plusieurs heures).
- Des douleurs importantes (même si ce n'est pas toujours le cas).
- L'absence d'éjaculation suite à l'érection
- Le gland n'est pas gonflé (même en érection) et reste mou.
Combien de temps dure l'érection en cas de priapisme ?
L'érection peut durer plusieurs heures. A partir de 12 heures, des lésions histologiques musculaires lisses sont toujours présentes, l'endothélium disparaît à partir de 24 heures et au-delà de 48 heures, des lésions de fibrose irréversible sont inévitables. Son évolution spontanée se fait vers une perte de la fonction érectile dans plus de 90 % des cas après 24 heures sans traitement efficace.
Quels sont les hommes à risque surtout ?
Toutes les tranches d'âges peuvent être touchées, tout dépend de la cause. Le priapisme dû à un traumatisme se manifeste plus souvent chez les jeunes adultes ou chez les enfants (plus actifs physiquement). " Le priapisme veineux intervient plus souvent vers 60 ans, moment où les risques de cancer de la prostate sont plus importants, mais peut exister à tout âge, et le priapisme lié à la drépanocytose chez les jeunes de 15-30 ans d'origine africaine et antillaise ", poursuit le Dr Ferretti.
Est-ce que ça peut recommencer ?
L'épisode peut être isolé ou pas. Tout dépend de la cause également dans ce cas. Une seule fois si l'origine est traumatique, plusieurs fois dans le cas du priapisme chronique ou veineux (tant que la prise de médicament à l'origine du phénomène est maintenue pour ce dernier cas). Les épisodes de priapisme peuvent alors se reproduire. On parle alors de priapisme récidivant. Il s'agit généralement de priapisme à bas débit et des épisodes d'érections prolongées (mais de moins de 3 heures) peuvent aboutir à un authentique priapisme ischémique nécessitant une intervention. "La récidive est toujours possible, en particulier pour les maladies hématologiques et neurologiques. A terme une fibrose irréversible s'installe entraînant une dysfonction érectile", conclut le Dr Ferretti.
Comment est diagnostiqué le priapisme ?
Le diagnostic est basé sur les symptômes et l'identification des causes connues mais une prise de sang sera effectuée (numération-formule sanguine avec plaquettes, compte de réticulocyte et électrophorèse) pour identifier la cause du priapisme. "On réalise parfois un échodoppler pour rechercher une fistule lorsque l'on suspecte un mécanisme à haut débit mais à condition que cela ne retarde pas l'urgence que constitue la détumescence", précise le spécialiste. Si l'on ponctionne le sang des corps caverneux, l'analyse de celui-ci donnera aussi des indications sur le type de priapisme : sang veineux (pO2 < 30 mmHg, PCO2 > 30 mmHg et pH < 7,25) en cas de priapisme ischémique.
Comment traiter le priapisme ?
En dehors des traitements antalgiques, la première étape du traitement consiste généralement à tenter d'obtenir une nouvelle éjaculation par la masturbation (si l'érection n'est pas déjà trop douloureuse), à effectuer un effort physique important (série de flexions des genoux, par exemple) ou à appliquer une poche de glace. Si l'érection persiste, on réalise une ponction des corps caverneux (ou d'un seul si cela suffit car il existe des connexions entre les deux corps caverneux) après anesthésie locale ou loco-régionale. Cette ponction est réalisée au niveau du corps caverneux avec une aiguille de gros calibre. Le sang est aspiré doucement par la seringue, aidé parfois d'une pression douce de la base du pénis vers le gland. Cette manœuvre peut prendre jusqu'à 30 minutes. Un produit (alpha-stimulant) est également injecté à distance du point de ponction pour favoriser la détumescence s'il n'y a pas de contre-indication. "Si la ponction et l'injection d'alpha-stimulants n'en viennent pas à bout, il faudra envisager une intervention en "shunt caverno-spongieux", faite au niveau du gland avec une aiguille à biopsie ou un bistouri et qui va consister à faire une petite brèche dans le corps caverneux pour que le sang s'évacue par le corps spongieux du gland", détaille le médecin. Pour le priapisme artériel, l'opération consistera à réduire la fistule, le plus souvent par embolisation radiologique et parfois chirurgicale, mais parfois, une résolution spontanée est possible.
Merci au Dr Ludovic Ferretti, membre du comité d'andrologie et médecine sexuelle de l'AFU (Association Française d'Urologie). Propos recueillis en 2019.