La délivrance de lunettes et lentilles facilitée
Les conditions de délivrance des verres correcteurs et lentilles de contact changent. Durée de validité des prescriptions médicales, remplacement en cas de bris ou de perte… Ce qu'il faut retenir de ces nouvelles dispositions.
Prendre rendez-vous chez l'ophtalmologiste relève de la mission dans certaines régions de France particulièrement désertées médicalement. De fait, il faut s'y prendre, en moyenne deux à trois mois à l'avance, voire jusqu'à un an, pour obtenir une consultation.
Depuis 2007, dans le but de faciliter le renouvellement des lunettes, il était possible (sous condition de disposer d'une ordonnance initiale de moins de 3 ans) d'aller directement chez son opticien sans passer par la case "ophtalmo". Dès ce lundi, la durée de validité de l'ordonnance est allongée à 5 ans pour les 16-42 ans. Le délai reste à 3 ans pour les plus de 42 ans et à 1 an pour les moins de 16 ans.
De plus, ce dispositif est étendu aux porteurs de lentilles de contact, mais sous certaines conditions. Selon le décret publié au Journal officiel dimanche 16 octobre, les opticiens ont ainsi la possibilité de renouveler une prescription médicale de lentilles de contact, et de réaliser un examen visuel afin d'adapter les corrections optiques. Seule condition : fournir une prescription médicale établie par un ophtalmologiste et datant de moins de 3 ans (et moins d'1 an pour les moins de 16 ans).
Un dispositif encadré. L'opticien-lunetier doit mentionner sur la prescription médicale l'adaptation de la correction qu'il réalise et en informer le médecin prescripteur "par tout moyen garantissant la confidentialité des informations transmises", précise le texte.
En outre, l'ophtalmologiste a la possibilité de s'opposer à ces nouvelles dispositions et garde ainsi un contrôle sur les prescriptions qu'il établit pour ses patients. En effet, le décret précise que le prescripteur peut limiter (sous conditions médicales) la durée de renouvellement par l'opticien, par une mention expresse sur l'ordonnance. "Nous nous félicitons du maintien de la possibilité de s'opposer, dans l'intérêt des patients, au renouvellement par l'opticien des lunettes et des lentilles de contact ", a commenté Thierry Bour, Président du SNOF (Syndicat des ophtalmologistes de France) dans un communiqué de presse.
Le décret stipule enfin que "l'opticien-lunetier s'interdit en dehors de son lieu d'exercice, toute publicité et toute communication destinée au public sur sa capacité à déterminer le réfraction."
Bris, perte de lunettes… En cas d'urgence, et en l'absence de solution médicale adaptée, l'opticien peut désormais "exceptionnellement" délivrer un nouvel équipement, sans ordonnance médicale. Il s'engage ensuite à transmettre le résultat de l'examen visuel au médecin prescripteur, sauf si l'ordonnance a été établie en dehors de la France, et conserve les données pendant trois ans.
Rappelons qu'il est nécessaire de consulter régulièrement un ophtalmologiste. Dans un tiers des cas en effet, les ophtalmologistes détectent d'autres pathologies, parfois graves lors de l'examen visuel effectué à l'occasion d'un simple renouvellement d'ordonnance de lunettes. Les pathologies, comme la cataracte et le diabète, pouvant induire des modifications de la vue et de la correction optique, sont fréquentes. De même que certaines maladies oculaires sont "silencieuses", donc sans signe perceptible par le patient ou par l'opticien, tels le glaucome et la DMLA aux premiers stades.
Le nombre d'ophtalmologistes a été divisé par trois par rapport aux années 2000 en France. Des solutions se mettent en place pour pallier cette pénurie, notamment l'augmentation du numerus clausus. Par ailleurs, le ministère de la Santé soutient la coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes. L'idée étant de mieux partager les tâches entre ces professions, tout en maintenant un service de qualité pour les patients.