"Dangereuse voire mortelle" : l'association anti-inflammatoire / antibiotique doit être évitée
Angine, bronchite, otite, sinusite... Utilisés dans un contexte infectieux, les anti-inflammatoires peuvent représenter un réel danger pour la santé, y compris en cas d'association avec un antibiotique.
Le retour des virus marque celui de la réouverture de l'armoire à pharmacie et de la prise des médicaments disponibles pour se soigner, sans avoir vu le médecin avant. Ibuprofène (Nurofen®, Advil®), kétoprofène (Profenid®, Bi-profenid®), diclofénac (Flector®), naproxène (Apranax®), acide niflumique (Nifluril®), flurbiprofène (Strefen®, Antadys®), aspirine (Aspégic®)… Rares sont ceux qui n'ont jamais eu recours à ces médicaments lors d'un état infectieux, d'autant que certains comme l'ibuprofène ou l'aspirine, sont en vente libre en pharmacie. Ils sont parfois prescrits par le médecin lors d'une infection bactérienne courante comme une angine, une bronchite, une rhinopharyngite, une sinusite, une otite ou une infection dentaire, en association à un antibiotique. Il est ainsi courant de voir l'association anti-inflammatoire/antibiotique sur nos ordonnances pourtant elle n'est généralement pas recommandée. D'une part à cause de son absence de bénéfice médical dans les infections courantes, et d'autre part parce que l'utilisation d'un anti-inflammatoire dans un contexte infectieux peut être dangereux voire mortel.
Les anti-inflammatoires favorisent le développement des bactéries
De par leur mécanisme d'action dans l'organisme en supprimant l'inflammation, les anti-inflammatoires diminuent les réponses normales du système immunitaire et favorisent ainsi le développement des bactéries. C'est pourquoi ils peuvent être la cause d'infections graves avec des complications sévères et parfois même mortelles, chez les adultes et les enfants. Par exemple, ils peuvent entraîner :
- l'apparition d'abcès compliqué en cas d'angine,
- d'infections sévères de la peau et des tissus mous (dermohypodermites, fasciites nécrosantes),
- de septicémies,
- d'infections pulmonaires graves (pneumonies, pleurésies),
- d'infections ORL compliquées (cellulites, médiastinites)
- d'infections neurologiques (abcès cérébraux, méningites).
Ces infections graves voire mortelles sont souvent causées par des germes de type Pneumocoque ou Streptocoque, et peuvent survenir après de courtes durées de traitement, y compris lorsque l'anti-inflammatoire est associé à un antibiotique. Les études pharmaco-épidémiologiques mettent en avant l'aggravation possible des infections à Streptocoque suite à la prise d'AINS, par dissémination de la bactérie et diminution de l'effet de l'antibiotique.
Les anti-inflammatoires peuvent retarder la guérison voire aggraver l'infection
De plus, la prise d'anti-inflammatoire dans un contexte d'infection (bactérienne mais aussi virale, telle que la varicelle chez l'enfant ou le zona chez l'adulte) peut avoir pour effet de retarder la guérison ou d'aggraver l'infection et ce, même avec un traitement antibiotique en cours. Ce risque est d'autant plus grand si le choix de l'antibiotique n'est pas optimal, comme dans le cas où l'antibiotique prescrit n'est pas adapté au germe en cause, ou encore en cas de résistance bactérienne à l'antibiotique.
Enfin, lorsqu'ils sont pris dès le début d'une infection, les anti-inflammatoires, en diminuant l'inflammation et donc les symptômes associés (fièvre, douleur, rougeur), peuvent également masquer cette infection et conduire à un retard ou une erreur de diagnostic et de prise en charge. L'infection sera plus difficile et plus longue à soigner, avec possiblement une forme plus grave. C'est pourquoi la prise d'anti-inflammatoire au cours d'une infection, y compris en association à un antibiotique, peut représenter un réel danger pour la santé.
"L'association doit être exceptionnelle et sous contrôle médical"
Cette association doit être exceptionnelle et sous contrôle médical. Le recours aux anti-inflammatoires en automédication en cas de toux, d'infection de la peau, ORL, ou dentaire peut être très dangereuse. En attendant de consulter un médecin, le seul traitement recommandé pour soulager la douleur et la fièvre reste le paracétamol.
Seules des situations bien précises justifient le recours à un anti-inflammatoire en même temps qu'un antibiotique, comme par exemple dans les cas d'infections bactériennes dont l'origine est une cause inflammatoire, où dans ce contexte l'anti-inflammatoire sera alors nécessaire pour éradiquer ou empêcher l'infection. L'association anti-inflammatoire/antibiotique peut également être justifiée lorsqu'un état inflammatoire important se manifeste au cours d'une infection bactérienne, et à la stricte condition que cette infection soit parfaitement contrôlée (c'est-à-dire avec un antibiotique adapté et efficace contre le germe en cause). L'usage d'un anti-inflammatoire avec un antibiotique peut accélérer la guérison. Quand la prise d'AINS est nécéssaire, elle doit se faire à la dose minimale efficace et sur une durée la plus courte possible. Le traitement doit être arrêté dès la disparition des symptômes.