Danger de la lumière pulsée : brûlure, yeux, peau, cancer ?

La lumière pulsée est une technique d'épilation en vogue depuis les années 2000. Attention, il y a un risque pour les yeux et la peau (brûlures, cancer...). Liste des dangers et précautions à prendre.

Danger de la lumière pulsée : brûlure, yeux, peau, cancer ?
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Plusieurs femmes ont rapporté des traces de brûlures après une épilation à la lumière pulsée chez Dépil Tech, une chaîne d'instituts spécialisés. L'une d'entre elle, originaire d'Angers, a même été brûlée au deuxième degré selon un dermatologue, rapporte Ouest-France. "Ça me brûlait énormément. [...] J'avais hypermal. Je ne pouvais plus dormir", confie la jeune femme à Ouest-France. Ces victimes n'ont encore pas porter plainte mais souhaitent le faire. Dans un communiqué du 9 septembre 2021, l'Anses met en garde les utilisateurs sur les effets indésirables de la méthode (brûlures, cloques, lésions oculaires...) et annonce vouloir encadrer l'utilisation des appareils à lumière pulsée (intense pulsed light ou IPL). La lumière pulsée est une technique d'épilation utilisant un appareil qui détruit le poil et le bulbe pileux par effet thermique (en le chauffant) en ciblant la mélatonine qu'ils contiennent. L'appareil peut être utilisé par des professionnels (dermatologues, médecins professionnels de l'esthétique, salons d'esthétique) et des particuliers. Faire une séance de lumière pulsée sur une peau bronzée par exemple peut provoquer une épidermolyse, autrement dit, une destruction de l'épiderme qui contient le pigment du bronzage. 

Quels sont les dangers de la lumière pulsée ?

La lumière pulsée n'est pas anodine pour la santé, rappelle l'Anses.

Parmi les effets mineurs de survenue immédiate, de courte durée ne nécessitant pas de traitement :

  • Des douleurs
  • Des sensations de brûlure transitoire

Des effets avec signes cliniques résultant de l'inflammation cutanée consécutive à l'effet thermique :

  • Erythème transitoire
  • Œdème péri-folliculaire
  • Desquamation
  • Purpura
  • Brûlure de faible intensité
  • Augmentation de la transpiration

Des effets modérés durant quelques jours à quelques semaines, pouvant nécessiter un traitement local ou systémique : 

  • Apparition ou formation de bulles et vésicules, croûtes
  • Maladie de Fox Fordyce qui est une dermatose bénigne
  • Aggravation de la pilosité préexistante ou une apparition de nouveaux poils sur la périphérie de la zone traitée
  • Dépigmentation des poils

Des effets graves (lésion non résolutive d'un point de vue esthétique, à l'origine de séquelles ou d'un handicap nécessitant des soins prolongés, ou retard de diagnostic de lésions cutanées potentiellement malignes)

  • Douleurs neuropathiques chroniques
  • Troubles de la pigmentation cutanée (dyschromie) : hyperpigmentation ou hypopigmentation.
  • Cicatrices

Dans des conditions d'usage non conformes aux recommandations :

  • retard de diagnostic de cancer de la peau. La lumière pulsée pouvant en effet dénaturer la couleur de lésions précancéreuses, et empêcher ainsi la détection précoce de mélanomes.
  • lésions oculaires (cornée, iris ou rétine)

Quelles sont les contre-indications de la lumière pulsée ?

L'Agence recommande aux fabricants d'appareils IPL destinés aux particuliers de mieux informer ces derniers des contre-indications et des précautions à prendre avant toute épilation. L'Anses rappelle les contre-indications dans son communiqué. La lumière pulsée est déconseillée en cas : 

  • de présence de toute anomalie cutanée - relief, texture ou couleur - ou de maladie touchant la peau : antécédents de cancer cutané, lupus, vitiligo, psoriasis, herpès ou antécédents d'herpès sur la zone à épiler, antécédent ou risque élevé de cicatrices chéloïdes, naevi multiple ou naevus dysplasique ;
  • de prise médicamenteuse de traitements photo-sensibilisants et anticoagulants ;
  • d'application de tout produit sur la zone épilée (cosmétiques, y compris les auto-bronzants, huiles essentielles, produits " naturels "…)
  • de couleur de peau ou nature du poil non adaptés : personnes albinos, poils dépigmentés, duvet… ;
  • d'exposition, avant ou après l'épilation, aux UV naturels ou artificiels. En cas d'exposition précédant l'épilation, celle-ci ne devra pas être pratiquée avant un retour à la couleur naturelle de la peau. En cas d'exposition après l'épilation, elle ne devra pas avoir lieu avant la résolution des éventuelles lésions provoquées par l'IPL.
  • d'épilation des sourcils, en raison des risques de lésions pour l'œil ;
  • d'être âgé de moins de 15 ans ;
  • de grossesse, d'allaitement et de prise de traitements hormonaux susceptibles de modifier la pilosité ;
  • de présence d'un tatouage sur la zone à épiler.

Peut-on faire de la lumière pulsée pendant la grossesse ?

Non. La grossesse et l'allaitement sont deux contre-indications à la lumière pulsée définies par l'Anses. 

Précautions : quelles sont les recommandations pour éviter les risques ? 

Que l'appareil soit utilisé par un professionnel ou à domicile, l'Anses recommande de :

  • porter des lunettes de protection ;
  • ne pas épiler les zones proches des yeux ;
  • raser au préalable et laver au savon traditionnel la zone à épiler ;
  • ne pas utiliser d'anesthésique durant une séance d'IPL ;
  • ne pas exposer plus d'une fois la même zone au faisceau IPL au cours d'une même séance ;
  • espacer les séances d'un mois minimum.

L'Anses rappelle sa mise en garde :

► En inscrivant ces dispositifs dans un cadre réglementaire adapté. En effet, l'épilation à la lumière pulsée s'est développée chez certains professionnels en dehors du cadre légal défini par un arrêté de 1962. "Celui-ci dispose que l'utilisation d'autres dispositifs que la cire et la pince à épiler pour des actes d'épilation est uniquement réservée aux médecins." Or, "le fonctionnement et les principes d'interaction avec la peau peuvent être méconnus ou mal compris par certains professionnels et par les particuliers" explique Rémi Poirier, coordinateur de l'expertise à l'Anses. Par ailleurs, selon l'agence, la mise sur le marché doit être conditionnée au respect des mêmes dispositions que les dispositifs médicaux. "Les fabricants devraient être amenés à réaliser des études de tolérance préalables à leur mise sur le marché aussi rigoureuses que celles réalisées pour les dispositifs médicaux, afin de maîtriser les risques pour la santé" explique Rémi Poirier.

► En proposant un socle commun de formation pour les professionnels. "Il n'existe à ce jour aucune obligation en la matière, c'est pourquoi l'Agence recommande la construction d'un référentiel de formation spécifique à l'utilisation des appareils" précise Rémi Poirier. Selon l'Agence, les professionnels de l'esthétique devraient disposer d'un socle commun de formation qui leur permettrait d'obtenir des compétences comme par exemple la capacité à identifier les situations pour lesquelles un diagnostic dermatologique préalable est requis. 

Source : Mieux encadrer l'épilation à la lumière pulsée pour protéger les consommateurs, Anses, 9 septembre 2021

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