Ce que signifie réellement la ligne sur un comprimé : une pharmacienne alerte sur une erreur dangereuse
Entre surdosage brutal et inefficacité du traitement, voici pourquoi ce simple trait visuel est souvent trompeur et comment faire la différence pour prendre vos médicaments en toute sécurité.
Pour ajuster un traitement médicamenteux, il est parfois nécessaire de diviser la dose : c'est le rôle des comprimés dits "sécables". Ces médicaments possèdent une rainure centrale (ou une croix) spécifiquement conçue pour les couper en parts égales. L'exemple le plus connu est le Lexomil® (anxiolytique), dont la forme de barrette est officiellement "quadrisécable". Pour ces produits, le laboratoire garantit que le principe actif est réparti de façon homogène dans tout le cachet. En le coupant, vous avez donc la certitude d'absorber exactement la fraction de dose souhaitée. Mais attention, car une rainure sur un médicament ne signifie pas forcément qu'il est sécable.
De nombreux comprimés affichent une ligne similaire qui n'est qu'une "barre de cassure", un piège visuel fréquent. Comme l'alerte la pharmacienne @Topiramatee sur X : "On distingue deux types de traits : la barre de sécabilité et la barre de cassure". Si la première permet de doser, la seconde sert uniquement à réduire la taille du comprimé pour aider les personnes ayant des difficultés à avaler, mais la totalité des morceaux doit être ingérée. La confusion est risquée car "la répartition du principe actif [...] n'est pas nécessairement homogène, par conséquent avaler la moitié d'un comprimé expose le patient à un risque de surdosage ou de sous-dosage" prévient le Moniteur des Pharmacies.
Cette erreur d'appréciation peut s'avérer dangereuse, "sans compter que certains médicaments ne doivent pas être coupés", insiste @Topiramatee. C'est le cas critique des traitements à Libération Prolongée (LP), comme les antidouleurs type Tramadol LP. Si vous coupez ces médicaments techniques, "vous allez détruire sa structure", prévient la pharmacienne. Les conséquences physiologiques sont lourdes : "Le principe actif qui devait se libérer progressivement sur 12 heures va se libérer d'un coup". Ce phénomène expose le patient à une toxicité immédiate par surdosage, suivie d'une inefficacité thérapeutique pour le reste de la journée.

Qu'en est-il des médicaments qui n'ont aucune rainure et que l'on est tenté de couper soi-même ? "C'est la même problématique qu'avec la barre de cassure : vous n'avez pas de garantie que vous aurez strictement des parts égales en terme de teneur en principe actif", explique @Topiramatee. De plus, certains comprimés sont enrobés pour protéger les muqueuses ; les briser peut provoquer des brûlures ou des ulcères, comme le rappelle l'OMEDIT dans ses recommandations de bon usage. C'est notamment le cas de certains médicaments contre l'ostéoporose ou gastro-résistants dont le pelliculage ne doit jamais être rompu.
Pour éviter tout accident, la vigilance est de mise. "Seuls les comprimés dont le conditionnement ou la notice précisent qu'il s'agit de "comprimés sécables" peuvent être coupés pour réaliser des demi-doses", rappelle le Moniteur des Pharmacies. Il est donc essentiel de vérifier cette mention sur la boîte ou la notice. Si vous avez perdu l'emballage, l'information est disponible gratuitement en ligne sur la Base de Données Publique des Médicaments. Enfin, en cas de doute, demandez confirmation en pharmacie.