Lombalgie commune : comment améliorer la prise en charge

La Haute Autorité de Santé donne ses recommandations pour améliorer la prise en charge des patients souffrant d'une lombalgie commune. Les autres objectifs de ces préconisations sont de limiter les risques de chronicité et d'éviter la désinsertion professionnelle.

Lombalgie commune : comment améliorer la prise en charge
© Kittisak Jirasittichai-123RF

Dans ses recommandations formulées en mars 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle la définition de lombalgie. Elle se caractérise par une douleur siégeant entre la charnière thoraco-lombaire et le pli fessier inférieur. La lombalgie commune ne comporte pas de signaux d'alerte tels qu'une douleur non mécanique, un traumatisme important, la fièvre, ou une altération de l'état général. Le terme "lombalgie commune" est préféré à celui de "lombalgie non spécifique". La lombalgie est dite "chronique" lorsque les symptômes persistent au-delà de 3 mois. L'expression "poussée de aiguë de lombalgie" est employée pour désigner toute douleur aiguë pouvant nécessiter une intensification temporaire des traitements.

Évaluation clinique d'une douleur lombaire

Face à une douleur lombaire récente, la HAS recommande la recherche de signes d'alerte d'une pathologie sous-jacente. Elle doit être également envisagée en cas de poussée aiguë de lombalgie dans le cadre d'une douleur chronique ou en cas de modification des symptômes. Après une poussée aiguë, une réévaluation du patient est souhaitable sous 2 à 4 semaines.

Évaluation du risque de chronicité

La HAS invite à rechercher précocement des facteurs de risques psychosociaux pour évaluer la persistance de la douleur et définir une prise en charge adaptée.

En parallèle, il est possible d'avoir recours à des questionnaires spécifiques : le STarT Back screening tool, le questionnaire Örebro, le FABQ (Fear Avoidance and Beliefs Questionnaire) ou la HAD (Hospital Anxiety and Depression scale).

Pertinence de l'imagerie

L'imagerie rachidienne n'est pas indiquée en l'absence de signe d'alerte dans le cas d'une poussée aiguë de lombalgie. Une IRM est en revanche recommandée en cas de lombalgie chronique, même sans signe d'alerte. L'imagerie rachidienne peut également être réalisée avant un geste invasif.

Prise en charge globale du patient lombalgique

La HAS préconise une prise en charge centrée sur le patient en tenant compte de son vécu et du retentissement de la douleur, et appuyée sur une décision médicale partagée. Il est recommandé d'informer le patient que l'évolution de la lombalgie commune est généralement favorable en quelques semaines.

Une prise en charge pluri-disciplinaire est à envisager face à une lombalgie chronique ou à risque de chronicité.

Maintien en emploi et prévention de la désinsertion professionnelle

En cas d'arrêts de travail renouvelés ou prolongés, la HAS invite à rechercher les facteurs de risque d'incapacité prolongée ou d'obstacle au retour au travail. Le médecin du travail doit être sollicité dans ce cadre.

Prise en charge non médicamenteuse

La HAS préconise l'exercice physique comme principal traitement non médicamenteux de la lombalgie commune. En première intention, la prise en charge inclut la reprise des activités quotidiennes, la pratique d'activités physique adaptées et la kinésithérapie pour les patients à risque de chronicité. Plusieurs modalités de prise en charge peuvent être associées selon les patients.

Prise en charge médicamenteuse

Une prise en charge antalgique graduée à visée symptomatique est possible pour traiter les accès douloureux. Le paracétamol est indiqué en première intention. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être proposés selon les antécédents et après analyse de la balance bénéfice/risque.

Prises en charge envisageable sous conditions/non recommandées

Les ultrasons, les tractions lombaires et les semelles orthopédiques font partie des modalités de prise en charge non recommandées ou non indiquées.

La HAS précise qu'il n'est pas possible de statuer sur le recours à la sophrologie, à la méditation de pleine conscience ou à l'hypnose en l'absence d'étude de qualité. Ces techniques sont cependant envisageables.

Ne sont pas indiqués comme traitement médicamenteux de la lombalgie : les antibiotiques, la vitamine D, le patch de lidocaïne, les anti-TNF alpha.

Infiltrations rachidiennes

Selon la HAS, les infiltrations ne sont généralement pas indiquées dans le traitement de la lombalgie sans radiculalgie. En cas de douleur radiculaire sévère et persistante, il est envisageable de procéder à une infiltration épidurale sous réserve d'une décision partagée avec le patient.

Prise en charge chirurgicale

L'avis chirurgical est à solliciter au cas par cas en cas d'échec de la prise en charge.

Aspects de prévention secondaire

La pratique régulière d'une activité physique est recommandée aux individus ayant des antécédents de lombalgie en prévention des récidives.

Source : Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune, Fiche mémo de la Haute Autorité de Santé