Pulsion scopique : Freud, cause, c'est quoi ?

La pulsion scopique est une notion freudienne qui désigne le fait d'éprouver du plaisir en regardant quelqu'un d'autre. Elle fait partie du développement normal de l'enfant puisqu'elle lui permet de partir à la découverte du monde. Éclairage avec Véronica-Olivieri Daniel, psychologue clinicienne et psychanalyste.

Pulsion scopique : Freud, cause, c'est quoi ?
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Définition : qu'est-ce qu'une pulsion scopique ? 

La scopophilie, scoptophilie ou pulsion scopique fait partie des pulsions sexuelles courantes selon Freud. La scopophilie désigne plus exactement la prise de plaisir en regardant quelqu'un d'autre. La personne observée ne serait perçue que comme un simple objet, que le scopophile aurait l'impression de contrôler en le regardant. À noter que cette pulsion est indépendante des zones érogènes. "Longtemps attribuée à Jacques Lacan, la pulsion scopique est en réalité une notion freudienne qui date de 1905 et qui figure dans les trois essais sur la théorie sexuelle. C'est un texte qui traite du développement psychosexuel de l'enfant jusqu'à la puberté. La pulsion scopique est l'un des éléments fondamentaux pour que l'enfant développe sa curiosité autour de la sexualité. Mais c'est aussi une notion beaucoup plus élargie qui renvoie à l'observation des choses, comme par exemple le fétichisme des pieds", commente Véronica-Olivieri Daniel. 

Quelles sont les causes d'une pulsion scopique ?

La pulsion scopique fait partie du développement normal de l'enfant qui part à la découverte du monde : il regarde, il touche, il sent. Regarder, voir, est l'un des moyens les plus puissants que le petit enfant a pour découvrir le monde environnant. "Freud a décrit l'enfant comme étant un pervers polymorphe, animé par des pulsions diverses et variées, dont la pulsion scopique. Mais c'est seulement à l'adolescence que l'œil devient la zone érogène la plus forte et la plus éloignée des organes sexuels", précise la psychanalyste

Exemple de pulsion scopique ? 

La forme la plus connue de scopophilie est le voyeurisme mais des pulsions scopiques peuvent s'observer dans d'autres cadres. Aujourd'hui, les réseaux sociaux offrent cette possibilité de voir et d'être vu, de susciter l'intérêt et d'en retirer du plaisir. S'il appartient à tout un chacun de regarder des films pornographiques, de se rendre dans des lieux où les gens font des actes sexuels, la pulsion scopique prend une tonalité perverse lorsque la curiosité sexuelle devient trop intense.

La pulsion scopique n'est pas un symptôme

Comment traiter une pulsion scopique ? 

La pulsion scopique n'est pas un symptôme, il n'est donc pas question de traitement. La pulsion scopique fait partie de tout un univers psychosensoriel qui nous permet, au travers de nos yeux, de partir à la découverte du monde, dès la petite enfance. "Il convient de consulter un psychanalyste et d'entreprendre une thérapie quand la notion d'équilibre n'est plus là", prévient la spécialiste. Par exemple, lorsqu'un adolescent passe son temps sur des sites pornographiques ou des réseaux où il est question de sexualité. Ou encore, lorsque des adultes se retrouvent dans l'incapacité de faire l'amour sans avoir recours au voyeurisme. En fin de compte, tout est une question de place et d'intensité que cela prend dans la vie du sujet.  

Merci à Véronica-Olivieri Daniel, psychologue clinicienne et psychanalyste.