Envie de suicide : comment ça arrive, comment s'en sortir ?
Certaines personnes sont confrontées à des envies de suicide au cours de leur vie. Différentes circonstances peuvent expliquer leur survenue. Comment y faire face ? Qui appeler ?
Depuis 2010, il y a eu une diminution du nombre de décès par suicide, faisait remarquer Santé publique France en février 2023. En 2021, le taux régional annuel d'hospitalisation pour tentative de suicide chez les 10 ans et plus se situe à 150 pour 100 000 habitants en France. Il varie selon les régions métropolitaines, de 70 pour 100 000 habitants en Corse à 268 pour 100 000 dans les Hauts de France soit près de 4 fois plus.
Qu'est-ce qui peut causer une envie de suicide ?
Plusieurs situations peuvent participer à la survenue de pensées suicidaires :
- Des problèmes de santé mentale (dépression, anxiété)
- Des conflits familiaux, amicaux, sentimentaux
- Le décès d'un proche
- Des problèmes financiers
- Un isolement
- La consommation d'alcool et de drogues
- Des problèmes médicaux et la prise de certains traitements (diabète, problèmes thyroïdiens, douleurs chroniques)
- L'orientation sexuelle (ex : regard de la famille sur l'homosexualité).
Qui sont les personnes les plus à risque ? Comment ça commence ?
"Face aux épreuves et aux revers de l'existence, les personnes anxieuses, dépendantes, exigeantes et évitantes éprouvent fréquemment un sentiment d'insuffisance et d'insécurité marqué par une perception d'une faible qualité de leurs ressources pour y faire face", explique Édith Rosset, psychologue.
Voici trois aspects spécifiques fréquemment observés chez ces personnes à risque :
► Un penchant pessimiste face aux épreuves de la vie. Leurs discours, souvent ponctués par des mots comme "Jamais", "Impossible", "Insoluble" et "Toujours", reflètent leur sentiment que les événements pénibles persistent dans le temps, comparés aux instants heureux qui s'évaporent vite.
► Une tendance à se sentir responsables, voire coupables de leurs échecs et à considérer leurs réussites comme une chance. Ce constat met l'accent sur un sentiment d'incapacité avec une remise en question dégradante où tourne en boucle des idées comme : "Je suis nul (le)", "Je suis un ou une incapable" et une absence de conviction en ses propres réalisations
► Une tendance à étendre la détresse et le désespoir dans tous les aspects de leur existence, avec un sentiment d'être incompris, sans soutien affectif et par conséquent de tendre vers l'isolement social.
Qui appeler en cas d'idées suicidaires ?
→ Il faut absolument communiquer le plus possible avec un proche dont vous avez conscience et avec lequel vous ne vous sentez pas jugé(e).
→ En cas d'isolement : contacter un numéro d'assistance pour parler à un professionnel susceptible de vous conseiller :
- Urgences psychiatriques : 01 43 87 97 97.
- SOS Psychiatrie : 01 47 07 24 24.
- SOS Suicide : 01 40 44 46 45.
- Suicide Ecoute : 01 45 39 40 00.
- Fil Santé Jeunes : 0800 235 236.
- Ecoute Santé: 0 800 150 160.
- SOS Amitié : 0 820 066 066.
- SOS Dépression : 0892 70 12 38.
→ Se débarrasser des moyens de se faire du mal : pilules, rasoirs, couteaux, armes à feux. Demander à un tiers de s'en charger si vous ne le pouvez pas.
Comment faire face et s'en sortir ?
Pensez à préparer un "plan d'urgence" pour faire face aux idées suicidaires lorsqu'elles surviennent. Celui-ci peut être réalisé en famille, il comporte des éléments d'action clairement formalisés auxquels se reporter en cas de crise : Il peut être utile de détailler les activités réconfortantes, ses raisons de vivre, les contacts pouvant être joints en urgence (parent, ami, thérapeute, ligne d'écoute...), le ou les endroits où l'on se sent en sécurité, les numéros d'urgence (psychiatrique, hospitalière)
Prévenir les pensées suicidaires
- Demander de l'aide auprès de professionnels de santé (psychiatre, psychologue)
- Suivre les prescriptions médicales
- Identifier les éléments déclencheurs
- Prendre des repas réguliers, faire de l'exercice physique, respecter ses rythmes de sommeil
- Avoir des activités de loisirs satisfaisantes
- Respecter une routine (heures de coucher, lever, programme d'activités)
- Se fixer des objectifs (voyage, lecture, reprise d'étude, etc.).
Merci à Édith Rosset, psychologue.