Le virus Zika présent à l'intérieur des spermatozoïdes
Après avoir analysé le sperme d'un homme dont les symptômes étaient évocateurs d'une infection à Zika, des chercheurs ont confirmé que le virus était présent dans tous les échantillons de sperme jusqu'au 37e jour.
La transmission du virus Zika par voie sexuelle avait déjà été avancée en février dernier et l'OMS recommande par conséquent l'utilisation de préservatifs durant les 6 mois qui suivent le retour d'un pays touché. Dans une lettre publiée dans la revue The Lancet Infectious Diseases, des chercheurs de l'Inserm, du CNRS, et de Toulouse ont confirmé la persistance du virus dans le sperme durant plus de 4 mois, mais aussi à l'intérieur même des spermatozoïdes.
Le virus reste 130 jours dans le sperme. Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont analysé le sperme d'un homme de 32 ans, de retour de Guyane, qui présentait les symptômes évocateurs d'une infection par le virus Zika, à savoir une fièvre modérée, une éruption cutanée, ainsi que des douleurs musculaires et articulaires. Deux jours après le début de ces signes, les chercheurs ont pu détecter le virus dans le plasma et l'urine du patient. Après avoir analysé 11 échantillons de sperme, 10 de sang et 5 d'urine, le virus a été retrouvé dans tous les échantillons, et ce jusqu'au 37e jour. "Nous avons détecté la présence du virus Zika à l'intérieur d'environ 3,5 % des spermatozoïdes de ce patient" a déclaré Guillaume Martin-Blondel, chercheur à l'Inserm au Centre de physiopathologie Toulouse Purpan et médecin dans le service des Maladies Infectieuses et Tropicales du CHU de Toulouse. Au-delà de cette durée, "le virus est détecté uniquement dans le sperme où il persiste jusqu'à plus de 130 jours, alors que le patient se porte bien. Ce résultat a été confirmé chez deux autres patients pour lesquels le virus a persisté de 69 à 115 jours dans le sperme", précise l'étude dans un communiqué, ajoutant que cette différence d'une personne à une autre restait à ce jour inconnue.
Les auteurs de l'étude rappellent par ailleurs que dans le cadre d'une fécondation in vitro par exemple, il est possible de "laver" les spermatozoïdes infectés par d'autres maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH (car le virus "reste collé" à la surface du spermatozoïde). Pour autant, lorsqu'il s'agit d'un patient positif pour le virus Zika, cette option devient impossible puisque le virus entre à l'intérieur. "Il reste cependant à déterminer le caractère "actif" du virus Zika présent dans les spermatozoïdes, ainsi que la capacité de ces spermatozoïdes à transmettre l'infection (le virus étant présent aussi en dehors des spermatozoïdes dans le liquide séminal)", précisent les chercheurs. Enfin, ces derniers se posent aussi la question d'un contrôle des dons de spermatozoïdes dans les centres de fertilité.