THS à la ménopause : recommandations et effets secondaires
Le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) est prescrit aux femmes touchées par une insuffisance ovarienne prématurée. Quels sont ses avantages ? Ses inconvénients ? Réponses avec le Dr Odile Bagot, gynécologue.
C'est quoi un THS ?
Le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) consiste à administrer des hormones naturelles (œstrogènes, progestérone voire les deux) pour remplacer celles que les ovaires ne sont plus en mesure de fabriquer à la ménopause.
Quelles différences entre THS et THM ?
Le THS (traitement hormonal substitutif de la ménopause) et le THM (traitement hormonal de la ménopause) sont deux termes différents pour désigner le même médicament. "Le terme THM est assez récent. Pendant longtemps, THS était le terme consacré parce qu'on faisait de la vraie substitution en redonnant aux femmes le taux normal d'œstrogènes qu'elles n'avaient plus du fait de la ménopause. Par la suite, la Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé de prescrire la dose minimum efficace après la ménopause survenant à un âge considéré comme normal, ce n'est pas une substitution complète mais le traitement des troubles de la ménopause" explique le Dr Bagot. Les seules différences résident dans le dosage et l'âge de survenue de la ménopause :
→ Le THM est administré aux femmes ménopausées à un âge normal (51 ans en moyenne) car c'est la dose minimale efficace sur les troubles climatériques, en particulier sur les bouffées de chaleur.
→ Le THS est réservé aux femmes ayant une ménopause précoce. "La ménopause précoce relève de la pathologie, il faut donc faire une vraie substitution hormonale. On ne donne pas la dose minimum efficace du THM (mais la dose nécessaire pour substituer ce que l'organisme devrait fabriquer en œstrogènes (50 microgrammes). Il s'agit d'une substitution, tout comme on donnerait des hormones thyroïdiennes à une femme en hypothyroïdie ou de l'insuline à une femme diabétique", détaille le Dr Odile Bagot.
THS ménopause précoce
Une ménopause est dite précoce lorsqu'elle survient avant l'âge de 40 ans. "On devrait plutôt parler d'insuffisance ovarienne prématurée (IOP) qui est la vraie dénomination. Toutefois, être ménopausée entre 40 et 45 ans, c'est quand même un peu tôt et ce n'est pas très bon pour la santé, on a donc intérêt à prendre un traitement de substitution", explique la gynécologue.
Quels avantages ?
Le THS correspond au traitement de la ménopause précoce qui n'est pas physiologique mais pathologique. Il est administré pour combler une carence hormonale et si on ne le fait pas, on prend des risques pour sa santé. "Ce n'est pas un traitement de confort comme le THM. Il faut garder à l'esprit qu'être ménopausée à 40 ans, c'est péjoratif pour sa santé parce qu'on va faire de l'ostéoporose plus tôt et que l'on va augmenter son risque cardiovasculaire, sans compter les désagréments du syndrome urogénital, avec notamment la sécheresse vulvovaginale et ses conséquences sexologiques. Or, le THS permet justement de prévenir l'ensemble de ces désagréments", précise la spécialiste.
Quels effets secondaires ?
Le THS est associé à un risque thromboembolique veineux (phlébite, embolie pulmonaire), à une légère augmentation du risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde) et d'accident vasculaire cérébral (AVC) la première année du traitement puis le risque artériel diminue. "En revanche, dans les ménopauses précoces (THS) il n'a jamais démontré une augmentation du risque de cancer du sein. On prend plus de risque à ne pas se traiter en étant ménopausée à 40 ans qu'en se traitant. Le THS n'entraîne pas d'effets secondaires puisqu'on vient juste compenser les hormones naturelles que fabriquait l'ovaire avant. Cela évite l'aggravation de l'ostéoporose, le vieillissement des vaisseaux artériels et le dessèchement des muqueuses vaginales et vulvaires", rassure le Dr Odile Bagot.
Prise de poids
"La prise de poids n'est pas liée à la ménopause mais à l'âge. Elle est physiologique à partir de 40-45 ans si on ne modifie pas ses habitudes alimentaires et si ne on pratique pas d'activité physique", nuance la gynécologue. C'est naturel puisqu'on a une perte de la masse musculaire. Au contraire, le THS va améliorer la qualité de vie, favoriser le sommeil, et par conséquent, susciter l'envie de faire du sport .
Fatigue
La prise du THS n'entraîne pas de fatigue. "Au contraire, ce qui fatigue c'est de manquer d'œstrogènes. Le THS va améliorer les troubles de l'humeur et du sommeil s'ils sont liés à ça", souligne le Dr Odile Bagot.
Saignement
Si le dosage du THS est correctement équilibré, et que l'on a choisi un schéma sans règles, il n'occasionne pas de saignements. Si c'est le cas, cela signifie que l'on n'était peut-être pas aussi ménopausée qu'on le pensait. "En tout cas, une échographie endovaginale avec mesure de l'endomètre permettra de vérifier l'absence de pathologie utérine", ajoute la gynécologue.
Est-ce conseillé ou pas ? Que dit la HAS ?
Dans un communiqué du 16 janvier 2014, la Haute Autorité de Santé (HAS) indiquait que les traitements hormonaux de la ménopause devaient être prescrits en cas de symptômes "gênants au point d'altérer la qualité de vie des femmes." Elle insistait sur la "nécessité d'une prescription à dose minimale et pour une durée limitée" et le fait que le traitement devait être réévalué "au moins une fois par an en prenant en considération l'évolution possible du rapport bénéfice/risque individuel." Pour sa part, le Dr Odile Bagot conseille de "traiter avec le THS jusqu'à l'âge de 45 ans minimum avant de diminuer aux doses minimum efficaces, quitte à faire un bilan de densité minérale osseuse (DMO) à 45 ans afin de voir si l'on peut adapter le traitement à la dose minimum efficace pour éviter les sécheresses vaginales et les bouffées de chaleur."
Merci au Dr Odile Bagot, gynécologue et auteure de Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée ! aux éditions Mango.
Source : Traitements hormonaux de la ménopause, Haute Autorité de Santé, juillet 2014.