La marinade, un moyen de limiter le risque de cancer colorectal ?
Selon une récente étude menée par l'Inra, la marinade avant la cuisson permettrait de limiter les risques cancérogènes de la viande rouge. Explications.
La viande rouge a beau être riche en fer, il ne faut pas en abuser. Selon l'OMS, l'idéal est de limiter sa consommation à 500 g par semaine. Au-delà, elle expose à un risque plus élevé de cancer colorectal. La raison ? Le fer contenu dans la viande et les charcuteries est une source de toxicité pour le corps humain. En effet, lorsqu'il arrive dans le côlon, il oxyde les lipides des aliments ingérés pour former des composés toxiques (aldéhydes), lesquels augmentent le risque de lésions précancéreuses. Des lésions qui apparaissent naturellement au cours du vieillissement et doivent être régulièrement surveillées à partir de 50 ans afin de prévenir l'éventuelle apparition de cancer.
Peut-on limiter les effets toxiques de la viande ?
Une première étude avait déjà permis de conclure qu'un régime riche en antioxydant, en particulier en fruits et légumes, permettait de contrecarrer l'effet des toxines dérivées du fer dans le côlon. Sauf que manger des fruits et légumes pour limiter les risques de cancer du côlon a des limites. De fait, les recommandations nutritionnelles restent difficiles à appliquer au sein de la population. Une autre étude avait donc cherché un moyen de limiter la toxicité de la viande en ajoutant un chélateur, petite molécule qui peut se fixer au fer, empêchant ainsi l'oxydation des lipides. Mais les bienfaits de la viande étaient alors perdus car l'organisme ne pouvait plus du tout assimiler le fer.
Une nouvelle étude de l'Inra ouvre des perspectives intéressantes, permettant à la fois de limiter cette oxydation, tout en conservant les bénéfices apportés par la viande. L'étude, publiée dans Cancer Prev Res (Juin 2018) montre que la marinade, abondante en antioxydants, est efficace pour empêcher l'oxydation des lipides et la formation d'aldéhyde. et donc pour contrecarrer les effets cancérigène de la viande. Les chercheurs ont observé un groupe de souris et de rats, et les ont nourris pendant 50 à 120 jours avec de la viande marinée dans une préparation riche en huile d'olive et en raisin. Les scientifiques ont utilisé deux types de groupes : des rats, qui présentaient au niveau de leur côlon des lésions précancéreuses, et des souris déjà porteuses des lésions cancéreuses de stade terminal. En analysant leur urines et leur selles, les scientifiques n'ont pas découvert d'augmentation de développement de cancer. Chez les souris, aucune aggravation de leur état n'a été observée. De plus, les animaux continuaient à assimiler le fer car celui-ci n'était pas la cible des anti-oxydants.
Faut-il mariner sa viande à la maison ?
Des résultats similaires ont été observés sur des volontaires sains, et ce quelle que soit la cuisson de la viande. Les scientifiques ont de plus travaillé en association avec le Centre Européen des Sciences du Goût de Dijon afin de s'assurer que la préparation était au goût du consommateur. Alors, mariner la viande pour limiter ses risques peut-elle être considérée comme une astuce pour limiter les risques de cancer colorectal ? Il est encore trop tôt pour le dire. A l'heure actuelle, aucune étude ne prouve que les marinades déjà sur le marché aient ces effets protecteurs. Cependant, une application industrielle est à envisager, d'autant que certaines préparations similaires sont déjà ajoutées lors de la fabrication de charcuterie.
Rappelons que la viande rouge ne donne pas le cancer, mais qu'elle est considérée comme un facteur de risque probable. De plus, pour représenter un risque, elle doit être associée à une consommation très importante de viande et à la présence préalable de lésions précancéreuses . Une mauvaise hygiène de vie est facteur d'autant plus aggravant.