Sativex : un médicament dérivé du cannabis bientôt en pharmacie
L'Agence du médicament (ANSM) vient d'accorder une autorisation de mise sur le marché au Sativex, un médicament pour soulager certains patients atteints de la sclérose en plaques.
C'est une première. Le Sativex, un médicament composé en partie de cannabis, déjà commercialisé dans 17 pays européens, notamment en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, vient d'obtenir une autorisation de mise sur le marché en France. Il s'agit d'un médicament sous forme de spray buccal et contenant 2 constituants du cannabis : le tétra hydro cannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Il aura une indication restreinte : pour soulager les contractures sévères et en cas de résistances aux traitements de la sclérose en plaques. "Cela représentera donc une population de patients ciblée, soit environ 7000 patients par an", précise au JournaldesFemmes.com l'Agence du médicament (ANSM). L'autorisation de mise sur le marché "est une étape préalable à la commercialisation du produit, qui interviendra à l'initiative du laboratoire", précise le ministère de la Santé dans un communiqué de presse. A priori début 2015, nous indique l'ANSM.
Reste qu'il faudra mesurer les effets de ce traitement sur le long terme. "Comme il contient du cannabis, il peut potentiellement avoir des effets secondaires, en particulier sur les troubles de la mémoire dont souffrent parfois les malades de la sclérose en plaques, souligne le Professeur Créange, neurologue à l'hôpital Henri Mondor à Paris. Par ailleurs, comme le Sativex sera utilisé contre les raideurs sévères, il faudra vérifier qu'il n'engendre pas a contrario des faiblesses du corps, qui pourraient par exemple rendre la marche plus difficile".
Quelles modalités de prescription ? Le Sativex fera l'objet d'une ordonnance sécurisée. "La prescription initiale se fera à l'hôpital par un médecin spécialiste (neurologie ou médecine physique et réadaptation) pour une durée de six mois. Ensuite le renouvellement pourra se faire par le médecin généraliste tous les 28 jours (comme pour les autres médicaments de la classe des stupéfiants). Au bout des six mois, le patient devra obtenir une nouvelle ordonnance à l'hôpital", nous précise l'ANSM.
Actuellement en France, l'usage thérapeutique du cannabis reste interdit alors que ses bienfaits sont de plus en plus reconnus pour soulager les effets secondaires de certaines maladies. A part le Sativex, d'autres médicaments dérivés du cannabis sont déjà utilisés dans certains pays européens. Par exemple, le Marinol, indiqué pour traiter les nausées et vomissements liés à la chimiothérapie ainsi que pour améliorer l'appétit chez les malades du sida est autorisé en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. En France, ce médicament fait cependant l'objet d'autorisations temporaires d'utilisation (ATU). "Un professionnel de santé de milieu hospitalier peut faire une demande nominative à l'ANSM pour un patient et pour un traitement donné. "Nous avons eu environ 100 ATU depuis 2005", précise l'Agence.
Alors que la légalisation du cannabis fait débat en France, la ministre de la santé Marisol Touraine s'était déjà montrée favorable à une possible commercialisation des médicaments à base de cannabis et en particulier du Sativex. En juin dernier, elle avait en effet signé un décret autorisant les agences sanitaires à examiner les demandes d'autorisation de mise sur le marché. Le sujet suscite évidemment de nombreuses questions, notamment auprès des opposants qui y voient un pas vers la dépénalisation du cannabis. Les médecins sont également divisés sur ce sujet : certains estiment que d'autres médicaments existent déjà pour traiter les douleurs, d'autres se montrent favorables pour les patients chez lesquels des traitements classiques sont inefficaces. En juin dernier, le ministère de la Santé avait rappelé que l'utilisation de médicaments dérivés du cannabis se ferait "pour des patients bien définis et selon des modalités très encadrées."