Nyctophobie (peur du noir) : cause, symptômes, se soigner
Si vous endormir avec la lumière éteinte génère une peur panique ou de l'angoisse peut être que vous souffrez de nyctophobie. Cette pathologie désigne une peur irrationnelle de la nuit et du noir. Quelles sont les causes et qui consulter ? Les réponses de Linda Amine, psychologue clinicienne spécialiste du sommeil.
Définition : c'est quoi la nyctophobie ?
Le mot nyctophobie vient des mots grecs anciens nuktalos, "nocturne", et phobie, "peur". Elle désigne une peur irrationnelle du noir et de la nuit. "Les personnes souffrant de nyctophobie peuvent ressentir une peur panique à la tombée de la nuit, pendant la nuit ou dans tout endroit où il fait sombre. Cela peut être une salle de cinéma tout comme la chambre à coucher", explique Linda Amine. Elle impacte la vie sociale des personnes et les capacités dans la journée si le sommeil est affecté, certaines personnes pouvant rester éveillées afin d'éviter d'être confrontées à cette situation. "Elles peuvent aussi chercher à éviter de se retrouver dans de tels environnements soit en y apportant un éclairage (telle qu'une veilleuse ou lampe de chevet qui reste allumée par exemple, ou en évitant tout simplement les sorties en environnements obscurs ou de façon générale de nuit", complète la psychologue.
Quelle est la différence entre nyctophobie et achluophobie ?
Pour la spécialiste, la nyctophobie et l'achluophobie désignent le même phénomène de peur spécifique de l'obscurité, du noir ou de la nuit. Étymologiquement le mot achluophobie est tiré du grec "achluo", devenir sombre, s'obscurcir, et "phobos", crainte. Cette phobie désigne ainsi la peur de l'obscurité.
Quelles sont les causes de la peur du noir ?
La nyctophobie illustre notre sentiment de vulnérabilité. "Il est important de rappeler l'existence d'une peur fondamentale, en lien avec le fait que dans le noir ou l'obscurité nous les humains ne voyons rien ou pas grand-chose. D'où une vulnérabilité de fait, que pouvaient déjà connaître nos ancêtres, dont les conditions de vie -notamment la nuit et pendant le sommeil - étaient d'ailleurs bien plus précaires", détaille Linda Amine. Chez les jeunes enfants, en général, elle se résorbe avec l'âge et peut être en lien avec une anxiété de séparation. "Il peut cependant perdurer, avec à l'âge adulte un sentiment de sécurité intérieure qui n'a pas pu être suffisamment installé", précise la psychologue. Il est aussi courant que la nyctophobie soit liée à un traumatisme en lien avec l'obscurité ou le noir. "La nyctophobie peut avoir pour origine un événement de nature traumatique, soit qu'il se soit produit durant la nuit ou dans l'obscurité, soit que ces dernières puissent rappeler ou faire craindre pareil événement de nouveau. À ce titre, des images de film d'horreur par exemple peuvent parfois avoir un tel impact", indique la spécialiste. Pour la psychothérapeute, cette phobie peut aussi s'inscrire dans le cadre d'un trouble anxieux plus large, avec alors un sentiment de perte de contrôle induit par l'obscurité ou la nuit. L'insomnie est une autre cause. Dans ce cadre, "les nuits peuvent être tellement difficiles que l'on peut en venir à les redouter, à ressentir une anxiété anticipatrice avant la tombée de la nuit ou même déjà si l'on y pense pendant la journée. À l'inverse, la nyctophobie peut avoir pour conséquence des troubles du sommeil, si les tensions sont trop grandes pour se laisser aller à dormir profondément".
Quels sont les symptômes d'une nyctophobie ?
"Comme pour toute phobie, il s'agit d'une peur exacerbée pouvant, dans les cas les plus sévères, donner lieu à de véritables attaques de panique avec les symptômes s'y rapportant (palpitations, vertiges, sentiment de mort imminent…)" souligne Linda Amine. Parmi les autres symptômes, on retrouve aussi les tremblements, les spasmes, les nausées, la tachycardie, les douleurs thoraciques, l'accélération de la respiration ou encore les troubles alimentaires (absence d'appétit, augmentation de l'appétit…). La peur du noir se manifeste également par le retard du coucher, le refus de dormir seul ou le fait de se réveiller plusieurs fois la nuit.
Qui consulter pour une nyctophobie ?
Il convient de consulter un psychothérapeute qui pourra proposer différentes approches.
Comment soigner la nyctophobie ?
Avec un professionnel, plusieurs pistes sont à explorer comme l'explique Linda Amine. "Si l'origine est d'ordre traumatique, il est cependant recommandé de traiter le traumatisme de façon ciblée, en EMDR par exemple. Néanmoins, cela n'exclut pas un travail psychothérapeutique plus complet, notamment dans des situations d'anxiété allant au-delà de la nyctophobie". Certaines personnes peuvent ressentir un soulagement après quelques séances d'hypnose ou de Thérapies comportementales et cognitives (TCC). Dans tous les cas, "Un état des lieux devra généralement être préalablement établi afin d'orienter le traitement le plus efficacement possible", conclut la psychologue.
Merci à Linda Amine, psychologue clinicienne spécialiste du sommeil, membre de l'Association européenne de Recherche et de Médecine du Sommeil et de l'Académie Américaine de Médecine du Sommeil.