Addiction au chocolat : nom, risques, solutions
L'addiction au chocolat en tant qu'addiction est encore débattue, tout comme les addictions alimentaires en général. Quelles sont les cause de l'addiction au chocolat ? Comment savoir si on est addict ? Quels sont les risques ? Comment la vaincre ? Le point avec le Dr Juliette Hazart, addictologue, nutritionniste et coach en cohérence cardiaque.
Définition
L'addiction au chocolat pourrait être considérée comme une addiction alimentaire même si "à l'heure actuelle, le concept d'addiction alimentaire est encore débattu du fait de la difficulté à définir cette addiction et du manque de données scientifiques" informe le Dr Juliette Hazart. L'alimentation étant nécessaire à notre survie, à partir de quels critères définir l'addiction ? "Le concept d'addiction alimentaire fait référence à une relation de dépendance d'un individu vis-à-vis de certains aliments. Sur le plan clinique, les personnes éprouvent des difficultés dans leur rapport à l'alimentation avec un craving, c'est-à-dire une envie irrépressible de consommer, une perte de contrôle sur leur consommation alimentaire, une incapacité à réduire leur consommation malgré le désir de le faire et la poursuite du comportement malgré la connaissance des effets négatifs de cette consommation alimentaire sur leur santé." Dans l'addiction, il y a une "perte de liberté de s'abstenir" contrairement à la gourmandise et à l'alimentation plaisir. "L'addiction alimentaire est à distinguer des troubles des comportements alimentaires comme l'hyperphagie boulimique, la boulimie et l'anorexie nerveuse."
L'addiction au chocolat a-t-elle un nom ?
Non, l'addiction au chocolat n'a pas de nom associé.
Quelles sont les causes de l'addiction au chocolat ?
"Sur le plan neurobiologique, les sucres et les graisses présents dans le chocolat activent les systèmes dopaminergiques du circuit de la récompense. Le circuit de la récompense s'active de façon physiologique pour donner du plaisir afin d'assurer les besoins primaires nécessaires à la survie de l'espèce humaine : manger quand on a faim, boire quand on a soif, avoir des rapports sexuels quand on en a envie…" informe le Dr Hazart. "Cependant, une stimulation excessive du cerveau par des aliments très caloriques et très riches en sucres raffinés ou en graisses pourrait entraîner des altérations fonctionnelles des circuits neurobiologiques impliqués dans l'apprentissage de la récompense, la motivation et le contrôle de la récompense chez des personnes prédisposées."
Test : comment savoir si on est accro ?
La Yale Food Addiction Scale (YFAS) ou échelle de l'addiction à l'alimentation est l'auto-questionnaire de référence pour évaluer les symptômes d'addiction à l'alimentation, spécifiquement par rapport à certains aliments gras, salés ou sucrés. Il est utilisé par certains professionnels de santé pour orienter leur diagnostic. Sans faire le test, certains signes peuvent inciter à consulter :
- "La personne consomme du chocolat en quantité importante avec un retentissement néfaste sur son bien-être physique et psychologique."
- Cela s'accompagne d'un sentiment de "honte" et de "culpabilité".
- "La consommation est souvent dite auto-thérapeutique : besoin d'avoir du réconfort, recherche d'une consolation, d'une récompense…"
Quels sont les risques ?
"Les risques sur la santé sont liés à la teneur en sucres et graisses du chocolat" affirme l'addictologue. "Une consommation importante et régulière de chocolat peut favoriser le développement de problèmes bucco-dentaires, d'une surcharge pondérale, d'un diabète de type 2, d'anomalies lipidiques, de troubles cardio-vasculaires, de certains cancers." En dehors d'une addiction, une consommation régulière et non excessive de chocolat noir avec une concentration d'au moins 70 à 80 % de cacao a des "bénéfices sur notre santé cardiovasculaire et sur nos capacités cognitives en particulier la mémoire" nuance la médecin.
Quelle molécule est en cause ?
"Selon les données actuelles, nous ne savons pas si une concentration particulière en certains nutriments pourrait engendrer un processus addictif" indique le Dr Hazart. "Cependant, il est établi que les aliments industriels, riches en sucres raffinés, en graisses ou en sel pourraient avoir des propriétés addictives. Faut-il considérer l'addiction alimentaire comme une addiction à une substance, en l'occurrence au chocolat, ou une addiction liée à un comportement c'est-à-dire l'alimentation ? La question n'est pas encore tranchée."
Solutions : comment la soigner ?
Une prise en charge intégrée et multidimensionnelle est souvent proposée avec deux principaux axes interventionnels : psychothérapeutique et social.
- "Sur le plan psychothérapeutique, les approches motivationnelles, les psychothérapies individuelles centrées sur les facteurs de vulnérabilité psychologiques du patient (comorbidités psychiatriques, régulation des émotions…) et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) sont utilisées."
- "Sur le plan social, la participation à des groupes d'entraide ou groupes de parole et une approche préventive dans un objectif de réduction des risques sont proposées. Les thématiques des représentations sociales, de la disponibilité et de l'accessibilité des aliments y sont abordées."
Peut-on la soigner avec l'hypnose ou la méditation de pleine conscience ?
Oui, ces deux techniques peuvent aider à se débarrasser plus ou moins de l'addiction au chocolat :
- L'hypnose. "Elle a un intérêt dans la prise en charge de cette addiction en travaillant en particulier sur les fausses croyances et la faim émotionnelle. Le protocole étant personnalisé, le nombre de séances varie" explique l'addictologue.
- La méditation de pleine conscience. "Elle s'avère également efficace car la prise alimentaire est souvent modulée par les ressentis émotionnels plutôt que par ceux de la faim ou de la satiété" informe le Dr Hazart. "Dans ma pratique, j'utilise des techniques de cohérence cardiaque couplées à la pleine conscience. C'est un outil pour modifier les comportements addictifs dans la durée en diminuant les compulsions alimentaires. Les sensations de faim et de satiété sont mieux perçues. L'appétence pour une alimentation intuitive, variée et autorégulée est retrouvée. Cette pratique permet aussi de diminuer les ruminations à l'origine d'anxiété et de dépression, de mieux réguler les émotions et de diminuer le niveau de stress."
Merci au Dr Juliette Hazart, addictologue, nutritionniste et coach en cohérence cardiaque.