Ni 44 ans, ni 60 ans : un professeur émérite révèle quand survient le "coup de vieux" et comment l'éviter
Le coup de vieux peut marquer le début de la vieillesse.
On parle de "coup de vieux" mais ce n'est pas un terme scientifique. Il s'agit en réalité d'une expression populaire employée pour décrire le vieillissement brutal d'une personne. Vieillir est un processus naturel progressif qui implique des changements physiques et biologiques. "Le "coup de vieux" lui caractérise une étape, à l'instar de ce qu'on appelle la "crise de la quarantaine", nous explique le Professeur Benoît Schneider, Professeur émérite de psychologie à l'Université de Lorraine et président honoraire de la FFPP (Fédération française des psychologues et de psychologie). Il survient à des moments différents selon les personnes au décours des autres périodes de transition de la vie, comme l'adolescence, le passage à la vie adulte ou la fin de l'activité professionnelle. Le coup de vieux a plutôt une connotation personnelle et sociale."
Cette étape caractérise une transition sociale, psychologique et physiologique : elle peut marquer le début de la vieillesse, pouvant apparaître après certains moments de vie ou à la suite d'expériences négatives. Une personne peut aussi prendre un coup de vieux du fait du regard et des représentations que la société porte sur elle, correspondant à un idéal. "Finalement, le coup de vieux, même initié par un événement social ou physique objectif, renvoie à un sentiment subjectif et à une transformation identitaire de la personne" poursuit le Pr Schneider. Une personne peut vieillir brusquement suite à une maladie grave, un événement traumatique ou le poids des responsabilités, et pas forcément à l'âge de la retraite comme on le pense souvent.
Le coup de vieux n'arrive pas à un âge donné, comme c'est le cas de l'enfant qui devient adolescent à l'âge de 13 ans, qui deviendra légalement un adulte à partir de 18 ans. Mais des chercheurs de l'Université de Stanford ont montré la survenue de changements biologiques significatifs à 44 et 60 ans. À 44 ans, les responsabilités et le stress s'accumulent, la sédentarité s'installe et on peut avoir une baisse globale de l'énergie. Certaines fonctions métaboliques ont tendance à ralentir, comme la récupération musculaire après effort ou la régénération cellulaire cutanée. La capacité de l'organisme à métaboliser les lipides et l'alcool diminue aussi. A 60 ans, le vieillissement biologique devient plus visible : cet âge amorce un déclin de la fonction rénale et un risque accru de diabète de type 2 en lien avec une diminution du métabolisme des glucides. Les risques de maladies cardiovasculaires augmentent.
Pour autant, les chercheurs reconnaissent des lacunes et estiment que "des recherches supplémentaires sont nécessaires pour la validation des données" Finalement, "la notion d'âge pour le coup de vieux ne s'inscrit que dans un contexte particulier. Un travailleur de nuit ou une personne à la santé fragile n'aura probablement pas le coup de vieux au même âge qu'une personne ayant travaillé dans des conditions plus favorables ou étant en bonne santé. Plusieurs éléments sont impliqués, comme le mode de vie, les rapports familiaux ou les relations aux autres" note le spécialiste. Si on ne peut pas totalement échapper au vieillissement, on peut atténuer et retarder ce fameux "coup de vieux" puisqu'il est autant lié à des facteurs biologiques que psychologiques et sociaux. Avoir un mode de vie sain, un esprit positif, gérer son stress, entretenir le lien social... Ces leviers permettent d'en limiter l'impact et d'y échapper au maximum.
