Mercaptan : le dégagement gazeux est-il sans danger ?
Une fuite importante de mercaptan depuis l'usine Lubrizol de Rouen, provoque le dégagement d'une odeur incommodante, ressentie de la Haute Normandie à l'Ile de France. Un gaz sans danger pour la santé, selon le Ministère de l'Intérieur.
[Mis à jour le 22 janvier 2013 à 18h16]. Hier, lundi 21 janvier, l'usine Lubrizol à Rouen a détecté une émission de gaz incolore, le mercaptan. La fuite a provoqué un dégagement d'une odeur incommodante, perceptible jusqu'en Ile de France. Ce qui a généré au cours de la nuit un afflux macif d'appels auprès des services de secours. Selon le communiqué publié ce jour par le Ministère de l'Intérieur, le mercaptan est "un marqueur très olfactif, de type gaz de ville, connu de tous, et qui ne présente pas de risques pour la santé." Et compte-tenu de l'absence de danger, "les habitants des départements concernés sont invités à ne pas joindre les services d'urgence, afin de ne pas saturer les lignes de secours", est-il précisé dans le communiqué. Pourtant, le mercaptan est un composé soufré de la famille des thiols et qui peut être classé selon sa formule chimique, comme toxique (pour le méthanethiol) ou nocif (pour l'éthanethiol) et dans tous les cas, comme dangereux pour l'environnement, selon la fiche toxicologique rédigée par l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Les premiers symptômes constatés lors d'une intoxication aiguë par sa forme la plus dangereuse (le méthanethiol) sont "une irritation pulmonaire (douleur thoracique et toux), des nausées, vomissements et diarrhées", est-il précisé. Selon Michèle RIVASI, députée européenne Europe Ecologie Les Verts, les autorités ont failli dans l'application du principe de précaution : "Les autorités sont parties du principe que la concentration en gaz était suffisamment basse pour ne pas déclencher d'alerte, mais il ne s'agit là que d'un calcul lié à une valeur limite d'exposition pour des individus bien portants. La fiche toxicologique du méthanetiol n'a rien de rassurant: il est toxique par inhalation. On ne classe pas une industrie Seveso s'il n'y a pas de risques liés à l'exploitation de quantités importantes de produits chimiques nocifs pour la santé et l'environnement, et dans le cas présent les quantités présentes risquent d'affecter fortement les riverains, a-t-elle détaillé dans un communiqué ce 22 janvier. Je suis d'accord avec le fait qu'il ne faut pas provoquer des mouvements de panique injustifiés mais il faut aussi et surtout protéger les personnes les plus sensibles et notamment celles souffrant d'affections respiratoires et cutanées chroniques". Reste que le Ministère de la Santé a déclaré via un communiqué ce jeudi, suivre attentivement et en lien avec le Ministère de l'Intérieur, l'évolution de la situation. Pour l'heure et "au regard des concentrations présentes dans l'air et des données actuellement disponibles, ce produit ne présente pas de risque pour la santé, a-t-il indiqué. Exceptionnellement, certaines personnes plus sensibles ont pu ressentir les symptômes suivants : maux de têtes, vertiges irritations oculaires et respiratoires superficielles (en particulier pour les asthmatiques), nausées voire vomissements. Ces symptômes sans gravité, sont passagers et ne nécessitent pas de prise en charge médicale particulière."
Une cellule d'information du public est mise en place au numéro suivant : 02 32 76 55 66.