Comment gérer la colère ?
La colère est souvent perçue comme une émotion négative annonçant une violence physique ou verbale. Elle traduit une frustration. Comment la maîtriser et vers quelles thérapies se tourner pour la calmer ? Le point avec Nourdine Tafticht, psychologue clinicien formé aux thérapies cognitivo-comportementales.
Définition : c'est quoi la colère ?
La colère est une émotion caractérisée par une tension et une hostilité face à une situation perçue comme blessante, injuste ou menaçante. "Cette émotion peut se manifester par des pensées obsédantes, des symptômes corporels tels que l'augmentation du rythme cardiaque et respiratoire, ainsi que par certains comportements allant du soupir aux gestes agressifs en passant par des jurons" définit Nourdine Tafticht, psychologue clinicien. Pour le psychologue, à l'image de la tristesse et de l'anxiété, elle peut aussi être une réaction saine et adaptée face à certaines situations. Il est cependant important de rester vigilant comme détaille le professionnel. "Plutôt qu'être une alliée face à certains obstacles, la colère nous entraîne vers plus de souffrance et de difficultés. Lorsque les manifestations de colère augmentent fortement en intensité et en fréquence, un diagnostic de TEI (trouble explosif intermittent) peut être évoqué".
Que cache la colère ?
Une colère peut être invalidante. Souvent, elle cache d'autres facteurs. Ces nombreux éléments peuvent ne pas sauter aux yeux mais sont susceptibles d'augmenter significativement le niveau de tension d'une personne et rendre ainsi plus difficile une bonne gestion de la colère. "Cela peut être des causes historiques comme les expériences relationnelles passées ou les traumatismes, mais aussi contextuelles tels que la présence d'un trouble anxieux, d'un burn-out, d'une dépression, d'une dette de sommeil, de la consommation d'alcool ou de drogues".
Comment maîtriser la colère et l'agressivité ?
Maîtriser la colère et l'agressivité est heureusement possible, notamment grâce à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). "Elle repose sur l'apprentissage et la mise en place d'un ensemble de stratégies permettant une meilleure gestion de la colère. Parmi ces stratégies, on peut mentionner la restructuration cognitive, la défusion, l'affirmation de soi, ou certaines techniques de respiration" explique Nourdine Tafticht. D'autres outils peuvent également être utilisés, comme la médiation de pleine conscience, ainsi que la communication non-violente (CNV). Les psychothérapies psychanalytiques peuvent aussi être abordées. "Elles vont moins se focaliser sur les situations problématiques actuelles et laisser plus de place à l'évocation de la colère comme moyen de construction dans la vie de l'individu. En créant un espace de parole libre et sécurisé, le thérapeute accompagne la personne à une meilleure compréhension (et donc régulation) de ses émotions" poursuit le psychologue. Pour le spécialiste, il est nécessaire de réaliser que le passage de la colère à certains actes agressifs (harcèlement, violences physiques ou sexuelles, violences éducatives, etc.) dépend également de facteurs sociaux et politiques qu'il faut identifier afin de mieux prévenir ces passages à l'acte.
Quels sont les médicaments pour calmer la colère ?
Plusieurs classes de médicaments sont largement étudiées et peuvent parfois être utilisées dans le traitement de la colère en fonction de la situation de la personne affectée. Parmi eux, les antidépresseurs, les neuroleptiques, les thymorégulateurs, les anticonvulsivants et les anxiolytiques. "Il est pertinent d'en parler à son médecin traitant ou à un psychiatre afin d'obtenir un avis personnalisé sur la question" conseille le psychologue.
Quand faire une thérapie de gestion de la colère ?
Si les manifestations de colère nous impactent ou affectent l'entourage de façon durable et/ou récurrente, il est préférable de tirer la sonnette d'alarme. "Il arrive régulièrement que l'évaluation en début de thérapie nous amène également sur d'autres difficultés qui avaient tendance à "nourrir" la colère : prise en charge d'un burn-out, gestion d'une dépendance (alcool, cannabis, ou autre)" complète le professionnel.
Merci à Nourdine Tafticht, psychologue clinicien formé aux thérapies cognitivo-comportementales.