"J'ai découvert mon cancer du sein sous la douche par auto-palpation"

A 39 ans, Jessie apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein triple négatif métastasé, une tumeur très agressive. Chimiothérapie, opération, vie de famille... Elle raconte son histoire contre la maladie.

"J'ai découvert mon cancer du sein sous la douche par auto-palpation"
© Jessie Longfort - DR-Journal des Femmes

Jessie Longfort a découvert son cancer elle-même sous la douche, par auto-palpation. Elle s'est empressée de consulter sa gynécologue qui lui a fait part de son inquiétude, compte tenu de la présence de ganglions autour de la grosseur, signe que le corps essaye de se défendre contre une pathologie. Le diagnostic de cancer du sein triple négatif métastasé a été confirmé par une biopsie et des analyses plus poussées. Le cancer s'était propagé au niveau du bassin ce qui représentait un facteur aggravant. "Le problème de ce type de cancer, c'est qu'il ne répond pas aux traitements hormonaux, il est plus complexe à traiter puisqu'il nécessite des chimiothérapies spécifiques. J'ai alors passé de nombreux examens pour approfondir le diagnostic : scanner, IRM, scintigraphie osseuse, mais aussi test de prédisposition génétique qui a confirmé que j'étais porteuse des gènes de prédisposition BRCA1 et BRCA2. Cela ne m'a pas étonnée car il y a un lourd passif de cancer du sein dans ma famille. Ma grand-mère paternelle et mes tantes sont décédées de cette maladie" confie-t-elle. 

"Plus le traitement avançait, plus j'étais épuisée et plus mon taux de globules blancs diminuait"

Sa tumeur mesurant 9 cm, une chimiothérapie s'est révélée nécessaire pour la faire diminuer avant d'envisager une intervention chirurgicale. "Le diagnostic est tombé en juillet et j'ai commencé la chimiothérapie en septembre, à raison de 12 séances, une fois par semaine. Plus le traitement avançait, plus j'étais épuisée, et plus mon taux de globules blancs diminuait" se souvient-elle. "Ce n'est qu'en avril 2016 que la tumeur a pu être retirée, elle mesurait alors 2 cm. Par la suite, on m'a proposé de rentrer dans un protocole de recherche clinique ciblant les femmes qui avaient eu un cancer du sein avec mutation génétique métastatique triple négatif. J'ai accepté". Ce protocole, qu'elle suit depuis 2016, repose sur la prise d'inhibiteurs de PARP, des molécules destinées à bloquer la récidive. À ce jour, le cancer n'est plus présent dans son corps, mais dans la mesure où elle a eu des métastases, on ne peut pas parler de rémission. Elle voit son oncologue tous les 21 jours pour renouveler son traitement et fait des PET-scan toutes les 9 semaines pour s'assurer que les métastases ne reviennent pas. Étant donné qu'elle a les gènes de prédisposition et qu'elle est susceptible de faire une récidive, elle pense sérieusement à la mastectomie pour se protéger. Elle s'est d'ores et déjà fait enlever les ovaires et les trompes parce qu'il y a beaucoup de risques de récidive sur ces organes.  

"Mon couple n'a pas survécu"

Sur le plan émotionnel, Jessie Longfort a été bouleversée. "Au début, j'étais en état de choc, je n'ai même pas pleuré. Je me suis laissée porter par l'équipe médicale, j'avais une totale confiance en eux. J'ai deux enfants, qui étaient âgés de 8 et 5 ans au moment du diagnostic, j'ai eu très peur de mourir. J'ai toujours été transparente avec eux sur ce qui se passait, j'essayais de trouver les mots. Ils ont bien vu que pendant la chimiothérapie, j'étais épuisée la journée, que je perdais mes cheveux. Ma maladie a d'ailleurs complètement bouleversé ma cellule familiale puisque le couple que je formais depuis 11 ans avec le père de mes garçons n'a pas survécu", relate-t-elle. 

Cancer du sein : où en est la recherche ?

Le cancer du sein est le plus fréquent des cancers féminins, mais aussi le plus étudié. De nombreux progrès thérapeutiques ont été enregistrés ces dernières années, notamment grâce aux thérapies ciblées et à l'immunothérapie. Son pronostic s'est amélioré, mais la recherche doit se poursuivre. Au service de la recherche et de la santé depuis plus de 70 ans, la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM), reconnue d'utilité publique et labellisée par le Don en Confiance, est le plus important financeur caritatif de la recherche médicale française sur toutes les pathologies dont les cancers. Indépendante, la FRM agit grâce à la générosité de ses donateurs, testateurs et partenaires.

Merci à Jessie pour son témoignage. Propos recueillis le 10 janvier 2022.