Les personnes avec ce groupe sanguin ont plus de risque d'avoir un cancer de l'estomac
Le groupe sanguin pourrait avoir une influence sur le risque et la mortalité du cancer selon des chercheurs.
Encore aujourd'hui, les causes d'apparition d'un cancer de l'estomac restent floues. Des facteurs de risques ont été identifiés dont certains "modifiables" comme une infection à la bactérie Helicobacter pylori, une alimentation trop riche en sel ou en nitrates, le fait de fumer, la sédentarité et l'environnement professionnel (travailler dans l'industrie du charbon, des métaux ou du caoutchouc) et d'autres "non modifiables" comme l'âge, le sexe (ce cancer est plus fréquent chez les hommes), la présence de gènes héréditaires ou des antécédents familiaux de cancer. Plus surprenant, le groupe sanguin pourrait influer sur le risque de développer un cancer de l'estomac.
Des chercheurs londoniens ont mis en évidence le lien entre "groupe sanguin" et "cancer de l'estomac" dans une publication parue dans le British Medical Journal puis d'autres études se sont penchées sur ce sujet. Parmi elles, une étude taiwanaise menée sur une cohorte de 340 000 personnes et publiée dans la revue Cancer Epidemiology a montré que le risque de cancer de l'estomac était plus élevé de 5% chez les personnes du groupe sanguin A (le plus répandu en France) par rapport aux personnes du groupe sanguin O (deuxième groupe sanguin le plus répandu en France). Plus étonnant encore, le taux de mortalité lié à un cancer de l'estomac était 47% plus élevé chez les personnes de groupe A par rapport aux personnes du groupe O. Le rhésus (positif ou négatif) ne semblait pas avoir d'importance et "aucune association n'a été observée pour les groupes sanguins B ou AB", précisent les chercheurs.
Malgré cette découverte scientifique, les sociétés savantes veulent rassurer le grand public. Un facteur de risque n'est pas une cause en soi, rappelle ainsi la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO). Certes, il augmente le risque d'apparition d'une maladie, mais à lui seul, il n'est ni suffisant, ni nécessaire pour provoquer un cancer et encore moins prédire sa gravité. Autrement dit, certaines personnes présentant des facteurs de risque ne développeront jamais de cancer de l'estomac, tandis que d'autres ne présentant aucun facteur de risque en développeront un tout de même.
Un avis que partage Renato Micelli Lupinacci, Professeur en chirurgie pancréatique, hépatobiliaire et oncologique, que nous avons interrogé : "A priori, on peut dire qu'il y a un sur-risque dans le groupe sanguin A compte tenu de l'existence de ces études épidémiologiques, mais à l'heure actuelle nous n'avons pas de mécanismes physiopathologiques connus pouvant l'expliquer. En d'autres termes, il y a une corrélation avérée mais nous ne connaissons pas (encore) les raisons à cela".
L'une des hypothèses avancées par les chercheurs serait que les personnes du groupe A auraient de moins bonnes réponses inflammatoires et immunitaires face à un signal anormal, ce qui pourrait affecter la prolifération et la progression de cellules malignes. "Des preuves supplémentaires sont nécessaires avant que les mécanismes puissent être pleinement pris en compte", concluent les chercheurs.