40 % des cancers pourraient être évités
Selon une étude de Santé publique France, quatre cancers sur dix pourraient être évités en modifiant nos comportements, notamment vis-à-vis du tabac, de l'alcool et de l'alimentation.
Le cancer, la faute à pas de chance ? Pas vraiment. En réalité, même si l'âge ou l'hérédité jouent un rôle dans leur développement, les facteurs environnementaux et le mode de vie occupent également une place importante. Potentiellement donc, la suppression ou la réduction de certains comportements peuvent limiter les risques de développer un cancer. Mais visiblement, les Français sont très mal informés. Ainsi, selon Santé Publique France, trop de personnes pensent, à tort, que boire des sodas ou consommer des hamburgers serait aussi mauvais pour la santé que boire de l'alcool (68,8% en 2005 vs 76,0% en 2015), ou que la pollution atmosphérique causerait davantage de cancers que l'alcool (54,7% en 2005 vs 66,9% en 2015).
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a réuni toutes les études et données disponibles sur le sujet dans le but de mesurer la part évitable des cancers et in fine d'en tirer des priorités d'action en termes de prévention. Les résultats sont présentés dans le dernier numéro du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Quelles en sont les conclusions ? Selon ces travaux, quatre cancers sur dix environ étaient attribuables en 2015 en France aux facteurs de risque liés au mode de vie et à l'environnement étudiés. Ainsi, 142 000 cancers auraient pu être évités, par des actions de prévention primaire, sur les 346 000 nouveaux cas diagnostiqués chez les adultes. Les multiples causes de cancers ainsi que leur contribution respective à l'incidence des cancers en France ont été analysés, afin de hiérarchiser et orienter les actions. Quels sont ces facteurs de risques et dans quelles proportions jouent-ils un rôle dans la survenue des cancers ?
Le tabac, ennemi numéro 1
Sans surprise, ces résultats soulignent le poids de la consommation de tabac en France, cause de 20% des cancers en 2015. Si les hommes fument de moins en moins depuis les années 1950, Santé publique France pointe "l'entrée en masse des femmes dans le tabagisme" de la génération "baby-boom" (entre 1945 et 1965). En nombre de cancers, cet attrait de la cigarette chez les femmes "aura des conséquences néfastes qui vont augmenter" jusqu'aux alentours de 2045. Aussi, analyse Santé publique France, "la stratégie de réduction du tabagisme doit être maintenue et renforcée dans les futurs plans de santé publique". La baisse du nombre de fumeurs entre 2016 et 2017 (un million en moins) est un "premier signe encourageant", poursuivent les auteurs du rapport. De même que "les augmentations programmées du prix du tabac (passage à 10€ le paquet en 2020)" ou encore "l'amélioration du remboursement de substituts nicotiniques."
L'alcool, 2e cause de cancer
L'alcool constitue la deuxième cause de cancer en France, responsable de 8% des nouveaux cas en 2015. Il est suivi par l'alimentation (5,7%) chez les hommes et le surpoids et l'obésité (6,8%) chez les femmes. Santé publique France rappelle la spécificité de la France vis-à-vis de l'alcool, qui est la deuxième cause de cancers, contrairement au Royaume-Uni et à l'Australie où le surpoids et l'obésité et l'exposition aux ultra-violets solaires sont, respectivement, les deuxièmes causes. Et de rappeler "l'entière responsabilité des pouvoirs publics dans la politique de prévention". Aussi, le rapport rappelle qu'il n'est pas recommandé de consommer plus de 10 verres standards par semaine, avec des jours sans consommation, "repères qui doivent être largement connus et accompagnés de stratégies de marketing social et du soutien des professionnels de santé."
Le poids de l'alimentation sous-estimé
Selon Santé Publique France, si les actions de prévention qui visent à réduire le tabagisme sont bien engagées, d'autres semblent moins privilégiées. Ainsi, l'information vis-à-vis de l'alcool, l'alimentation, le surpoids ou encore l'exposition aux UV est moins développée. Côté "malbouffe", le CIRC pointe le risque d'une "faible consommation de fruits, de légumes, de fibres alimentaires et de produits laitiers, ainsi qu'une consommation élevée de viandes rouges et de viandes transformées". Pour lutter contre le surpoids et la sédentarité, des mesures de prévention efficace existent souligne Santé publique France : "la mise à disposition d'espaces pour encourager l'activité physique (tels que des pistes cyclables bien aménagées ou les vélos en libre-service), permettant d'augmenter le niveau d'activité physique de la population et de réduire le surpoids".
L'environnement
Santé Publique France souligne enfin la rôle joué par les facteurs environnementaux, tels que les infections (4%) et les expositions professionnelles (3,6%) dans l'incidence des cancers en France. "Le papillomavirus humain serait responsable de 6 300 cancers en 2015" alors que la couverture vaccinale est actuellement faible (inférieure à 15%). La prévention vis-à-vis des facteurs environnementaux (trichloréthylène et gaz d'échappement diesel par exemple) ne doit pas non plus être négligée : les réglementations et recommandations qui fixent ou modifient des valeurs limites dans l'environnement et dans le milieu professionnel sont très efficaces pour diminuer les expositions.