Un demi-steak par jour augmenterait le risque de cancer colorectal
Consommer de la viande rouge et de la charcuterie chaque jour, même 76 g, suffirait à augmenter significativement le risque de cancer du côlon, alerte une nouvelle étude britannique.
Consommer 76 g ou plus de la viande rouge ou transformée - jambon, bacon, saucisson et autres charcuteries - par jour augmenterait le risque de cancer colorectal de 20%. C'est ce que révèle une étude britannique menée par l'Université d'Oxford, commandée par le Centre britannique de recherche sur le cancer et publiée dans l'International Journal of Epidemiology le 17 avril 2019. Cette nouvelle enquête confirme le rôle de la viande rouge dans l'apparition du cancer du côlon, déjà pointé du doigt dans plusieurs études antérieures et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé le régime alimentaire et l'état de santé de 475 581 hommes et femmes âgées entre 40 et 69 ans au moment du recrutement et sans prévalence de cancer. Au terme de leur étude qui a duré près de 6 ans, ils ont pu constater que :
- Parmi les personnes qui consommaient 21 g de viande rouge ou transformée par jour (soit 3 fines tranches de bacon par exemple), 4 personnes sur 1 000 ont développé un cancer de l'intestin.
- Parmi les personnes qui consommaient 76 g de viande rouge ou transformée par jour (soit un demi-steak ou 2 tranches de jambon), près de 5 personnes sur 1 000 ont développé un cancer de l'intestin. Par ailleurs, ces personnes présentaient un risque plus élevé de cancer colorectal de 20% par rapport aux personnes qui en consommaient environ 21 g par jour.
- Au total, 2 609 participants ont développé un cancer de l'intestin en seulement 6 ans.
Ainsi, "nos résultats suggèrent que réduire sa consommation de viandes rouge et transformée pourraient réduire davantage le risque de cancer colorectal", précisent les auteurs de l'étude.
La faute aux composés chimiques ?
La viande rouge contient des protéines et du fer héminique, des nutriments indispensables à bon fonctionnement de notre organisme, mais aussi des composés chimiques qui se forment au cours de la transformation ou de la cuisson de la viande. Parmi ces composés, "certains sont susceptibles d'être cancérogènes, comme les N-nitrosés (nitrites) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) se forment pendant la transformation des viandes", révèle l'OMS. Par ailleurs, la cuisson de la viande rouge ou de la viande dite transformée produit également des amines aromatiques hétérocycliques, des substances soupçonnées d'être cancérogènes.
Consommer de la viande rouge... Pas plus de 500 g par semaine !
Selon les estimations les plus récentes, environ 34 000 décès par an dans le monde sont imputables à une alimentation riche en viandes transformées. La consommation de viande rouge n'a pas encore été établie comme cause de cancer. "La consommation de viande a des bénéfices reconnus pour la santé", assure l'OMS, et n'est pas à bannir pour autant. Toutefois, l'OMS et l'Institut national du Cancer conseillent aux individus de limiter leur consommation de viande transformée et de viande rouge (pas plus de 500 g par semaine), "qui est liée à des risques accrus de décès par maladie cardiaque, par diabète et d'autres maladies", de privilégier la consommation de volaille et d'alterner avec poissons, œufs et légumes secs. Par ailleurs, il vaut mieux préférer les produits estampillés "sans nitrites".
La viande rouge fait référence à tous les types de viandes issus des tissus musculaires de mammifères comme le bœuf, le veau, le porc, l'agneau, le mouton, le cheval et la chèvre d'après la définition de l'OMS. Les viandes dites transformées sont celles qui ont subi des processus de salaison, fumaison ou fermentation mis en oeuvre pour rehausser leur saveur ou améliorer leur conservation. Il s'agit de la charcuterie et d'autres produits industriels (conserves de viande, pâtés, corned-beef, saucisse pour hot-dog, sauces à base de viande...) |