Dyskinésie : causes, symptômes, c'est quoi ?

Un dysfonctionnement parfois lié à Parkinson...

Dyskinésie : causes, symptômes, c'est quoi ?
© Eve Gilles 23 septembre 2024 / Lionel Guericolas/MPP/SIPA (publiée le 28/10/2024)

Les malades de Parkinson et leur entourage connaissent souvent le terme médical de "dyskinésie", moins le grand public. La Miss France 2024, Eve Gilles, a levé le voile sur cette "maladie invisible", précisément sur sa forme "paroxystique" dont elle souffre depuis ses 14 ans. "Je sentais que je ne contrôlais pas mon corps sur certains mouvements, ça peut être un bras qui part vers l'intérieur, ça peut être tout mon corps. Ça peut même être au niveau du visage. C'est pour ça que souvent, quand je fais une crise, je ferme les yeux. [...] Je ne veux pas qu'on me voie comme ça" a-t-elle raconté au média Konbini le 26 octobre. 

Définition : qu'est-ce qu'une dyskinésie ? 

La dyskinésie fait référence à des mouvements involontaires et anormaux du corps. "Ce sont des mouvements que je ne contrôle pas pendant un certain temps, entre 25 et 40 secondes" a partagé Eve Gilles dans son témoignage. On distingue plusieurs types de dyskinésies. "Il s'agit d'une pathologie complexe car elle rassemble différentes formes de mouvements involontaires choréiques et dystoniques" nous explique le Pr Luc Defebvre, neurologue au Centre expert Parkinson de Lille. Un mouvement choréique est un mouvement anarchique de balancement ou d'extension-flexion d'un membre, du cou ou du tronc tandis qu'un mouvement dystonique est une posture anormale d'une partie du corps. La dyskinésie survient souvent chez les personnes atteintes de troubles neurologiques, comme la maladie de Parkinson, en raison d'un déséquilibre dans la production de dopamine ou comme effet secondaire de certains traitements. Les mouvements peuvent être lents, saccadés ou incontrôlables.

La dyskinésie paroxystique dont souffre Eve Gilles n'est pas lié à la maladie de Parkinson. C'est un type spécifique de dyskinésie qui se manifeste par des épisodes ou "paroxysmes" soudains et temporaires de mouvements anormaux. Elle peut être déclenchée par certains facteurs comme le stress, le mouvement, la fatigue ou des changements émotionnels. Les crises peuvent durer de quelques secondes à plusieurs minutes, et entre les épisodes, la personne ne présente pas de symptômes moteurs particuliers.

La dyskinésie septale peut apparaître en cardiologie lorsque l'on suspecte une anomalie au niveau du septum interventriculaire du coeur. Elle peut survenir après un infarctus du myocarde ou témoigner d'une hypertension artérielle pulmonaire importante.

La dyskinésie ciliaire n'a pas de lien avec les dyskinésies neurologiques. Il s'agit d'une anomalie des battements des cils situés dans le nez et les bronches chargés de protéger les poumons des bactéries inhalées. Ces dyskinésies respiratoires seraient à l'origine de pathologie ORL chroniques tels que des rhinites, des rhino sinusites, des otites moyennes aigues répétées, une toux grasse chronique ou encore une dilatation des bronches. Dans 50% des cas, ce type de dyskinésie s'accompagnerait d'un situs inversus, c'est-à-dire une inversion des organes du thorax et de l'abdomen : on appelle alors cela le syndrome de Kartagener.

Quelles sont les causes de la dyskinésie ? 

La dyskinésie survient principalement après la prise d'un traitement pour soigner une psychose ou la maladie de Parkinson. Elle est induite par la prise de neuroleptiques ou par la prise de L-Dopa (Parkinson). D'après le Pr Defebvre, dans le cadre de la prise de neuroleptiques, deux situations sont possibles : "Une dyskinésie aigue – cas plus rare - qui intervient dès la première prise du traitement et dont les mouvements sont surtout dystoniques ou bien une dyskinésie plus tardive – plus fréquente – qui intervient après plusieurs mois ou années de prise de traitement et dont les mouvements sont à la fois choréiques et dystoniques". Dans le cadre d'une dyskinésie induite par la L-Dopa, deux schémas sont aussi visibles : "Une dyskinésie apparaissant juste après la prise du traitement ou à distance de la prise avec des mouvements dystoniques touchant plutôt les pieds ou bien une dyskinésie intervenant au pic d'action du traitement avec des mouvements plutôt choréiques touchant la partie supérieure du tronc, le cou, le visage ou les membres." Dans ce dernier cas, la crise peut durer de 30 à 45 minutes.  

C'est quoi une dyskinésie tardive ? 

La dyskinésie tardive est assez fréquente. "Elle intervient après plusieurs mois de traitements neuroleptiques. Les dyskinésies tardives surviennent principalement avec les neuroleptiques de première génération. Les mouvements peuvent être à la fois choréiques et dystoniques et sont situés principalement au niveau de la bouche, de la langue et du visage. Lorsque la dyskinésie est tardive elle est souvent permanente" souligne le Pr Defebvre. 

Quels sont les symptômes d'une dyskinésie ? 

Les symptômes principaux sont des mouvements non coordonnées, involontaires, répétitifs, saccadés ou non mais aussi des spasmes musculaires continus qui parasitent les mouvements involontaires. 

Comment est posé le diagnostic d'une dyskinésie ? 

"Tout d'abord, la dyskinésie se voit, elle ne peut pas se cacher. En s'informant sur son dossier médical, si le patient est atteint de Parkinson ou de psychose et est soigné par L-Dopa ou neuroleptiques, on comprend rapidement que ses mouvements relèvent de la dyskinésie." 

Comment soigner une dyskinésie ?

"Lorsque la dyskinésie est causée par la prise de neuroleptiques, il est possible de diminuer ou d'arrêter le traitement mais parfois, même en l'arrêtant, la dyskinésie persiste. Dans ce cas, nous sommes limités en termes de thérapeutiques : on peut proposer des injections de toxine botulique ou proposer un traitement proche des neuroleptiques appelé Xenazine", explique le neurologue. En cas de dyskinésie causée par le traitement de la maladie de Parkinson, il est possible d'adapter les doses du traitement ou de procéder à une stimulation cérébrale profonde.

Merci au Pr Luc Defebvre, responsable du service de Neurologie et Pathologie du Mouvement au CHU de Lille et Président du Collège des enseignants de neurologie.

Autour du même sujet