Résilience : définition, comment en faire preuve ?
Deuil, maladie... Face aux épreuves de la vie, certaines personnes rebondissent mieux que d'autres. Cette capacité à se reconstruire après un événement traumatique s'appelle la résilience. Quels avantages et comment la cultiver ? Réponses avec Rosette Poletti et Ariane Calvo, psychothérapeutes et psychologues.
Définition : qu'est-ce que la résilience ?
Certains événements traumatiques tels que le deuil, la maladie, une catastrophe naturelle ou une rupture amoureuse nous obligent parfois à faire preuve de résilience, c'est-à-dire à rebondir afin de se reconstruire. Si en physique (et en métallurgie dont elle emprunte le mot), la résilience correspond à la résistance d'un matériau à un choc et sa capacité à reprendre sa forme initiale, en psychologie, elle décrit la faculté de vivre en dépit de l'adversité et à reprendre le cours de sa vie après un traumatisme. "Il s'agit aussi de se développer positivement malgré des traumatismes ou des conditions de vie difficiles" complète Rosette Poletti, psychologue et psychothérapeute. Ariane Calvo, psychologue et psychothérapeute également, apporte quelques précisions au concept : "Les individus ne reprennent en fait pas le cours de leur vie psychique telle qu'elle était avant le choc qu'ils ont vécu, ou la période de crise. Ils reprennent, quand c'est possible, une nouvelle vie psychique, ils retrouvent un élan de vie, leurs aspirations profondes, leur sentiment de valeur personnelle, leur confiance en eux et en l'avenir, mais différemment, en intégrant les informations liées à l'événement qui les a marqués".
Comment reconnaître une personne résiliente ?
Pour Rosette Poletti, ces personnes sont reconnaissables à "leur faculté à vivre de manière positive leur vie". Selon la psychothérapeute, elles "en prennent la responsabilité et refusent l'identité de victime". On retrouve souvent chez ces personnes des qualités propres telles que la capacité à s'adapter aux changements (personnels, professionnels), la ténacité, l'altruisme, l'humour, l'initiative, la sociabilité, la capacité à prendre du recul et à apprendre des expériences. "Une personne résiliente a un fort élan vital. On a l'impression qu'elle est capable de dépasser tous les obstacles. En fait, c'est un mélange de plusieurs aspects qui permet d'aboutir à la résilience" souligne Ariane Calvo avant d'ajouter qu'elles disposent "d'une personnalité encline à résoudre les problèmes (plutôt que de s'y attarder ou d'être tétanisée dès leur apparition), d'une certaine confiance en soi et en leurs capacités, d'une habileté à savoir demander de l'aide aux bonnes personnes, tout en ayant une grande autonomie et une forme d'optimisme (capacité à voir les aspects positifs) solide et tenace". Être dans le déni est aussi une particularité. "Chez ces personnes il y a une capacité à être dans des formes de déni partiel et conscient. On ignore en partie les aspects négatifs de ce que l'on traverse pour ne pas s'en trouver trop encombré et pouvoir continuer à avancer".
Quels sont les avantages de la résilience ?
Son avantage principal est "que l'on peut avancer, même dans la tourmente". En effet, "les personnes résilientes, en persévérant à trouver des solutions, en apprenant des situations difficiles, grandissent malgré les épreuves" indique Ariane Calvo. "Les personnes résilientes seront capables de rester debout et elles vivront leur vie avec plus de confiance et souvent elles seront un exemple et une source d'espérance pour les autres". La résilience "permet aussi de lâcher prise et de se débarrasser de fausses culpabilités. De donner un sens à la vie et de développer un intérêt pour les autres" liste Rosette Poletti.
"On peut apprendre à faire plus confiance, à vivre le moment présent plutôt que de vivre entre nostalgie et anticipations anxieuses"
Comment augmenter sa capacité de résilience ?
S'il a été démontré qu'un certain nombre de facteurs tels que le patrimoine génétique jouent un rôle, la résilience peut être favorisée par l'aide de proches ou d'un thérapeute. "Elle se développe en mettant l'accent sur certaines compétences dès l'enfance et tout au long de sa vie" explique Rosette Poletti. Cela peut être "la confiance en soi et dans les autres, la capacité de communiquer, à lâcher prise et à tourner la page mais aussi le fait d'accepter que le vie est aussi une souffrance" détaille la spécialiste. Il est aussi important d'apprendre à se connaître ! "Plus nous nous connaissons, plus nous comprenons quelles sont nos ressources et leur étendue. Nous comprenons aussi que nous n'avons pas besoin de tout anticiper car nous saurons faire face, par nous-mêmes ou en demandant de l'aide, quand les difficultés adviennent. On peut aussi apprendre à faire plus confiance, à vivre le moment présent plutôt que de vivre entre nostalgie et anticipations anxieuses" préconise de son côté Ariane Calvo.
Comment faire preuve de résilience au travail ?
Dans la vie professionnelle, il est essentiel d'accepter les changements déstabilisants tels que les échecs ou les conflits. Il faudrait "modifier le regard sur les événements en sachant reconnaître ce qui est essentiel et ce qui est dérisoire", conseille la psychothérapeute. En d'autres termes, être résilient au travail, c'est notamment essayer de tirer le positif d'une expérience ponctuellement négative et "développer la confiance en soi et la hardiesse c'est-à-dire le courage et l'audace". Ariane Calvo conseille -quant à elle- d'apprendre à assouplir notre rapport au travail en faisant en sorte qu'il ne soit pas la seule chose qui compte dans notre vie. Il faudrait être prudent et réaliste sur les relations professionnelles car "elles sont ce qu'elles sont, et, comme toutes les autres relations imposées et non choisies, souvent imparfaites ou issues d'une convergence d'intérêts, ce qui en limite souvent la pérennité". Ne pas laisser toute notre humeur, notre sentiment de valeur personnelle, notre goût de la vie, notre plaisir à fonctionner dépendre du regard que l'on pose sur nous professionnellement est tout aussi essentiel pour la psychologue. "C'est aussi une façon élémentaire de faire le tri entre l'essentiel et le superflu".
Merci à Rosette Poletti et à Ariane Calvo psychothérapeute et psychologue, spécialisée en psycho-traumatisme.