Dépisté à temps, le cancer colorectal se guérit 9 fois sur 10

"Le cancer colorectal, le dépister à temps peut vous sauver la vie". La campagne de l'Institut national du cancer rappelle l'importance du dépistage précoce, dès 50 ans.

Dépisté à temps, le cancer colorectal se guérit 9 fois sur 10
© Cathy Yeulet - 123RF

Responsable de 18 000 décès par an en France, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier : c'est pourquoi l'Institut national du cancer (Inca) et le Ministère de la Santé diffusent à l'occasion de "Mars bleu", une nouvelle campagne d'information sur le cancer colorectal, qui invite les femmes et les hommes de plus de 50 ans à parler du dépistage du cancer colorectal avec leur médecin. 

Depuis avril 2015, les nouveaux tests immunologiques permettent à toutes les personnes de 50 ans et plus d'effectuer à domicile un dépistage précoce du cancer du côlon. Ces nouveaux tests, beaucoup plus sensibles et performants que les précédents, détectent selon une étude de Santé Publique France, 2,4 fois plus de cancers et 3,7 fois plus d'adénomes avancés (lésions précancéreuses) que l'ancien test au Gaïac. Mais pour l'heure, la participation au programme de dépistage est insuffisante. En effet, l'Inca observe via un communiqué de presse diffusé fin février 2018 : "malgré un test qui a fait la preuve de sa fiabilité et de ses performances dans la détection des cancers à un stade précoce et des lésions précancéreuses, la population cible du dépistage organisé (les femmes et les hommes de 50 à 74 ans ne présentant pas de symptôme) reste encore trop peu nombreuse à participer."  Et de fait, selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France, le niveau d'adhésion est seulement de 33,5 %. Rappelons que détecté tôt, ce cancer se guérit dans 9 cas sur 10. A l'inverse, diagnostiqué plus tard, son traitement est lourd, contraignant et ses résultats incertains.

Le côlon, c'est "sale" ! Contrairement à d'autres cancers fréquents, comme le cancer du sein, le cancer du côlon n'est pas très médiatisé. Il faut dire qu'il relève de la sphère intime. Aussi, est-il parfois difficile, voire impossible, de parler de ses selles à son entourage ou même à son médecin… Résultat, le cancer du côlon est tabou. "Dans les familles, rares sont les personnes qui parlent de leur dernière coloscopie et de leur ablation de polypes. Or, ces informations sont cruciales pour pouvoir prendre en charge les personnes à risque élevé", indiquait le Dr Eric Vaillant, gastroentérologue, hépatologue à Lille, à l'occasion du Colon Day, en mars 2016.

Et si le dépistage ne doit pas être ignoré, c'est parce qu'il est efficace. En effet, la coloscopie permet de détecter les lésions cancéreuses très précocement. Une fois qu'elles sont retirées, le risque de survenue d'un cancer du côlon est réduit de 90%.

© Inca

Comment faire le test ? Entre 50 et 74 ans, vous êtes invité par courrier, tous les deux ans, à parler à votre médecin traitant du dépistage. Celui-ci vérifie si son patient ne présente pas de risque particulier nécessitant un suivi adapté, puis lui remet le test de dépistage à faire chez soi. Ainsi, le test immunologique de dépistage du cancer colorectal est indiqué pour les personnes dites "à risque moyen" pour lesquelles seul l'âge constitue un facteur de risque (95% des cancers colorectaux apparaissent après 50 ans). Ce courrier vous est envoyé par la structure en charge des dépistages dans votre département. Vous pouvez aussi obtenir un kit de dépistage chez votre médecin traitant sans attendre votre lettre d'invitation, lors d'une consultation.

En pratique, il s'agit de prélever un unique petit échantillon de selles à l'aide d'une tige fournie dans le kit de dépistage. Il faut ensuite le déposer dans un tube, lui même à glisser dans un sachet de protection, et à adresser à un centre de lecture agréé. Les résultats sont envoyés à la fois au patient et au médecin traitant. Si le test est négatif (96 % des cas), le patient est invité à faire un nouveau test deux ans plus tard. S'il est positif, pas de panique ! Cela ne fait que confirmer la présence microscopique de sang dans les selles et n'implique pas forcément un diagnostic de cancer. Une coloscopie permettra de préciser le diagnostic et de mettre en place une prise en charge.

Le cancer du côlon est le 3e cancer le plus fréquent, derrière le cancer de la prostate et le cancer du sein. Il touche 45 000 personnes et est à l'origine d'environ 18 000 décès chaque année en France. Pourtant, s'il est détecté tôt, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10. Outre le facteur de risque héréditaire, certains risques environnementaux clairement identifiés augmentent le risque de développer un cancer colorectal comme le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, l'alimentation déséquilibrée, une prise de poids et un manque d'activité physique.

Plus d'infos : mode d'emploi du kit de dépistage et vidéo sur le site l'Institut national du Cancer.