Rester assis 8h par jour serait dangereux pour la santé
Passer plus de 8 heures par jour en position assise serait associé à un risque de développer des maladies cardiovasculaires, certains cancers, une hypertension artérielle ou une obésité, selon une étude de l'Anses. Qui est le plus à risque ? Comment lutter contre ? Combien de sport par semaine ?
"95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d'activité physique ou un temps trop long passé assis" alerte l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) dans un communiqué du 15 février 2022. Or, le manque d'activité physique est considéré par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le quatrième facteur de risque de mortalité prématuré. Dans un rapport de 2008, elle estime à 3,2 millions le nombre de décès annuels prématurés attribuables à celui-ci. Ainsi, "35 millions et demi d'adultes en France sont aujourd'hui exposés à des risques sanitaires élevés mais évitables" et seuls 5% des adultes ont une activité physique suffisante pour être protectrice.
"Passer plus de 8 heures par jour en position assise expose à un risque pour la santé"
Concernant la sédentarité, "passer plus de 8 heures par jour en position assise expose à un risque pour la santé. Les adultes à faible niveau d'études et les moins de 45 ans sont les plus touchés" révèle l'ANSES. Ces personnes présentent ainsi des taux de mortalité et de morbidité plus élevés. "Par exemple, ils sont davantage exposés aux maladies cardiovasculaires et à certains cancers. Ils sont également plus à risque d'hypertension ou d'obésité. D'une façon générale, les risques associés à l'inactivité et à la sédentarité sont majorés lorsqu'ils sont cumulés" explique le Pr Irène Margaritis, cheffe de l'Unité d'évaluation des risques liés à la nutrition à l'Anses.
► "L'inactivité physique est définie comme un niveau insuffisant d'Activité Physique (AP) d'intensité modérée à élevée correspondant à un niveau d'AP inférieur à un seuil recommandé (30 minutes d'AP d'intensité modérée au minimum cinq fois par semaine).
►La sédentarité est définie par une situation d'éveil caractérisée par une dépense énergétique faible en position assise ou allongée. La sédentarité (ou comportement sédentaire) est donc définie et considérée distinctement de l'inactivité physique, avec ses effets propres sur la santé" selon l'ANSES.
L'ANSES s'est auto-saisie afin d'évaluer les risques liés aux niveaux d'activité physique et de sédentarité des adultes de 18 à 64 ans, hors femmes enceintes et ménopausées, à partir des données recueillies en 2014-2015 de l'étude individuelle et nationale sur les consommations alimentaires Inca3 (Anses 2017).
Les femmes sont plus exposées à un manque d'activité physique
Après avoir analysé les données de cette étude et notamment leur cohérence avec ceux des études internationales ou nationales comme l'étude Esteban (2014-2016) de Santé publique France (SpF), l'expertise a évalué les risques sanitaires auxquels s'expose la population adulte. Les travaux de l'ANSES ont révélé que les femmes sont plus exposées à un manque d'activité physique : "70% d'entre elles sont en deçà de tous les niveaux d'activité identifiés pour être en bonne santé, contre 42% des hommes". Dans son avis, l'ANSES note "que 38 % des Français interrogés passaient plus de 5 h 30 min/j en position assise. Parmi ceux-ci, 11 % passaient plus de 8 h 30 min/j en position assise." L'Agence appelle ainsi les pouvoirs publics à "considérer et analyser l'insuffisance d'activité physique comme un risque sanitaire."
Comment limiter les risques ?
"La réduction des temps continus de sédentarité peut constituer une première étape de la réduction nécessaire des risques sanitaires liés à la sédentarité et à l'inactivité physique" note l'ANSES. Par ailleurs, l'ANSES souligne l'importance des actions collectives et de long terme par la création d'un environnement global favorable à l'évolution des comportements (une meilleure prise en compte de la pratique sportive dans les politiques publiques par exemple. "C'est l'organisation même de nos modes de vies qui est à revoir : que ce soit dans l'espace public, en laissant davantage de place aux mobilités actives comme le vélo ou la marche, ou sur le lieu de travail, en favorisant la pratique sportive et en limitant les temps de sédentarité, ou encore dans le système scolaire en augmentant l'espace et le temps dédiés aux activités physiques et sportives" défend le Pr Irène Margaritis.
Sources :
- Manque d'activité physique et excès de sédentarité : une priorité de santé publique, ANSES, 15 février 2022.
- Avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail relatif à l'évaluation des risques liés aux niveaux d'activité physique et de sédentarité des adultes de 18 à 64 ans, hors femmes enceintes et ménopausées, ANSES, 18 janvier 2022.