Un virus transmis par des rats inquiète à Hong Kong
L'hépatite E est causée par un virus qui peut être transmis à l'homme par l'animal. A Hong Kong, plusieurs habitants ont été infectés à cause de rats ce qui fait craindre une nouvelle épidémie en pleine pandémie de coronavirus. L'OMS a été alertée. Que sait-on sur cette transmission à l'humain? Quels sont les risques ? Existe-t-il d'autres cas dans le monde ?
A Hong-Kong, de nouveaux cas de malades infectés au virus de l'hépatite E du rat (VHE) inquiètent. Un habitant de 61 ans a été testé positif au VHE le 30 avril dernier et "il pourrait y avoir des centaines d'autres personnes infectées non diagnostiquées", déclare Siddharth Sridhar de l'Université de Hong Kong, en Chine sur CNN le 8 mai. Il rejoint la dizaine de cas récemment diagnostiqués, faisant ré-émerger les craintes d'une nouvelle épidémie. Alors que les habitants ressortent de chez eux après deux mois de confinement liés à la pandémie de Covid-19. L'OMS a été alertée.
D'autres cas ailleurs dans le monde
D'autres cas similaires de contaminations par le VHE à cause de rats ont été identifiés il y a quelques mois chez un travailleur canadien des Nations Unies en Afrique. Il existe également des preuves sérologiques d'une infection chez des forestiers allemands et chez des patients vietnamiens hospitalisés indiquent le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies à Solna, en Suède et l'Institut Paul Ehrlic de Langen, en Allemagne. La présence de ces cas soulève la question de la propagation de l'infection à VHE chez le rat dans le monde soulignent les chercheurs Cornelia Adlhoch et Sally A. Baylis de ces deux instituts, en mars 2020.
L'hépatite E est présente dans le monde entier, mais c'est en Asie orientale et en Asie du Sud qu'elle est la plus fréquente.
Une transmission du rat à l'humain mal connue
La transmission du virus de l'hépatite E entre humain se fait par voie fécale-orale, principalement par le biais d'eau contaminée. Mais la transmission à l'humain de la souche provenant du rat demeure inconnue. Il est alors difficile de prévenir de nouvelles infections, ou même de comprendre toutes les données recueillies par les chercheurs. "Les personnes qui vivent dans des zones infestées de rats devraient théoriquement être plus à risque, mais certains patients infectés viennent de quartiers où le nombre de rats est faible, indique le chercheur de l'Université de Hong Kong Siddharth Sridhar. Ce que nous savons, c'est que les rats à Hong Kong portent le virus, et nous testons les humains et trouvons le virus. Mais comment exactement il "saute" entre eux - si les rats contaminent notre nourriture, ou qu'il y ait un autre animal impliqué -, nous ne pouvons pas le savoir ", a déclaré le chercheur. En 2018 et 2019, les chercheurs n'ont pas réussi à identifier la voie exacte de transmission entre le rat et l'humain. Les théories probables sont que les patients ont bu de l'eau contaminée ou ont manipulé des objets souillés par des rats infectés, mais rien n'est prouvé. A ce jour, depuis la détection de ce dernier cas à Hong-Kong le 30 avril, et "sur la base des informations épidémiologiques disponibles, la source et la voie de l'infection n'ont pas pu être déterminées", a confirmé le Center for Health Protection (CHP) de Hong Kong.
L'OMS estime que l'hépatite E a été responsable d'environ 44 000 décès en 2015.
L'hépatite E est habituellement spontanément résolutive en 2 à 6 semaines. Parfois, une maladie grave, connue sous le nom d'hépatite fulminante (insuffisance hépatique aiguë), se développe et peut être mortelle. La prévention de la population et le diagnostic des cas reposent sur la pratique des tests sérologiques sur les patients suspectés. Depuis 2018. les tests de diagnostic ont été affinés et améliorés, les médecins ont appris à tester le VHE chez le rat et ont lancé des campagnes de sensibilisation du public, rapporte CNN. "A Hong Kong, les 11 cas confirmés ne sont probablement que la pointe de l'iceberg, estime le chercheur de l'Université chinoise sur la chaîne de télévision américaine. Les médecins ont pu les tester (les patients) pour le VHE de rat parce qu'ils avaient consulté un médecin pour des symptômes, ou avaient reçu des examens en raison de conditions préexistantes ou de transplantations. Mais il peut y avoir des centaines de cas infectés dans la communauté, qui ne tombent pas dans ces catégories et n'ont pas été diagnostiqués", a-t-il déclaré. De nombreuses personnes atteintes d'hépatite E ne présentent que des symptômes bénins et, dans certains cas, ne savent même pas qu'elles sont infectées ou vont à l'hôpital. Le cas diagnostiqué au Canada l'a été car "les autorités (Canadiennes) ont utilisé un large type de test qui détecte de nombreux brins du virus de l'hépatite E", ont déclaré des chercheurs dans leur rapport publié dans le Journal of Infectious Diseases en janvier 2019. Sinon, "le diagnostic aurait pu être manqué", selon le rapport. "La plupart des pays ne testent pas le VHE chez le rat, il y a donc de bonnes chances qu'ils manquent simplement de diagnostic", a souligné le chercheur de l'Université de Hong-Kong. Selon Siddharth Sridhar "il faut un test spécialisé, comme celui conçu par HKU (Université de Hong-Kong), pour rechercher spécifiquement le VHE de rat chez l'homme. Ce n'est pas un test difficile à faire, mais il n'a pas été largement adopté parce que personne ne pensait jusqu'à récemment que le VHE de rat était une menace pour les humains."
Sources :
L'émergence d'une infection par le virus zoonotique de l'hépatite E du rat, Revue Epatology de l'AASLD, Cornelia Adlhoch et Sally A. Baylis, 19 mars 2020.
Rat Hepatitis E Virus as Cause of Persistent Hepatitis after Liver Transplant, Siddharth Sridhar, Université de Hong-Kong, 12 décembre 2018.
Virus de l'hépatite E de rat lié à une hépatite aiguë sévère chez un patient immunocompétent, Journal of Infectious Diseases, 14 janvier 2019