VIDEO

Cancer : le bleu de méthylène "peut faire gagner du temps" selon le Dr Laurent Schwartz

L'oncologue de renommée internationale soutient l'utilisation de ce vieux médicament comme alternative dans la prise en charge du cancer.

Plusieurs traitements peuvent être proposés dans la prise en charge du cancer. Ils dépendent de critères observés par les cliniciens tels que le ou les organes touchés, le stade de la maladie et l'état général du patient. Peuvent être privilégiés la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l'immunothérapie, l'hormonothérapie ou encore les thérapies ciblées, seuls ou en association. "Nous sommes dans un monde où les patients sont pris entre différentes logiques. Les traitements standards sont parfois moins efficaces que ce que l'on espère. Les malades cherchent des alternatives" nous explique le Dr Laurent Schwartz, cancérologue de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). Il met en avant l'idée de remettre au goût du jour un vieux remède utilisé en médecine comme médicament contre le cancer. "J'ai maintenant l'impression qu'une alternative à des traitements souvent très violents devient possible" se réjouit-il.

"Il faut savoir que le monde de la cancérologie est en pleine discussion sur la nature même du cancer", clarifie le Dr Schwartz. "Pour certains, il s'agit d'une maladie complexe qui justifie des traitements différents selon le type de cancer. Pour moi et beaucoup d'autres, il ne s'agit que d'une fermentation du glucose." Le traitement qu'il met en avant permettrait d'arrêter la fermentation cancéreuse, empêchant ainsi la cellule tumorale de se diviser. La première utilisation de la substance dont il fait l'éloge date de 1876. "Les révolutions ne sont pas seulement d'inventer des molécules chères de haute technologie, mais aussi de trouver ce que les anciens savaient et de remettre au goût du jour des traitements sans toxicité majeure", partage le spécialiste.

"C'est infiniment moins violent que beaucoup de traitements"

le bleu de méthylène - Dr Laurent Schwartz © Thierry Souccar Editions

C'est dans son livre "Le bleu de méthylène" paru le 23 octobre 2024, que le cancérologue revient sur l'utilisation de ce produit. A l'origine, le bleu de méthylène été synthétisé par les Allemands pour être une teinture bleue. Il est très rapidement utilisé pour traiter diverses pathologies, la majorité des médicaments synthétisés entre 1920 et 1960 dérivent d'ailleurs du bleu de méthylène. "En France, il reste aujourd'hui présent dans tous les chariots d'urgence et c'est un excellent traitement des maladies psychiatriques, des maladies neurodégénératives et du cancer" poursuit le spécialiste. Le médicament est aussi utilisé en injection pour des maladies aigües comme le choc septique, ou en chirurgie pour tester l'étanchéité d'une suture.

C'est en 1905 qu'un dénommé Abraham Jacobi publie sur une première série de patients traités par cancer grâce au bleu de méthylène. Il affirme que les cancers peuvent être stabilisés par cette molécule. Abraham Jacobi a notamment publié sur des cas de cancer de l'ovaire, de cancer de la langue et de cancer de l'utérus. Selon le Dr Schwartz, l'avantage du bleu de méthylène est d'être sans effets secondaires majeurs. Il se limite habituellement à une irritation vésicale et à des tâches multiples liées au fait que le patient urine bleu. 

"Cela permet de gagner du temps. Ce n'est pas un traitement curatif mais c'est infiniment moins violent que beaucoup de traitements modernes."  Le spécialiste a partagé son efficacité dans des études de cas, notamment sur un sarcome métastatique de l'utérus, un mélanome métastatique, un cancer de la prostate, un lymphome métastatique, une leucémie lymphoïde chronique, un glioblastome, un carcinome métastatique de l'amygdale ou encore un carcinome métastatique du pancréas. Le bleu de méthylène est une alternative à prendre en complément des traitements habituels. "Le cancer est une maladie simple et un traitement à base de bleu de méthylène, de dioxyde de chlore et d'autres molécules est une vraie possibilité" conclut-il.