Pacemaker : définition, avantage, inconvénient de la pile cardiaque
Le pacemaker ou "pile cardiaque" est un stimulateur cardiaque implanté sous la peau d'un patient, quand le stimulateur naturel de son cœur est défaillant. Comment se déroule l'intervention de l'implantation de l'appareil ? Quels sont les risques à connaître ? Réponses du Docteur Franck Mourot, cardiologue à Marseille.
Qu'est-ce qu'un pacemaker ?
Le pacemaker, aussi appelé "pile cardiaque", est un stimulateur cardiaque implanté sous la peau d'un patient lorsque la fréquence du cœur est trop lente, "qui envoie des impulsions électriques aux oreillettes ou aux ventricules du cœur, parfois aux deux, en s'appuyant sur une électronique sophistiquée qui permet leur synchronisation optimale", définit le Docteur Franck Mourot, cardiologue à Marseille. Grâce et par cet appareil, le cœur est généralement stimulé à 70 coups par minute. "Mais cette fréquence varie selon la pathologie", nuance le spécialiste.
Quelle est la durée de vie d'un pacemaker ?
Le pacemaker a une durée de vie de huit voire dix ans, selon le cardiologue. Mais "le fabricant indique que sa durée de vie est en moyenne de cinq ans", ajoute-t-il, "car il le vend avec un réglage qui délivre une quantité d'énergie importante à chaque impulsion, pour être à l'abri en cas d'éventuels accidents". Mais un autre réglage, réalisé par un cardiologue, permet d'économiser de l'énergie et donc, de rallonger la durée de vie de l'appareil. Par ailleurs, les sondes sont implantées à vie.
De quoi se compose un pacemaker ?
Cette pile cardiaque se compose de deux parties : un générateur d'impulsions (dans un un petit boîtier), et deux sondes (électrodes) vissées dans le ventricule droit et l'oreillette droite, qui permettent d'établir une connexion entre le boitier et le cœur. "Le boîtier, dans un métal neutre pour l'organisme, résistant à l'oxydation et parfaitement étanche (pour qu'il n'y ait pas d'entrées de liquide sanguin qui endommagerait voire désactiverait le circuit), en titane souvent, contient une batterie, en lithium, et un circuit électronique", détaille le cardiologue.
L'impulsion électrique n'est délivrée que si le cœur oublie un battement.
Il précise que ce circuit peut se décomposer en deux parties : une première, dont le rôle est d'écouter le cœur et s'il bat correctement, et une seconde, qui se met à stimuler, si la précédente lui indique avoir détecté une anomalie. L'impulsion électrique n'est donc délivrée que si le cœur oublie un battement. "La plupart des stimulateurs dispose également d'un algorithme qui permet d'adapter leur fréquence à l'activité physique du patient, de s'accélérer à l'effort et ralentir au repos", complète l'interrogé.
Quelles sont les indications de la pose d'un pacemaker ?
La pose d'un pacemaker est indiquée pour les patients qui souffrent d'essoufflements, de fatigue ou encore de perte de connaissance et risquent la syncope voire la mort subite, "à cause de la fréquence cardiaque ralentie de façon extrême, voire de pauses plus ou moins longues", éclaire le spécialiste. Cette maladie, caractérisée par un rythme cardiaque trop lent, est nommée la bradycardie. Le circuit électrique du pacemaker vient donc remplacer le circuit naturel du cœur défaillant. Outre ce cas, majoritaire, le pacemaker est également indiqué en cas d'insuffisance cardiaque. Cette fois, trois sondes - les deux habituelles pour l'oreillette droite ainsi qu'une troisième pour le ventricule gauche - sont alors posées.
Opération : comment se passe la pose d'un pacemaker ?
La première implantation se déroule en salle d'électrophysiologie, dans un centre cardiologique, un hôpital, ou une clinique, spécialisés dans la pose de pacemaker. Installé sur la table d'examen en position dorsale, le patient est placé sous anesthésie locale. Le médecin réalise une incision sous la clavicule afin d'implanter les sondes. Sous contrôle radioscopique, "une première électrode est insérée par voie veineuse et "poussée" dans l'oreillette droite, puis une seconde, dans le ventricule droit. Une fois placés, ces conducteurs sont fixés et connectés au boîtier, implanté près du muscle pectoral. Le professionnel recoud ensuite la peau", développe le cardiologue. "Cette intervention dure environ 30 à 40 minutes" informe-t-il, avant de préciser que l'opération est différente lorsqu'il s'agit d'un remplacement de pacemaker, et non d'une primo-implantation. "Pour cette intervention, moins longue, le patient implanté est également opéré sous anesthésie locale. Le médecin réalise une incision de peau, puis il dévisse les électrodes, remplace le stimulateur, et revisse", explique en des termes clairs l'interrogé.
Le pacemaker peut être sensible aux ondes.
Peut-on faire du sport avec un pacemaker ?
Oui, le patient implanté peut pratiquer une activité physique, acquiesce le cardiologue. Sauf le mois suivant l'intervention. Ces quatre premières semaines, "le temps que les électrodes soient correctement fixés dans le cœur", la pratique d'un sport est contre-indiquée.
Quels sont les risques et inconvénients du pacemaker ?
"Le stimulateur peut être sensible à certaines ondes", renseigne le Docteur Franck Mourot. "À proximité des plaques de cuisson à induction, l'appareil peut se mettre au repos", prévient-il. Il recommande de ne pas patienter devant ces plaques durant toute la cuisson, mais de passer rapidement pour les allumer, puis pour les éteindre. Pour ces mêmes raisons, une personne porteuse d'un pacemaker doit traverser rapidement et non stationner sous les portiques de sécurité situés à l'entrée d'un magasin, ou dans un aéroport, par exemple. Il peut aussi les éviter en présentant sa carte de porteur de pacemaker, qui lui a été délivrée après l'opération.
La longévité est de 10 à 15 ans.
Peut-on utiliser un défibrillateur sur une personne qui a un pacemaker ?
"En cas d'urgence, on peut utiliser un défibrillateur", dit le Docteur, qui précise aussitôt : "Le patient doit aller rapidement faire contrôler son pacemaker ensuite, pour s'assurer que le choc n'a pas causer de dégâts sur le boîtier ou sur les électrodes." Le cardiologue informe qu'il existe également des défibrillateurs automatiques implantables (DAI). Ce sont "des dispositifs plus complexes, qui permettent à fois de stimuler le cœur et de délivrer un choc électrique lorsque l'appareil détecte et analyse un trouble du rythme menaçant."
Y a-t-il des risques en cas d'orage ?
L'interrogé rassure : le stimulateur cardiaque ne risque aucun endommagement en cas d'orage, et le porteur, ne court aucun danger.
Quand changer la pile du pacemaker ?
"On ne change pas la pile seulement, mais l'ensemble du boîtier, qui comporte cette pile", appuie-t-il. Cette pile en lithium qui alimente le boîtier se décharge lentement, elle ne s'arrête pas brusquement. Sa longévité (entre 10 et 15 ans) dépend de la dépendance du sujet vis-à-vis de cette pile. Son bon fonctionnement est contrôlé par le cardiologue qui suit le patient implanté, une à deux fois par an.
Quelles sont les contre-indications ?
"Il est mentionné sur la carte d'identification remise au porteur de pacemaker après l'implantation quand l'appareil est IRM compatible", indique le Docteur Franck Mourot. Sans cette mention, le patient a la formelle interdiction de passer un IRM, " champ magnétique extrêmement puissant", souligne-t-il.
Jusqu'à quel âge peut-on le poser ?
Les patients implantés du cardiologue ont jusqu'à 90 ans. Une confidence de l'interrogé pour indiquer qu' "il n'y a pas d'âge" pour poser le dispositif. Quant aux jeunes patients, qui doivent être appareillés dès la petite enfance, les cardio-pédiatres vissent lors de la première implantation des électrodes capables de s'étirer à mesure que l'enfant grandit.
Faut-il le retirer en cas de décès ?
Le spécialiste informe qu'en cas de crémation, le pacemaker doit obligatoirement être retiré du corps du défunt. Le crématorium pose la question aux proches avant la réduction en cendres. Sans quoi, le pacemaker peut faire exploser le four, et causer des dégâts de plusieurs milliers d'euros, à la charge des endeuillés. Si le défunt est inhumé, le pacemaker peut être laissé.
Combien ça coûte ?
En France, un stimulateur cardiaque vaut environ entre 1.500 et 3.000 euros, et les sondes coûtent entre 400 et 500 euros. Les tarifs et les prix limites de vente au public de ces produits sont fixés par le code de la sécurité sociale, et détaillés dans un avis disponible en ligne, publié par le Ministère de la Santé et des Solidarités. Le dispositif est intégralement remboursé par la Sécurité sociale.
Merci au Docteur Franck Mourot, cardiologue à Marseille.