Consomme-t-on réellement trop d'antidépresseurs en France ? Le rôle clé du médecin généraliste
Autre chiffre notable issu du Bulletin épidémiologique du 23 septembre 2008, environ 80 % des prescriptions d'antidépresseurs sont faites par des médecins généralistes. Le problème provient-il de ce côté-là ? Auraient-ils tendance à avoir l'ordonnance facile, sans chercher à aiguiller les patients vers d'autres spécialistes ou d'autres types de thérapie ? Mais tout n'est pas si facile pour ces médecins du quotidien qui se retrouvent le plus souvent démunis face à la souffrance de certains patients qui se présentent à eux.
Le problème du suicide
La solution médicale est bien souvent la seule qu'ils aient à proposer "car ils n'ont pas les armes pour répondre autrement, concède le psychiatre Bertrand Gilot. En particulier, lorsque se présente un patient avec un fort risque suicidaire, la prescription d'antidépresseur peut s'avérer nécessaire mais elle n'est pas une réponse de l'urgence, compte tenu du délai d'action de ces médicaments. Une psychothérapie est naturellement la véritable solution sur le long terme, mais pas sur le court terme..." En France, il y a 12 000 suicides par an. "Et quand on est face à un patient avec un fort risque suicidaire, il faut en parler, insiste le psychiatre. Il faut mettre des mots, ne pas hésiter à lui demander s'il pense à se suicider. Le suicide, c'est dangereux si on n'en parle pas."