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Prescrits pour soigner le cancer, ces médicaments peuvent en entraîner un deuxième...

"Des cas ont été rapportés jusqu'à plusieurs années après l'administration."

Le risque a été indiqué par les autorités sanitaires dès la mise sur le marché de ces médicaments mais les patients n'en sont pas forcément informés. Et ce risque était moindre que les bienfaits d'où la validation de leur commercialisation. Mais aujourd'hui, face à de nouvelles études, le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l'Agence européenne des médicaments (EMA) "alerte les professionnels de santé sur le risque de cancers secondaires liés aux cellules T avec les médicaments de thérapie génique appelés "CAR-T cells" " rapporte l'Agence du médicament en France (ANSM), le 26 juin. On parle de "cancer secondaire" lorsqu'un patient atteint d'un cancer (présent ou passé) développe un deuxième cancer différent du premier cancer. 

Les CAR-T cells sont la base d'une nouvelle approche de traitement contre le cancer qui repose sur l'immunothérapie c'est-à-dire sur la stimulation du système immunitaire du patient malade contre les cellules cancéreuses. Concrètement, des globules blancs (cellules T) du patient sont prélevés, modifiés génétiquement pour cibler les cellules cancéreuses puis réinjectés au patient. Les premiers médicaments de ce type ont été autorisés en France en 2018 dans la prise en charge de cancers du sang (leucémies par exemple) et des lymphomes. Si le PRAC tire le signal d'alarme aujourd'hui c'est après avoir évalué les données relatives à 38 cas de cancers secondaires liés aux cellules T, rapportés sur environ 42 500 patients traités avec des CAR-T cells.

"Les patients doivent être surveillés"

Des prélèvements biologiques ont été testés dans la moitié des cas, révélant la présence de la construction génétique des CAR-T cells dans 7 cas. Cela suggère, pour ces derniers cas, que les CAR-T cells ont pu jouer un rôle dans le développement de ces cancers secondaires.
"Des cas ont été rapportés dans les semaines et jusqu'à plusieurs années après l'administration de CAR-T cells" précise l'ANSM. Une étude publiée en juin 2024 dans le New England Journal of Medicine et menée sur 724 patients ayant reçu des thérapies par lymphocytes T a conclu que le risque de seconde tumeur était "rare". Pour autant, selon l'ANSM "les patients traités avec ces médicaments doivent être surveillés tout au long de leur vie pour détecter la présence éventuelle de cancers secondaires. En France, les médicaments concernés sont :

  • Abecma (idecabtagene vicleucel) ;
  • Breyanzi (lisocabtagene maraleucel) ;
  • Carvykti (ciltacabtagène autoleucel), en arrêt de commercialisation en France depuis le 29 mars 2023 ;
  • Kymriah (tisagenlecleucel) ;
  • Tecartus (brexucabtagene autoleucel) ;
  • Yescarta (axicabtagene ciloleucel).

L'Europe n'est pas la seule à considérer le risque possible lié à ces médicaments. Aux Etats-Unis, l'Agence américaine du médicament (FDA) a ouvert une enquête en novembre 2023 "sur un risque sérieux" de second cancer après des immunothérapies par lymphocytes T.