Dépression nerveuse : test, quels symptômes, que faire ?
Loin de n'être qu'un petit coup de blues, la dépression peut devenir un véritable obstacle à la vie de tous les jours. Comment la détecter ? Qu'est-ce qui la différencie d'un simple passage à vide ? Le Professeur Bénédicte Gohier, psychiatre au CHU d'Angers, nous éclaire à ce sujet.
Définition : qu'est-ce qu'une dépression nerveuse ?
La dépression nerveuse, plus simplement appelée "dépression", est un trouble de l'humeur qui se caractérise par une profonde tristesse, une irritabilité, un repli sur soi, une perte d'intérêt pour les activités habituelles, une grande culpabilité. Lorsque cet épisode dépressif dure depuis plus de deux semaines et que les émotions négatives entraînent des conséquences sur le fonctionnement quotidien, social, professionnel et personnel, on peut alors parler véritablement de dépression.
Quelles sont les causes ?
"On ne peut pas parler de cause de la dépression : elle est multifactorielle : la dépression réside dans la diminution des capacités à ressentir du plaisir ou des émotions positives. Elle résulte d'une diminution de certains neuromédiateurs au niveau du cerveau comme la serotonine et la noradrénaline ", explique le Pr Bénédicte Gohier. Souvent, une dépression n'arrive pas du jour au lendemain. L'épuisement s'intensifie au fur et à mesure parce qu'on n'a pas assez d'énergie émotionnelle pour surmonter les difficultés que l'on traverse. C'est un peu comme si le réservoir d'essence diminuait progressivement et à un moment donné, on n'a plus la capacité de l'approvisionner. Il se peut aussi que ce soit en lien avec un certain nombre d'événements de vie qui se sont produits.
Quels sont les symptômes ?
La dépression joue sur le sommeil, en entraînant des insomnies, des difficultés d'endormissement ou encore des réveils précoces. À la perte d'envie s'ajoutent des ruminations, la fatigue, la lassitude, le pessimisme, une diminution de la prise alimentaire et par conséquent un amaigrissement, de l'anxiété, des troubles de la concentration et de la mémorisation ainsi qu'un ralentissement général et des idées suicidaires.
Diagnostic et test
"Le diagnostic se fait essentiellement par l'entretien avec les patients. On évalue la qualité de leurs émotions, leurs réactions, les événements qu'ils ont traversés et on essaye de déterminer si cette dépression peut être liée à d'autres maladies, indique la psychiatre. Par exemple, une dysfonction de la thyroïde peut entraîner une dépression, tout comme certaines maladies neurologiques. Un cancer peut également réduire notre capacité à surmonter nos états émotionnels. Après avoir dressé un tableau clinique, le psychiatre va mettre en place un traitement adapté ".
Que faire et comment la soigner ?
S'il s'agit d'une forme légère de dépression qui entraîne des difficultés mais surmontables au quotidien, une psychothérapie va suffire. "Si l'on arrive encore à réguler les zones émotionnelles, cela signifie que la dépression n'est pas trop importante et que l'on va, par la psychothérapie pouvoir apprendre à mieux comprendre et à mieux contrôler ses émotions ", se réjouit la spécialiste. Lorsque l'on fait une dépression, on a une vision très péjorative de soi, du monde et des autres, c'est comme si on regardait le monde avec des lunettes noires. La psychothérapie va permettre de réinterpréter tout ça : ce n'est pas le monde qui va changer mais la manière de le regarder. "En revanche, s'il s'agit d'une dépression sévère accompagnée d'un amaigrissement important, de troubles du sommeil majeurs, d'une profonde tristesse qui nous empêche d'aller travailler et fait qu'on ne prend plus aucun plaisir à rien et que l'on a des idées suicidaires, il va falloir mettre en place un traitement à base d'antidépresseurs en plus de la psychothérapie ", prévient le Pr Gohier.
Merci au Professeur Bénédicte Gohier, psychiatre au CHU d'Angers.