Que symbolise le phallus ? En psychanalyse ?

Le phallus est attaché à une forte valeur symbolique depuis de nombreux siècles, notamment de force, de puissance et de virilité. En psychanalyse, il est un élément symbolique de construction du sujet.

Que symbolise le phallus ? En psychanalyse ?
© Studio Romantic-Adobestock

Quelle est la définition de phallus ? 

"Le terme phallus désigne l'organe sexuel masculin ; on l'appelle pénis ou verge", explique le Dr Victor Soulier, chirurgien urologue et sexologue. Il peut être au repos (on parle aussi d'état flaccide) ou rigide lorsqu'il entre en érection. "L'érection est un phénomène physiologique par lequel l'organe sexuel masculin s'élargit, s'allonge en devenant rigide, par un afflux sanguin au niveau des corps érectiles (corps caverneux et spongieux)".  L'extrémité supérieure du pénis est aussi appelée le gland, qui est recouvert par le prépuce (repli cutané). "A son extrémité, se trouve le méat urinaire urétral, par lequel peut s'écouler l'urine au moment de la miction ou le sperme lors de l'éjaculation", détaille le Dr Soulier. En dessous du gland, se situe le corps du pénis. "Formé de tissus érectiles, il contient de nombreux vaisseaux sanguins artériels et veineux". On y retrouve :

► Le corps spongieux qui entoure l'urètre (canal urinaire) et qui se termine par le gland. C'est un corps érectile accessoire.

Les deux corps caverneux ; "ce sont les corps érectiles principaux, entourés d'une enveloppe élastique (l'albuginée) qui permet allongement et augmentation de volume lors de l'érection. En cas d'excitation, ces corps érectiles vont se remplir de sang, ce qui va permettre la rigidité". Au moment de l'éjaculation, le sperme est évacué par l'urètre. "Les corps caverneux sont solidement attachés à l'os iliaque (os du bassin), pour permettre une bonne stabilité du pénis lors des rapports sexuels pénétrants". Plusieurs muscles entourent les corps caverneux et spongieux : les muscles bulbo-spongieux et bulbo caverneux, qui se contractent au cours de l'orgasme, participant à l'éjaculation. "Le spécialiste du pénis est l'urologue, mais la plupart des médecins généralistes sont à l'aise avec la plupart des maladies touchant le pénis", rappelle notre interlocuteur.

Que symbolise le phallus ?

Le phallus est attaché à une forte valeur symbolique depuis de nombreux siècles. "Ainsi on le retrouve représenté dans de nombreux dessins, peintures, sculptures, ouvrages, représentations au travers des âges et périodes de l'Histoire, détaille Julie Condemine. Il est souvent un symbole de la libido, de la puissance et renvoie à la virilité et à la fécondité. On parle d'ailleurs d'"impuissance" lorsque certains troubles rendent l'érection difficile".

Que signifie le phallus en psychanalyse ?

En psychanalyse, il est un élément symbolique de construction du sujet. "Ce pouvoir se manifeste à travers nos désirs et leurs accomplissements qui pourraient nous amener à une satisfaction intense et jouissive de réalisation de soi, précise Gwennaëlle Deroost, sexothérapeuthe. Ce qui signifie que la représentation phallique est subjective puisqu'elle est individuelle et propre à chacun.e . De plus, ce désir phallique donc de puissance est souvent inconsciemment né de besoins manquants d'affirmation de soi (ou de frustration) depuis l'enfance (tel que le complexe d'Œdipe)". Ce besoin de puissance et d'affirmation de soi s'appuie aussi sur la représentation de la réalité de chacun.e à se percevoir et s'inclure dans la société. "Ce que j'appelle " le feu intérieur " dans lequel on sent ce grand désir d'exprimer sa puissance au monde, sa démarcation personnelle. Une fois accompli, ce pouvoir de réalisation se traduit alors par un sentiment de toute puissance, de se sentir vivant.e et présent.e sur cette terre. Notre phallus est alors bien érigé". Cependant, ce vouloir de puissance peut être complètement aveuglé, surdimensionné ou au contraire diminué. "Cela entraîne alors des déséquilibres relationnels ou des dérives comportementales se manifestant notamment par des relations affectives, intimes, sexuelles, professionnelles et personnelles dites "toxiques"". Par exemple, "nous pouvons avoir un phallus :
Blessé, castré, refoulé car nous n'arrivons pas à réaliser nos désirs et nous ne trouvons pas notre place, notre valeur dans notre vie, comment manifester notre puissance personnelle et la faire valider dans ce monde par manque de confiance/ d'estime de soi. 
Frustré par ce sentiment d'insatisfaction après avoir accompli un désir car inconsciemment nous jugeons que nous ne méritions pas notre place sur cette terre et nous aurons tendance à auto-saboter nos victoires d'accomplissements personnels et réduire notre puissance personnelle.
► Ou au contraire, ce phallus peut-être ce que j'appelle narcissique, c'est-à-dire qui s'appuie sur une soif constante de quête de pouvoir par l'imposition autoritaire et violente de ses valeurs, de ses désirs frustrés sans prendre en compte l'altérité diminuant ainsi les personnes en face de soi pour assurer sa place sur cette terre
".
Toutes ces images de ces phallus en désharmonie sont le résultat des facteurs inconscients et perturbateurs de notre passé. "Pour comprendre tous ces jeux de pouvoir ou de non-réalisation de soi, l'accompagnement psychologique et thérapeutique est primordial afin d'apporter de la conscience sur les enjeux inconscients et reprendre véritablement son pouvoir personnel", conclut la sexothérapeute.

Dysfonctionnement du phallus et psychologie

Il faut distinguer plusieurs types de maladies :

  • cutanées : phimosis (prépuce trop étroit), dermatoses, psoriasis, eczéma…
  • infectieuses : certaines Infections Sexuellement Transmissibles (IST) peuvent donner aussi des lésions cutanées du pénis (syphilis, herpès…) 
  • tumorales : certaines tumeurs malignes peuvent toucher le pénis.
  • traumatiques : le pénis peut se "fracturer" lors d'un choc ou d'une activité sexuelle traumatisante

Le pénis peut aussi être déformé en érection, soit de façon congénitale (courbure congénitale) ou de façon acquise, c'est la maladie de Lapeyronie. "Cette affection assez fréquente apparaît le plus souvent après 50 ans, qui peut toucher jusqu'à 8% des hommes. Elle peut faire suite à des microtraumatismes de la verge en érection, peut être favorisée par certaines maladies (diabète, HTA,). Le pénis peut alors se courber ou se déformer en érection ; cette pathologie est généralement associée à des douleurs en érection, un raccourcissement du pénis et des troubles de l'érection.

"Ces troubles peuvent gêner la sexualité et impacter la vie intime masculine"

Elle peut également toucher des patients beaucoup plus jeunes". La dysfonction érectile : Il s'agit d'une incapacité répétée à obtenir ou à maintenir une érection depuis plus de 3 mois ; elle est à distinguer de la simple "panne" d'érection. "Elle peut avoir une cause physiologique et/ou psychologique. Elle permet parfois de découvrir d'autres maladies cardio-vasculaires qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital (ex : maladies coronariennes)". Une autre maladie peut toucher le pénis lorsque l'érection ne disparaît pas spontanément : c'est le priapisme. "Ce terme est employé pour désigner une érection prolongée et douloureuse (plus de 3h) entraînant une ischémie de la verge. Le sang ne pouvant plus circuler, les tissus érectiles peuvent être lésés et devenir fibreux au-delà de 36H d'érection". C'est une urgence chirurgicale. Les facteurs favorisants sont multiples : prise médicamenteuses (ex : médicament favorisant l'érection), maladie génétique (drépanocytose), certaines hémopathies (leucémie…). Non traitée rapidement, elle peut avoir des conséquences graves sur la vie sexuelle. L'éjaculation peut aussi être perturbée. "Si elle est trop rapide (<30 secondes) on parle d'éjaculation prématurée ; si elle est trop tardive (>30 minutes) on parle d'éjaculation retardée, ajoute Julie Condemine, sage-femme et sexologue. Ces troubles peuvent gêner la sexualité et impacter la vie intime masculine". Dépistés, on peut proposer une prise en charge médicale et sexologique pour ce genre de problèmes.

Merci au Dr Victor Soulier, chirurgien urologue et sexologue à Saint-Etienne, à Mme Julie Condemine, sage-femme et sexologue à Saint-Étienne, et à Gwennaëlle Deroost, sexothérapeute à Lille et membre du comité Psychologue.net.

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