Fibrillation ventriculaire : symptômes, ECG, traitement
Une fibrillation ventriculaire est un trouble grave du rythme cardiaque qui peut entraîner l'arrêt de la circulation du sang et donc la mort. Quels sont les symptômes d'alerte ? Les causes ? La prise en charge et le traitement ? Quand faire un ECG ? Envisager l'opération ? Réponses du Pr Jacques Mansourati, cardiologue.
Définition : qu'est-ce que la fibrillation ventriculaire ?
Les fibrillations ventriculaires se caractérisent par la disparition des contractions coordonnées des ventricules. Ces contractions, normalement bien organisées, sont remplacées par des contractions anarchiques et inefficaces (on parle de trémulation ventriculaire). "Le ventricule n'assure alors plus sa fonction de pompe. Il fibrille mais ne pompe pas suffisamment" décrit le Pr Jacques Mansourati, cardiologue au CHU de Brest, membre de la Fédération Française de Cardiologie (FFC). La fibrillation ventriculaire est la cause la plus fréquente de mort subite cardiaque.
Quels sont les symptômes ?
La fibrillation ventriculaire est un trouble du rythme cardiaque ultime qui entraîne un arrêt cardiaque : la personne perd connaissance en quelques secondes. La personne ne respire plus, son pouls et ses battements cardiaques ne sont plus perceptibles.
Quelles sont les causes ?
Les maladies cardiaques sont à l'origine d'une fibrillation ventriculaire. La cause la plus fréquente est un infarctus du myocarde. Une insuffisance cardiaque, des maladies cardiaques héréditaires peuvent aussi entraîner une fibrillation ventriculaire. "S'il y a une mort subite dans une famille, il est ainsi important de faire une enquête génétique et un bilan cardiologique des membres de la famille" informe le Pr Mansourati. Une cause iatrogène, comme une consommation de cannabis ou de drogue, est également une cause possible de fibrillation ventriculaire.
Quelles sont les conséquences ?
Il faut agir en moins de 4 minutes !
"La conséquence d'une fibrillation ventriculaire est un arrêt cardiaque. Le cerveau n'est plus irrigué" informe le Pr Mansourati. Celui-ci insiste sur l'urgence d'agir. "Les témoins qui voient une personne perdre connaissance et dont le cœur s'arrête doivent appeler le SAMU (15) et faire un massage cardiaque afin de remplacer le ventricule qui n'assure plus son rôle de pompe et utiliser un défibrillateur s'il y en a un à proximité ". Il ne faut pas s'inquiéter de mal faire, mieux vaut faire mal que de ne rien faire du tout. Il faut agir en moins de 4 mn, les lésions cérébrales devenant irréversibles au-delà de 5mn. " 1mn de perdu, c'est 10% de chance de survie en moins" alerte le cardiologue. La Fédération Française de Cardiologie (FFC) avait insisté lors de sa première campagne en 2006 sur la nécessité de former tout le monde aux gestes de premier secours. "En France, nous sauvons 10% des personnes faisant un arrêt cardiaque, dans les pays bien organisés en termes de formation aux premiers secours on en sauve 30%" indique le cardiologue.
Quel est le diagnostic ?
"Une fois que le patient réanimé, il est admis en soins intensifs ou en réanimation selon la nécessité de l'intuber et de le ventiler ou non puis nous réalisons un bilan à la recherche de la cause en particulier cardiaque, avec une échographie du cœur et un électrocardiogramme (ECG) afin de trouver la cause" informe le Pr Mansourati.
Quels sont les traitements ?
Le traitement de la fibrillation ventriculaire consiste en un massage cardiaque et un choc électrique (défibrillation) de toute urgence. Ensuite, c'est la cause qui est traitée. "Si un infarctus est la cause de la fibrillation ventriculaire, le SAMU transfère le patient en salle de coronarographie et l'artère coronaire responsable de l'infarctus est dilatée puis la personne est placée en soins intensifs" indique le cardiologue. Lorsque la fibrillation ventriculaire est liée à une autre cause cardiaque, le traitement est adapté à chaque situation et un défibrillateur pourrait être implanté.
Quand envisager l'opération ?
L'implantation d'un défibrillateur automatique est réalisée chez les personnes présentant une fibrillation ventriculaire en rapport avec une atteinte du muscle cardiaque (dilatation ou épaississement), une anomalie d'ordre génétique ou en l'absence de cause évidente, comme lors de la survenue d'un infarctus du myocarde. "Lorsqu'aucune cause de fibrillation ventriculaire n'est trouvée après un bilan, nous pouvons implanter un défibrillateur en attendant de trouver la cause. Si cela récidive, nous évitons le décès" enseigne le Pr Mansourati, qui souligne que des maladies que l'on ne connaissait pas jusqu'à présent sont découvertes grâce aux progrès de la génétique.
Merci au Pr Jacques Mansourati, cardiologue au CHU de Brest, membre de la Fédération Française de Cardiologie (FFC).