Pourquoi l'été qui se prolonge finit par nous déprimer ?
Avoir de belles journées à la mi-octobre, personne ne s'en plaint. Mais la prolongation des températures estivales perturbent l'organisme des personnes sensibles aux changements de saison, explique notre psychologue.
Stress, irritabilité, fatigue… La chaleur qui dure après l'été st pas sans conséquences sur notre santé mentale. Si la chaleur qui persiste est agréable pour certains, elle est déprimante pour d'autres. Autrefois, la fin de l'été suscitait la tristesse, la nostalgie voire la dépression chez beaucoup d'entre nous. Aujourd'hui, c'est le fait de ne pas voir l'automne arriver qui provoque ce genre de sentiments. Il existe plusieurs raisons à cela comme nous l'explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.
Une question de sensibilité à la saisonnalité
"On n'est pas tous sensibles de la même manière à la météo, à la saisonnalité et aux températures. Certaines personnes vivent très bien la constance, d'autres vivent l'alternance des saisons sans difficultés. Pour ces personnes qui ont besoin d'alternance dans la saisonnalité, il y a quelque chose de l'ordre de la régulation. La météo, et à fortiori la saison, leur permet de se réguler émotionnellement et le fait de ne pas voir l'automne arriver les empêche d'aller au bout de ce processus", pose d'emblée Johanna Rozenblum.
Certaines personnes ont besoin de voir les saisons changer et la météo évoluer pour reprendre des forces.
Si certaines personnes vivent dans des environnements tempérés et apprécient la constance des températures toute l'année, d'autres ont vraiment besoin de voir les saisons changer et la météo évoluer, c'est une façon pour elles de se restaurer. Pour cette catégorie de la population, chaque saison, chaque moment de l'année correspond à une période spécifique. Par exemple, l'automne est dédié au calme et à l'introspection tandis que l'été est davantage rythmé par les sorties et les découvertes. "Ces personnes qui voient des saisons se prolonger arrivent comme à bout de souffle à la fin de la saison et ont du mal à continuer à s'adapter et à se réguler. C'est ce qui suscite un sentiment de morosité et de déprime", poursuit la psychologue clinicienne.
Un facteur d'éco-anxiété
Pour d'autres personnes, la chaleur qui persiste représente un facteur éco-anxiété. Et pour cause, ces températures au-dessus des moyennes de saison sont directement liées au dérèglement climatique. Les saisons sont de moins en moins marquées avec des hivers moins froids, des automnes très doux et des étés de plus en plus chauds. Un phénomène qui n'est pas sans conséquences pour la planète et qui a de quoi susciter l'inquiétude. La chaleur qui persiste nous rappelle que cette tendance à la hausse des températures ne s'inversera pas : elle aura de fâcheuses conséquences sur la faune et la flore, ainsi que sur notre qualité de vie.
Relativiser pour aller mieux : "C'est temporaire"
La meilleure stratégie pour parvenir à surmonter cette déprime, c'est de rationaliser en relativisant un petit peu. En effet, ces chaleurs qui perdurent sont temporaires. "D'un point de vue personnel, elles peuvent être mal vécues mais il est essentiel de prendre son mal en patience et de se répéter que cette situation n'a pas vocation à durer. Il est important de relativiser sur l'impact que la chaleur persistante a sur nous émotionnellement. Certes, ce n'est pas agréable mais on n'est pas en danger non plus", nuance notre interlocutrice. On peut en profiter pour faire des activités d'intérieur si le fait de rester à l'extérieur devient compliqué : aller au cinéma, s'accorder plus de temps à la maison pour préparer l'entrée dans l'hiver, lire des livres qu'on n'a pas eu le temps de lire ou encore recevoir chez soi…Tout est dans l'adaptation.
Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, auteure de déconditionnez-vous ! (Éd. Le courrier du livre)