Témoignage infarctus femme : "D'un seul coup, j'ai eu des sueurs froides et une forte douleur à la mâchoire"

Chez la femme, l'infarctus ne se manifeste pas forcément comme chez l'homme. Les symptômes sont souvent atypiques, difficiles à identifier. Et ce, d'autant plus que les femmes se sentent moins concernées par les maladies cardiovasculaires. Nicole, 65 ans, a été victime d'une crise cardiaque. Elle témoigne.

Témoignage infarctus femme : "D'un seul coup, j'ai eu des sueurs froides et une forte douleur à la mâchoire"
© Photo prétexte- 123rf-9nong

Communément appelé "crise cardiaque", l'infarctus du myocarde correspond à l'obstruction de l'une des deux artères coronaires qui alimentent le cœur en sang et en oxygène. A date, l es maladies cardiovasculaires représentent la première cause de décès chez la femme en France, devant le cancer du sein. Pourtant, l'infarctus reste majoritairement associé à une pathologie masculine, et ses symptômes chez la femme, différents voire atypiques, demeurent méconnus. D'où l'importance d'augmenter la prévention pour reconnaître les signaux d'alarme. 

"D'un seul coup, j'ai eu des sueurs froides, une forte douleur à la mâchoire"

Lorsque Nicole, 65 ans, en a été victime il y a trois ans, elle a mis du temps à comprendre ce qui lui arrivait et a un peu tardé à appeler les secours. Résidant en Auvergne, cette couturière à la retraite était chez elle en train de faire la cuisine quand elle a commencé à se sentir mal. "D'un seul coup, j'ai eu des sueurs froides, une forte douleur à la mâchoire et une grande envie de vomir. Je n'ai pas compris ce qui se passait. J'ai d'abord tapé du pied sur le plancher pour tenter de prévenir mon mari mais il ne s'est pas manifesté. J'ai su par la suite qu'il était en réalité au fond du jardin", se souvient-elle. Après quelques minutes de souffrance, elle s'est finalement décidée à appeler les secours. Quelques minutes plus tard, le SAMU est arrivé et le diagnostic est tombé : infarctus du myocarde. "Les médecins ont expliqué la situation à mon mari qui s'apprêtait à remonter les escaliers pour me prévenir qu'il partait à la pêche. Après m'avoir prodigué les premiers soins, l'équipe médicale m'a transportée à l'hôpital. Une fois sur place, les médecins m'ont directement installée sur la table d'opération et m'ont branchée. Ils m'ont rasé le pubis en m'indiquant que s'ils n'arrivaient pas à passer par l'artère radiale, ils passeraient par l'aine. Ils ont finalement réussi à me poser un stent (petit ressort de quelques millimètres) au niveau des artères coronaires en passant par l'artère radiale, située au niveau du poignet. Bien sûr, j'étais sous anesthésie locale", raconte-t-elle. 

"Je n'avais aucun facteur de risque cardiaque"

"Je n'avais pas d'obstruction, pas de cholestérol, pas d'hypertension ni quoi que ce soit, je n'avais aucun facteur de risque cardiaque, mon artère s'était rétrécie d'elle-même, probablement sous l'effet du stress. Mon cardiologue m'a expliqué que mon infarctus était directement lié à ma polyarthrite rhumatoïde", se remémore Nicole. Atteinte de polyarthrite rhumatoïde depuis l'âge de 30 ans, Nicole était consciente que son état inflammatoire permanent la prédisposait à ce genre de complications mais elle ne pensait pas que cela lui arriverait car elle était suivie régulièrement pour sa maladie. En effet, dans cette maladie auto-immune qui évolue par poussées, toutes les articulations sont touchées, entraînant d'intenses douleurs et des déformations. Une pathologie qui peut se révéler très invalidante au quotidien. Elle a néanmoins eu des signes avant-coureurs comme des vertiges et des envies de vomir, de la fatigue, quelques jours avant la survenue de son infarctus du myocarde. "Je suis restée 4 jours en réanimation, puis j'ai été hospitalisée pendant 10 jours. J'ai subi tout un tas d'examens, dont une échographie-Doppler pour s'assurer de la perméabilité du stent", continue-t-elle.

"J'ai mis 18 mois à m'en remettre"

"Par la suite, j'ai été très fatiguée, j'ai mis 18 mois à m'en remettre. Je ne suis plus qu'à 60% de ma capacité pulmonaire. Même encore aujourd'hui, je ne peux pas monter une côte ou des escaliers d'une traite, je suis obligée de m'arrêter et je suis incapable de parler quand j'arrive", confie Nicole. Depuis, elle prend un traitement à vie pour préserver son cœur, notamment du Kardegic, un antiagrégant plaquettaire, du Bisoprolol un béta-bloquant qui permet de protéger le cœur des insuffisances cardiaques, et un autre médicament pour la tension, bien qu'elle ne souffre pas d'hypertension. Nicole fait du sport pour entretenir son cœur : elle marche régulièrement et fait 10km de vélo d'appartement par jour. 

Merci à Nicole pour son témoignage. Propos recueillis le 15 décembre 2021.