Porphyrie : symptômes, foie, c'est quoi cette maladie rare ?
Hépatique, cutanée... Les porphyries regroupent des maladies génétiques rares caractérisées par l'accumulation de porphyrines par exemple dans le foie. Ces accumulations peuvent être responsables de divers symptômes lors de "crise" de porphyrie : douleurs abdominales, fragilité de la peau...
Définition : qu'appelle-t-on une porphyrie ?
Les porphyries sont des maladies génétiques rares qui se manifestent par la présence dans l'organisme de molécules précurseurs de l'hème (les "porphyrines"), retrouvées dans les urines, le sang et les selles. "Les porphyries sont classées de deux manières différentes, explique le Dr. Neila Talbi, médecin référent au Centre de Référence Maladies Rares pour les Porphyries. Une première classification distingue les porphyries en fonction du lieu majoritaire d'accumulation initiale des molécules, on parle alors de porphyries hépatiques (pour le foie) ou de porphyries érythropoïétiques (pour la moelle osseuse) ; une autre classification, plus clinique, distingue les porphyries en fonction des symptômes observés : porphyries à expression cutanée ou encore porphyries à expression neuro-viscérale".
Qu'est-ce qu'une porphyrie cutanée ? Quels symptômes ?
"Il s'agit d'une porphyrie hépatique due à un déficit partiel de l'activité d'une enzyme appelée Uroporphyrinogène décarboxylase (UROD)", indique le Dr. Talbi. Ceci conduit à une accumulation de porphyrines dans le foie qui passent ensuite dans le sang puis sous la peau. Ces porphyrines réagissent à l'exposition à la lumière. Les symptômes cutanés débutent habituellement à l'âge adulte, d'où le terme "tardive" que l'on rencontre parfois. "Il s'agit principalement d'une fragilité de la peau, d'une augmentation de la pilosité et d'une peau qui devient plus foncée", précise notre experte. On retrouve le plus souvent des facteurs déclenchant tels que la consommation régulière d'alcool, une surcharge en fer ou en graisses dans le foie, des infections virales du foie (hépatite C notamment) et le traitement par les œstrogènes. Lorsqu'elle est familiale, on retrouve une anomalie génétique favorisant la survenue de la pathologie. Lorsqu'elle se déclenche dans l'enfance, il s'agit de porphyries cutanées érythropoïétiques. "Elles se manifestent par des douleurs cutanées intenses sur une peau qui apparait normale, après exposition à la lumière dans les protoporphyries et par des délabrements cutanés dans la maladie de Günther", explique le Dr. Talbi.
Qu'est-ce qu'une porphyrie aigue intermittente ?
C'est la forme la plus courante de porphyrie hépatique aiguë. Elle est due à un déficit de l'enzyme porphobilinogène désaminase, qui provoque une accumulation dans le foie de précurseurs de porphyrines appelés acide delta-aminolévulinique (ALA) et porphobilinogène (PBG). Ils se diffusent ensuite dans l'organisme et provoquent une crise aiguë de porphyrie. "Les crises aiguës peuvent être déclenchées par certains médicaments et hormones, le stress et le surmenage, le jeûne, les infections et les fluctuations hormonales", indique le Dr. Talbi.
Quels sont les symptômes d'une crise de porphyrie ?
Tout dépend de sa localisation. "Le symptôme principal d'une crise de porphyrie hépatique aiguë est la survenue de douleurs abdominales intenses, de durée prolongée (plusieurs jours), en continue" précise l'experte du centre. D'autres symptômes peuvent se manifester en fonction du type de porphyrie :
- Des nausées et des vomissements, une constipation
- Une atteinte nerveuse à type de paralysie transitoire ou de troubles sensitifs ;
- Des troubles psychiatriques passagers dans certaines porphyries aiguës.
- On retrouve fréquemment des urines de couleur porto, après exposition à la lumière.
- Une baisse importante de la concentration de sodium dans le sang.
Diagnostic : comment détecter une porphyrie ?
Le diagnostic de la porphyrie se fait en période symptomatique par le biais d'une analyse d'urines (pour les porphyries responsables de crises aiguës) ou d'une analyse de sang (pour les porphyries à expression cutanée). Il s'agit d'y détecter la présence en grande quantité de porphyrines ou de leurs précurseurs.
Quel traitement pour soigner une porphyrie ?
Il n'existe aucun traitement curatif. Mais il est possible de traiter les différents symptômes. En cas de crise peu sévère, des antalgiques associés à un apport par voie intraveineuse de glucose et à du repos sont préconisés. Généralement, la crise aiguë disparaît spontanément en quelques jours. Certains symptômes peuvent néanmoins persister longtemps après la fin de la crise aiguë. Une prise en charge de ceux-ci est alors nécessaire. "Toutefois, dans les formes sévères, il existe un traitement curatif ponctuel des crises à base d'hème, précise notre expert, et depuis récemment, un traitement préventif de la récurrence des crises aiguës a été mis sur le marché".
En cas de porphyrie cutanée tardive, il est possible de mettre en place un traitement par saignées et/ou dérivés de la chloroquine, favorisant l'excrétion des porphyrines en excès et des mesures de photoprotection qui réduisent la sensibilité cutanée. "Enfin, en cas de porphyries cutanées érythropoïétiques, c'est l'éviction solaire et la photoprotection qui sont préconisées, recommande le Dr. Talbi. Des saignées peuvent être proposées, mais c'est la greffe de moelle osseuse qui représente pour le moment le seul traitement curatif. Une surveillance biologique et échographique est préconisée à partir de l'âge de 10 ans".
Merci au Dr. Neila Talbi, médecin référent au Centre de Référence Maladies Rares pour les Porphyries.