Peut-on boire l'eau du robinet ? Le pavé dans la mare du Pr Servan-Schreiber et de WWF France
"Si l'eau au robinet est "en moyenne" de bonne qualité en France, des dépassements des normes réglementaires pour les nitrates et pesticides sont encore trop fréquents pour qu'on puisse lui faire une confiance aveugle. (...) Nous conseillons aux personnes malades du cancer ou qui sont passées par la maladie de ne boire quotidiennement de l'eau du robinet que si elles sont sûres de sa qualité (...)." Tel est la recommandation faite par le médiatique médecin David Servan-Schreiber, notamment connu pour ses livres Guérir et Anticancer.
Avec 20 scientifiques de renom et WWF (Fonds pour la nature) France, il vient de lancer un appel à la prudence qui fait des remous. Le communiqué invoque les liens entre les nitrates et les pesticides que l'on peut retrouver dans l'eau et certains cancers, notamment ceux du sein, de la vessie, de l'estomac, de la prostate, des ovaires ou encore du cerveau. Il évoque également les résidus de médicaments que l'on retrouve dans l'eau et qui pourraient, eux, influencer le système hormonal. C'est le cas sur certains poissons (effets féminisants mais aussi parfois cancérigènes), explique le communiqué.
Contrôles inégaux
Or, si les contrôles effectués sur l'eau sont nombreux et rigoureux au plan national, David Servan-Schreiber et WWF-France estiment que la situation est très inégale d'une ville à l'autre. "Dans leur grande majorité, les grandes villes de France (Paris, Lyon, Strasbourg, Nantes, etc.) distribuent de l'eau "conforme" qui dépasse rarement les seuils de nitrates et pesticides règlementaires (...), détaille le communiqué. Toutefois, il existe une variabilité importante dans la fréquence des contrôles et dans la qualité des eaux selon les régions, la saison et la taille de la ville. Par exemple, on peut lire dans le rapport de la DGS (Direction générale de la santé, NDLR) 2008 qu'une "analyse de pesticides tous les 5 ans est réalisée pour les plus petites unités de distribution"." Ce même rapport stipule également que lors des contrôles effectués en 2006, pas moins de 28 % des stations de traitement d'Eure-et-Loir distribuaient des eaux potables avec une teneur en nitrates supérieure à la norme autorisée de 50 mg/L.Le professeur Servan-Schreiber, WWF France et les scientifiques signataires du communiqué instaurent donc un certain nombre de recommandations (détaillées plus loin) et exhortent chacun à agir à son niveau pour diminuer la pollution des nappes phréatiques. Il s'agit notamment de ne pas jeter ses médicaments n'importe où mais de les ramener au pharmacien, de respecter les consignes d'élimination des produits chimiques que l'on utilise pour l'entretien de la maison ou encore, pour les collectivités locales, de protéger les lieux de captage, notamment en privilégiant l'agriculture biologique.