Cette carence progresse et pourrait augmenter les problèmes de thyroïde (surtout chez les femmes)
Les risques sont encore plus élevés chez la femme.
Nos habitudes alimentaires occidentales n'ont cessé d'évoluer au fil du temps, entraînant une augmentation de certaines carences en minéraux essentiels au bon fonctionnement du corps, alerte l'Organisation mondiale de la Santé. Notamment "la carence en iode, en particulier la carence légère, qui reste un problème répandu dans la Région européenne [...] et qui a un impact majeur sur la santé de la population", peut-on lire dans son rapport publié fin juin 2024 avec le Réseau mondial de l'iode (IGN). Le problème est d'ailleurs visible en France. Si les hommes parviennent à couvrir les besoins journaliers recommandés en iode chez l'adulte (150 µg), les femmes françaises sont actuellement carencées (135 µg en moyenne).
L'institution pointe du doigt le fait que la majeure partie de la consommation de sel provient désormais des repas hors foyer et des aliments transformés, utilisant souvent du sel non iodé. Mais surtout de la diminution de consommation des produits laitiers d'origine animale (lait de vache, fromages...), remplacés peu à peu par des produits laitiers à base de plantes (boissons et yaourts végétaux...) dépourvus d'iode, en particulier chez les femmes qui présentent déjà un risque plus élevé de carence et de maladies thyroïdiennes que les hommes.
Il s'agit là d'un problème de santé publique "gravissime", déplore le Dr Vincent Reliquet, médecin généraliste et auteur du livre Les pouvoirs de l'iode (éd. Guy Trédaniel), interrogé par Notre Temps. "En Europe de l'Ouest (région dont fait partie la France, ndlr), la plupart des apports en iode sont réalisés non plus par des produits de la mer mais par des produits laitiers [...] Mais il est sûr qu'à partir du moment où on ne consomme plus assez de produits laitiers, les rares apports iodés qui persistaient en Europe de l'ouest s'effondrent complètement".
L'iode a pourtant un rôle fondamental dans la synthèse des hormones thyroïdiennes, impliquées dans les processus de croissance et de maturation des cellules, de maintien de la température corporelle, de régulation des dépenses énergétiques et de synthèse des protéines. Les conséquences potentielles d'une carence en iode peuvent être graves, avec notamment des effets sur le développement du cerveau au début de la vie, un risque accru de goitre, de nodules thyroïdiens et d'hyperthyroïdie chez l'adulte. Les risques d'hyperthyroïdie non traitée comprennent :
- L'arythmie cardiaque
- L'insuffisance cardiaque
- L'ostéoporose
- L'issue défavorable de la grossesse
- Les troubles cognitifs chez les personnes âgées.
"Attention, certaines populations sont particulièrement concernées par la carence en iode, comme les femmes enceintes et allaitantes et les fumeurs, qui ont des besoins plus accrus en iode et qui doivent être un peu plus vigilants sur leurs apports en iode", nous précisait la nutritionniste Caroline Seguin dans un précédent article.
Pour limiter les risques de carence en iode, l'OMS appelle d'urgence tous les pays à l'enrichissement en iode de tout le sel (y compris le sel des aliments transformés), du lait et des alternatives végétales aux produits laitiers. De nombreux pays européens comme la Belgique ou la Finlande reconnaissent déjà les avantages de l'enrichissement en sel iodé de certains aliments de base, comme le pain, confie à Medscape Medical News Rodrigo Moreno-Reyes, docteur en médecine et coordinateur régional de l'IGN pour l'Europe occidentale et centrale.