Dysesthésie : symptômes, cause, soigner
La dysesthésie correspond à une augmentation ou à une diminution de la sensibilité sur une partie du corps. Symptômes, causes, diagnostic, traitement...Éclairage avec le Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS.
Définition : c'est quoi une dysesthésie ?
On parle de dysesthésie lorsque la sensibilité d'une partie du corps est altérée. Les dysesthésies incluent les fourmillements, les picotements, les sensations de brûlure et/ou d'irritation, les douleurs et les engourdissements. La diminution (hypoesthésie) ou l'augmentation (hyperesthésie) de la sensibilité peut être associée. Les dysesthésies sont un symptôme témoignant d'une atteinte des fibres nerveuses portant la sensibilité thermo-algique : nerf périphérique, moelle, cerveau.
Quelle différence avec une paresthésie ?
"La différence entre une dysesthésie et une paresthésie est minime. Les paresthésies se définissent par des sensations anormales qui ne sont pas douloureuses (fourmillements ou engourdissements) tandis que le terme dysesthésie est d'avantage employé pour les douleurs de type brûlures et picotements", indique le Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre.
Quels sont les signes d'une dysesthésie ?
La dysesthésie se traduit par une sensation anormale d'origine nerveuse survenant sur une partie du corps. Elle peut se manifester par des fourmillements, des picotements, des engourdissements, ou encore des sensations de brûlures.
Quelle est la cause d'une dysesthésie ?
Les dysesthésies sont les symptômes d'une maladie et non une maladie en elle-même. Elles sont dues à une atteinte du système nerveux thermo-algique. "Celle-ci peut partir du nerf, comme dans le syndrome du canal carpien qui entraîne généralement des dysesthésies des trois premiers doigts de la main, ou en cas de compression trop longue d'un nerf", détaille la neurologue. Par exemple, quand on pose son coude sur la table, cela entraîne une dysesthésie dans les deux derniers doigts de la main. "En remontant plus haut dans le cheminement nerveux de la sensibilité thermo-algique, des lésions présentes au niveau de la moelle épinière occasionneront les mêmes symptômes avec une topographie un peu différente, cela peut notamment toucher tout le bas d'un hémicorps. Par ailleurs, l'atteinte de certaines zones du cerveau qui commandent la sensibilité sont susceptibles de provoquer des dysesthésies. C'est notamment le cas chez un sujet porteur d'une sclérose en plaques. Enfin, une maladie infectieuse telle que le zona peut atteindre le nerf et entraîner des dysesthésies", continue-t-elle.
Comment est posé le diagnostic d'une dysesthésie ?
"Le diagnostic d'une dysesthésie est posé à l'interrogatoire. Le neurologue va demander au patient s'il a des fourmillements et des sensations de brûlures, puis il va rechercher quel est le territoire nerveux atteint grâce à un examen neurologique complet. Il va ainsi pouvoir déterminer d'où provient la lésion, à savoir si elle est d'origine nerveuse, médullaire ou cérébrale", informe notre interlocutrice. Des examens complémentaires peuvent éventuellement être préconisés. En cas de suspicion d'atteinte des nerfs périphériques, un électromyogramme sera prescrit. Si le médecin pense que la moelle épinière est atteinte, il demandera une IRM médullaire. S'il suspecte que les dysesthésies sont liées à une anomalie dans le cerveau, il sollicitera une IRM cérébrale.
Traitement : comment soigner une dysesthésie ?
Le traitement d'une dysesthésie est celui de la cause qui l'a provoquée. Ainsi, s'il s'agit d'une sclérose en plaques, le traitement reposera sur l'administration d'immunosuppresseurs. En cas de zona, le patient se verra prescrire du Zélitrex. "Si un nerf est bloqué, comme dans le syndrome du canal carpien, une intervention chirurgicale sera nécessaire. S'il s'agit d'un simple blocage dû à un appui prolongé du coude sur la table par exemple, il suffit de bouger son bras. Lorsque les dysesthésies sont douloureuses, les antalgiques simples ne fonctionnent pas. Le neurologue peut alors proposer des médicaments tels que des antiépileptiques qui ont une efficacité prouvée sur ces douleurs", développe la spécialiste.
Merci au Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS.