Dipsomanie ou alcoolisme, quelles différences ?
Dipsomanie comme alcoolisme associent un besoin irrépressible de boire de l'alcool pourtant ce n'est pas tout à fait la même chose, explique le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat.
C'est quoi la dipsomanie ?
La dipsomanie est une forme d'alcoolisme relativement rare qui se caractérise par le fait d'ingurgiter de grandes quantités d'un liquide toxique, le plus souvent de l'alcool, de manière impulsive. En réalité, ce terme de psychiatrie n'est plus utilisé aujourd'hui, on parle plutôt de "binge drinking". "Initialement, la dipsomanie était décrite en médecine comme la fureur de boire, avec des patients qui étaient pris d'une envie furieuse et brutale de boire jusqu'à la perte totale de connaissance. La dipsomanie concerne plutôt les jeunes adultes voire des adolescents en quête de "défonce" car le produit le plus légal et le moins cher pour se défoncer est l'alcool", commente le Pr Michel Lejoyeux.
Quels sont les symptômes ?
La dipsomanie désigne toute alcoolisation paroxystique ou aiguë à la recherche de l'ivresse. Ce trouble se manifeste par une envie soudaine et irrépressible de consommer de l'alcool. L'individu perd pied pendant les crises, allant parfois jusqu'à la perte de connaissance du fait d'un coma alcoolique.
Différences avec l'alcoolisme ?
Contrairement à l'alcoolisme par consommation chronique, la dipsomanie ne désigne pas le fait de boire tous les jours mais de boire par accès. La dipsomanie survient par crises qui peuvent être ponctuées de périodes d'abstinence. "Il existe deux manières d'être malade de l'alcool : en buvant régulièrement et en ayant des dommages liés à la consommation régulière d'alcool ou en en buvant de manière brutale, de manière épisodique", détaille le spécialiste.
Comment la soigner ?
La prise en charge de la dipsomanie est similaire à celle de l'alcoolisme en général. Elle repose sur le sevrage alcoolique, associé à suivi psychiatrique. Certains traitements médicamenteux peuvent être proposés pour diminuer l'envie d'alcool d'alcool. Il est assez rare de voir des patients qui souffrent d'une pure dipsomanie sans avoir, en parallèle, une consommation régulière et toxique d'alcool.
Merci au Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat, auteur du livre En bonne santé avec Montaigne (Éd. Le livre de poche).