L'hypnose, une alternative à l'anesthésie générale en cas de cancer du sein
Plus de 70 interventions de chirurgie du cancer du sein ont déjà été pratiquées sous hypnose à l’Institut Curie. Médecins et patients la plébiscitent pour son confort psychologique et médical. Explications et témoignage.
Peur de l'anesthésie générale, un mauvais souvenir d'une anesthésie fatiguante... Telles sont les principales raisons qui ont décidé Nadia, 46 ans, à accepter de se faire opérer d'un sein... sous hypnose ! Une méthode pas banale, même si elle se développe de plus en plus.
"Quand on m’a proposé l’hypnose pour une intervention réparatrice du sein, j’ai accepté. J’ai rencontré l’hypnothérapeute, avec qui j’ai eu un bon contact. Au bloc, après quelques questions, elle m’a proposé de me projeter en Martinique, une île que j’aime par-dessous tout, pour m’évader. Elle m’a dit de me détacher de mon corps, elle me parlait de la mer, des paysages, de la plage de Sainte-Anne. J’avais les yeux ouverts sous le drap, j’entendais le médecin et les infirmières. Je sentais que l’on travaillait sur ma peau mais pas de douleur.
Au final, Nadia semble convaincue et même étonnée que l'hypnose "marche si bien". Et comme elle, de plus en plus de patientes optent pour cette alternative à la chirurgie classique. A l'Institut Curie à Paris, plus de 70 interventions du cancer du sein (tumorectomies du sein, prélèvements de ganglions sentinelles, mastectomies…) ont ainsi été réalisées sous hypnose. Une méthode qui combine l’induction d’un état d’hypnose chez le patient, à l’administration d’un antalgique et l’injection d’un anesthésique local sur la zone à opérer.
Mais si l’hypnose remporte une adhésion de plus en plus forte chez les médecins et les patientes, c’est parce qu’elle permet de diminuer l’inconfort psychologique, tout en assurant une meilleure récupération post-opératoire. Aussi, comparativement à l’anesthésie générale, l'hypnosédation a un retentissement minime sur les fonctions vitales et permet en particulier d’éviter les désagréments du réveil tels que les nausées ou les vomissements.
Pour en bénéficier, la coopération du patient est évidemment indispensable. "Elle n’est donc pas indiquée pour les personnes réfractaires à cette idée", commente le docteur Aurore Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute à l’Institut Curie. Avant l’intervention, la patiente rencontre donc une hypnothérapeute afin de lui faire connaître ses préférences, ses goûts, ou encore les lieux ou situations qui l’apaisent. Des informations bien utiles au moment de l’intervention pour aider l'anesthésiste à hypnotiser la patiente, ainsi que le décrit le docteur Marcou : "Pour induire l’hypnose, j’aide la patiente à se centrer sur elle-même et à se détacher de tout ce qui se passe autour d’elle. Je l’invite, sur un mode actif, à entrer dans un état de conscience naturel, entre le rêve et l’éveil".
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