8 millions de Français manquent de fer sans le savoir : ce symptôme est révélateur, il faut consulter

Pour les médecins, c'est un vrai "drapeau rouge".

8 millions de Français manquent de fer sans le savoir : ce symptôme est révélateur, il faut consulter
© 123rf-liudmilachernetska

La carence en fer est considérée par l'OMS comme le déficit nutritionnel le plus répandu dans le monde. En France, environ 8 millions de personnes seraient carencées. Les femmes sont globalement près de 7 fois plus touchées par un manque de fer que les hommes, selon l'étude nationale nutrition santé (ENNS). Malgré ces chiffres, la carence reste très peu diagnostiquée et donc souvent mal prise en charge. "Parce qu'il y a une problématique quasiment sociétale, où la femme va confondre les symptômes de la carence en fer avec ses difficultés du quotidien. Je m'explique. Les exigences de la vie familiale, le stress, la charge mentale. On se dit que c'est la vie au quotidien qui nous amène à penser qu'on est fatigué", souligne Karine Levesque, Directrice Générale de Vifor France, à l'occasion d'une conférence de presse sur la carence en fer chez la femme. 

Les symptômes d'une carence en fer sont globalement les mêmes à tout âge - fatigue, chute de cheveux, ongles fragiles, irritabilité, essoufflement, troubles du sommeil - mais leur intensité et leur cause varient selon la période de la vie, nous précise le Pr Descamps, gynécologue-obstétricien au CHU d'Angers. Chez une femme de 30 ans, la carence est souvent liée aux règles abondantes, à une grossesse récente ou à un apport alimentaire insuffisant. Le corps réagit vite : la fatigue, les troubles de l'humeur et du sommeil apparaissent précocement, même avec une baisse modérée du fer.

Après 50 ans, surtout après la ménopause, les pertes de sang diminuent et les carences deviennent plus rares. La femme souffre d'une fatigue chronique parfois additionnée d'une baisse de la concentration ou encore d'un teint pâle mais ne fait pas le lien avec une carence en fer. Les symptômes sont plus discrets qu'à 30 ans mais plus durables. Or, une carence en fer après 50 ans doit alerter. "Chez une femme ménopausée, une carence en fer sans cause gynécologique évidente (fibrome utérin, saignements vaginaux post-ménopausiques...) est un véritable "drapeau rouge", souvent le signal d'un problème sous-jacent comme un saignement digestif passé inaperçu - à cause d'un ulcère ou de polypes - ou encore d'un problème d'absorption par exemple dans la maladie cœliaque", poursuit le gynécologue.

Prise de sang pour doser le fer © veronastudio - 123RF

Si ces symptômes sont présents, il est essentiel de consulter son médecin sans tarder. Une simple prise de sang (ferritine, hémoglobine, CRP) et, si besoin, un bilan digestif permettent d'en identifier la cause et d'écarter une pathologie sous-jacente. "Si la carence en fer est récente, une prise en charge adaptée permet d'améliorer rapidement la situation. Si c'est plus ancien et qu'il y a d'autres facteurs de risque, cela prendra plus de temps et il faudra réaliser des contrôles (dosage de la ferritine, de l'hémoglobine et éventuellement de la CRP) pour analyser l'évolution. Mais les bénéfices thérapeutiques sont évidents", indique le Pr Descamps. 

Le traitement repose d'abord sur la supplémentation en fer, généralement par voie orale (comprimés de fer ferreux ou ferrique), pendant 3 à 6 mois pour reconstituer les réserves. En cas d'intolérance digestive (nausées, constipation) ou de malabsorption, le médecin peut proposer du fer injectable. Parallèlement, il faut corriger la cause.

Propos recueillis lors de la conférence de presse menée par Vifor France en octobre 2025.