Qu'est-ce qu'une personnalité monomaniaque ?
"Je mange pratiquement la même chose depuis 6 ans" confiait la présentatrice Faustine Bollaert il y a quelques mois. Sa mère était aussi "un peu monomaniaque".
La monomonie est une sorte de TOC. Elle peut toucher divers domaines comme la nourriture. La présentatrice vedette de France 2, Faustine Bollaert, a par exemple confié à Télé 7 jours en février 2023 "manger pratiquement la même chose depuis 6 ans". Quelques années en arrière, elle racontait à Télé-Loisirs que sa mère était "un peu "monomaniaque"" : "Ma mère aimait nous faire plaisir, mais elle était un peu "monomaniaque", elle nous cuisinait toujours les mêmes plats. Des choses extrêmement basiques."
Que veut dire monomaniaque ?
En psychiatrie, la monomanie est un terme apparu au 19e siècle, aujourd'hui "très obsolète" nous précise d'emblée le Dr Nicolas Neveu, psychiatre à Paris. "Il renvoyait à une fixation excessive sur un sujet spécifique, à un trouble délirant mais n'est plus vraiment utilisé de nos jours, ajoute le psychologue Boris Charpentier. D'ailleurs, il n'est plus répertorié dans le DSM (Manuel international diagnostique et statistique des troubles mentaux." La monomanie n'est donc pas une maladie mentale. Selon Boris Charpentier, une personne monomaniaque souffre d'une idée fixe qui peut concerner un sujet précis ou un domaine en particulier. "Tout comme dans le TOC, le patient peut souffrir de pensées intrusives reliées à cette thématique et cela impacte la qualité de vie. Le fonctionnement normal est altéré sur un plan personnel, professionnel et social. On observe souvent la monomanie dans les personnalités psychotiques et également dans le trouble bipolaire" détaille-t-il.
Quels sont les signes pour reconnaître une personne monomaniaque ?
La personne monomaniaque présente une préoccupation obsessionnelle pour une thématique donnée. "Elle peut avoir des images ou des pensées intrusives ou des comportements ritualisés en lien avec l'obsession. On note aussi de grosses difficultés de concentration sur des thématiques qui ne concernent pas l'obsession du patient ou encore un fonctionnement altéré sur le plan social, professionnel et social et plus globalement sur tout ce qui ne concerne pas l'obsession", souligne le psychologue.
Quelles sont les causes de la monomanie ? Exemples ?
La monomanie peut être le symptôme :
► d'un TOC : "dans le Trouble obsessionnel compulsif, la monomanie se caractérise par des obsessions répétitives ainsi que par des pensées ou images intrusives qui génèrent une anxiété très forte. Le patient qui souffre de TOC a souvent des idées obsessionnelles relatives à la propreté, l'ordre, des pensées auto ou hétéros agressives. Il souffre également de comportements compulsifs qui ont pour objectif de soulager sa charge émotionnelle", détaille le spécialiste.
► d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA) : "dans ce cas, la monomanie peut prendre la forme d'une fixation excessive sur un sujet spécifique, comme un objet, une activité ou une routine".
► d'un trouble bipolaire : lors d'épisodes de manie, on observe une humeur élevée accompagnée d'idées grandioses : "Cela peut se manifester par des achats compulsifs, une activité sexuelle exacerbée ou un investissement dans des projets grandioses."
► d'un traumatisme : "parfois un événement traumatique peut favoriser l'apparition du trouble", complète le psychologue.
Le diagnostic n'est pas simple
Le diagnostic repose sur un examen clinique d'un psychiatre. "Le diagnostic n'est pas simple, car ce trouble peut s'apparenter aux TOC sur certains aspects. L'obsession concerne un seul domaine et n'est pas forcément accompagnée d'un sentiment de panique, il ne conduit pas le sujet à avoir des compulsions pour se soulager de ses pensées. Le patient a un intérêt obsessionnel pour un sujet et il va déployer toute son énergie psychique dedans si bien que cela va affecter toutes les sphères de sa vie", décrit notre intervenant.
La thérapie ACT pour guérir la monomanie
Selon le spécialiste, il est possible de guérir de la "monomanie". "La thérapie ACT, la troisième vague des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), permet d'apprendre au patient à changer le regard qu'il porte sur ses pensées. Elle l'amène à se détacher petit à petit de ces pensées sans pour autant chercher à les chasser. Le but est d'amener le patient à enrichir son existence en louant plus d'énergie aux autres sphères de sa vie et en fonction des valeurs qui sont importantes à ses yeux", explique-t-il. Pour le psychologue, cette thérapie peut se résumer en 4 axes :
- L'acceptation : c'est-à-dire l'accueil des pensées et des émotions liées à la monomanie, sans jugement
- L'engagement : l'identification des valeurs profondes, avec le patient afin de l'amener à s'engager dans des actions qui sont en accord avec ces valeurs, plutôt que de dépenser son énergie sur la monomanie elle-même
- La pleine conscience : l'ancrage dans l'instant présent, l'observation des pensées et des émotions sans s'y soumettre ou s'y identifier
- Le changement comportemental : la modification du comportement pour être en accord avec ses valeurs personnelles plutôt que d'agir en fonction de sa monomanie
La méditation pleine conscience est une autre piste à explorer. "Elle peut aider à développer une meilleure conscience de ses pensées et de ses émotions et apprendre à les observer sans s'y identifier ou y réagir."
Merci à Boris Charpentier, psychologue et coach et au Dr Nicolas Neveu.