Syndrome de l'infirmière : test, comment le soigner ?
Vous êtes souvent attirées par des partenaires qui ont des problèmes personnels ? Avec l'impression de devoir les aider voire les sauver ? Vous êtes peut-être atteinte du syndrome de l'infirmière. Quelles sont les causes ? Que faire pour s'en détacher ? Touche-t-il aussi les hommes ? Réponses et conseils avec le Dr Béatrice Millêtre.
Le besoin de sauver autrui, lorsqu'il est excessif et inconscient se traduit par un "syndrome de l'infirmière". La personne atteinte est attirée par des partenaires qui ont des problèmes personnels (dépression, addictions, phobie sociale etc). Cette pathologie est visible principalement en amour mais peut s'exercer dans tous les types de relations. Comment soigner le syndrome de l'infirmière ? Est-ce que les hommes peuvent être concernés ? Comment s'en sortir ? Quelles différences avec le syndrome du sauveur ? Conseils avec le Dr Béatrice Millêtre, docteur en psychologie.
Définition : qu'est-ce que le syndrome de l'infirmière ?
Le syndrome de l'infirmière se traduit par un besoin excessif de soigner l'autre. "L'infirmière ira donc exclusivement ou presque vers des partenaires "malades" au sens large : phobie sociale, addictions, timidité extrême, dépression, santé mentale instable..." explique le Dr Béatrice Millêtre, docteur en psychologie. "L'infirmière attirera principalement des profils qui recherchent une figure maternelle, soignante, d'autorité et qui attendent d'être sauvés. L'infirmière va tout faire pour résoudre le(s) problème(s) de son ou sa partenaire" précise notre interlocutrice. A savoir qu'il faut ici distinguer la volonté d'aider un conjoint dans le besoin, qui est une des bases d'un couple sain et le besoin pathologique de soigner l'autre. La volonté de sauver l'autre devient problématique lorsque la personne s'oublie, qu'elle vit pour le ou les autres. L'altruisme n'est pas un problème en soi, c'est ce que l'on en fait qui peut l'être.
Comment savoir si on a le syndrome de l'infirmière ?
Il n'existe pas de test pour diagnostiquer un syndrome. Il faut se poser les bonnes questions. Au bout de plusieurs échecs sentimentaux, on peut se demander si c'est un manque de chance ou si il y a des schémas récurrents. "Il est également intéressant de se poser la question du type de personnalité qui nous attire.
"L'infirmière cherche chez l'autre la confirmation qu'elle est quelqu'un de bien ce qui instaure un déséquilibre"
Si on a l'impression qu'on sauve notre partenaire et qu'il finit par partir une fois guéri ou que je les quitte parce qu'ils vont mieux et que je ne trouve plus de sens à la relation, que je me sens inutile une fois le partenaire guéri, alors il y a une problématique" détaille le médecin. "Si la personne comble les besoins de son/sa partenaire aux dépens des siens, il se peut qu'elle souffre du syndrome de l'infirmière" ajoute l'experte.
Pourquoi les femmes sont touchées par ce syndrome ?
Le syndrome de l'infirmière prend systématiquement ses racines dans le manque de confiance en soi. Cela peut survenir à la suite d'évènements que l'on a vécu, de notre propre personnalité, de l'enfance. "La confiance en soi est la base d'une relation saine et si la relation n'a pas de fondations stables ça ne pourra pas fonctionner. L'infirmière cherche chez l'autre la confirmation qu'elle est quelqu'un de bien et cela instaure un déséquilibre" indique le Dr Millêtre.
Quelles conséquences sur les relations avec les autres ?
Le syndrome de l'infirmière engendre des relations déséquilibrées (amitiés, amour, travail). "La personne s'oublie et ne vit que pour sauver l'autre. L'infirmière peut aller jusqu'à inventer des pathologies à son conjoint pour se donner l'impression de le soigner ou le rabaisser pour ensuite le réconforter" souligne le Dr Millêtre. "C'est une emprise malsaine. Or la relation aux autres fait partie des besoins de base. Si celle-ci est toxique, alors la personne se trouve dans un déséquilibre total" alerte l'interlocutrice.
"Est-ce que j'aide l'autre pour combler un manque ?"
Comment sortir du syndrome de l'infirmière ?
La première étape est de prendre conscience du problème pour enclencher une démarche. "Il faut se poser la question suivante : est-ce que ma volonté d'aider/de m'occuper des autres et notamment de mon ou ma partenaire comble un besoin, un manque ?, poursuit notre experte. Si ce besoin est intrinsèque au caractère de l'individu, ce dernier peut utiliser ce trait pour faire du bénévolat par exemple au lieu de l'exprimer de manière problématique". Un travail thérapeutique peut aider le patient à remettre à plat les bases d'une relation équilibrée. "Il faut se demander ce qu'on attend d'une relation, qu'est-ce que le fait d'aider l'autre satisfait chez nous comme besoin" préconise le Dr Millêtre. Finalement, il faut travailler sur sa confiance en soi. On peut le faire par un travail avec un thérapeute, des lectures, des webinaires ou faire appel à son réseau personnel (son cercle d'amis, sa famille etc).
Quelles différences avec le syndrome du sauveur ?
Le syndrome du sauveur concerne plutôt les valeurs de l'individu sauvé. Le sauveur veut remettre son conjoint sur le bon chemin, sauver des gens davantage moralement pour obtenir de la reconnaissance. La personne touchée par le syndrome de l'infirmière voudra soigner son conjoint atteint d'une maladie physique ou psychologique, de problèmes personnels. Il y a un besoin d'aider l'autre à l'extrême pour se sentir utile.
Le syndrome de l'infirmière existe-t-il chez les hommes ?
"Oui les hommes aussi sont touchés, c'est juste une expression comme celle du syndrome de sauveur, qui touche également les femmes" répond notre interlocutrice.
Merci au Dr Béatrice Millêtre, docteur en psychologie.